19/06/2020
L'exutoire commode : râler
Dans une récente interview on a pu voir Maitre Henri Leclerc hésiter sur une question et finir par lâcher : « les français sont un peuple de râleurs ». Que cette tare nationale laisse presque coi un avocat de la trempe de Maitre Leclerc, réputé pour la précision de ses interventions, interpelle. Il faut dire que cette spécificité française a connu des sommets avec la pandémie.
Et que certains sujets qui méritaient un traitement raisonné en ont manqué. Celui des écoliers par exemple. Pour un virus dont on ne savait rien il y a 6 mois, l’éducation nationale a joué la prudence. Certes en angoissant tout le monde avec l’importance du virus et avec des procédures compliquées et peu applicables. Ce n’est qu’à la fin du confinement qu’on a pu établir que les enfants (jusqu’à 12 ans) n’étaient ni contaminés, ni contaminants. Ce qui ne condamne nullement la prudence auparavant.
Dans ce maelstrom d’infos bombardées, les cohortes de ceux qui savent après ce qu’il fallait faire avant se sont répandues sur les ondes et les journaux. Beaucoup de ces bavards sans grande culture s’en sont décerné une dans le domaine médical. La bande d’excités signant une pétition, exigeant de soigner par la chloroquine, aux effets positifs toujours inconnus à ce jour, est un des pics de la stupidité ambiante. Parmi eux devaient se trouver des pourfendeurs virulents du Médiator, dédié au diabète et dévoyé en coupe-faim, quand ils ont connu ses méfaits.
J’ai aimé le cri de cet automobiliste râleur fustigeant le vélo, le cycliste qui n’achète pas de voiture, pas d’essence, ne paye pas d’entretien, pas de péage. Ce vilain citoyen pouvait répondre qu’à user ses fonds de culotte sur la selle, il devait en acheter d’autres et même des barres chocolatées contre les calories perdues. Il a fait mieux en désignant à la vindicte le piéton qui n’achète même pas de vélo.
Je comprends assez les producteurs de festivals râlant après l’ouverture du Puy du Fou prévue avec les contorsions nécessaires des acteurs et des spectateurs. Le vicomte De Villiers aurait-il laissé derrière lui une telle trainée politique pour qu’on doive, électoralement parlant, tant le ménager !
Pour finir, j’ai un spécial râleur. C’est un retraité qui vitupère en craignant qu’on augmente ses impôts à cause du Covid et qu’il a déjà beaucoup donné, la CSG et tout le reste. Il devrait plutôt se réjouir d’avoir des revenus suffisants pour payer des impôts. En outre, l’augmentation n’est pas actée et surtout pas vers les seuls retraités. Il pourrait aussi se souvenir qu’il a vécu « les 30 glorieuses », l’emploi sans souci, les salaires qui augmentent… Pour un peu, je me mettrais à râler à propos des retraités qui manquent de civisme !
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06/05/2020
En mai, ne fais surtout pas ce qu'il te plait
Toute la semaine passée a été occupée à détricoter ( plus de mailles à l’envers que de mailles à l’endroit) le plan de déconfinement à partir du 11 mai. Sans cautionner les extrémistes qui disent que la France est faite de 67 millions de râleurs, il faut admettre que ce plan, ses divers chapitres et alinéas, suscite quelques remarques.
Et d’abord des désagréables. C’était terriblement espéré, mais on n’ouvrira pas les bistrots. Certes, on pouvait se procurer, à Auchan ou Carrefour, en tant que « produit de 1ère nécessité », de l’alcool, et donc pouvoir siroter son Pastis sur le canapé du salon. Mais c’est beaucoup moins « festif » que payer une tournée aux copains accoudés au zinc du café du coin.
Autre espoir déçu : cinémas er théâtres restent fermés. On peut toujours se passer des films chez soi, mais que deviennent les acteurs ? Ils sont même privés du tournage des séries. Je pense avec tristesse à tous ceux qui seront frustrés de manquer les dernières galipettes de Koh-Lanta. Du moins on économisera des vies de sportifs, ou non, fauchées dans des accidents d’hélicoptères !
Par contre on va ouvrir les écoles. Je connais des instits heureux de retrouver leurs élèves. Ils s’interrogent toutefois sur quelle organisation compter pour cette reprise. Il y a aussi les parents qui ajoutent aux craintes, du gamin qui peut au collège, être « tête de turc », être rançonné, initié à la drogue, celles qu’il choppe le virus et préfèrent garder le chéri à l’abri auprès d’eux.
Pas de rencontres sportives : pas de foot. Ayons une pensée pour les clubs privés de recettes, de droits télé, obligés de verser des salaires mirobolants, autant à Angers qu’au P.S.G. ( on me souffle la moyenne d’un joueur de Ligue 1 à 96000 euros / mois)
En revanche, c’était agréable de voir qu’on avait renoncé à discriminer les plus vieux. Peut-être du à la pression des élites âgées (98 ans pour Edgar Morin) et des élus du Sénat. J’ai même entendu qu’on faisait confiance à leur responsabilité. Et ils sont souvent utiles pour les associations qui ne pourraient guère se passer d’eux. Les anciens justement, ce sont ceux qui aiment lire et on va, enfin, ouvrir les librairies et les biblis, à leur grande satisfaction.
Après le 11 mai, on jette à la corbeille nos bons de sorties. On va pouvoir , sans papier, se dégourdir les jambes jusqu’à 100 kms, y compris avec son vélo (qui va d’ailleurs reprendre du poil de la bête dans la société). Ne vous étonnez pas si je ne suis pas disponible : je vais être surbooké. Je vais tâcher de dénicher tous les coins sympas qui pourraient nous accueillir dans l’Isère (vert ou rouge),
09:43 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
15/04/2020
Pâques aux tisons
Décidemment avec notre ennemi familier, le fameux Covid, rien ne se passe normalement. D’habitude, le week-end de Pâques représente un grand moment de l’année. Il marque le début des vacances et de bien d’autres choses. Assez peu de personnes savent que pour les chrétiens, Pâques c’est la résurrection du Christ. Mais tout le monde sait que c’est surtout la résurrection du printemps et la sortie des miasmes de l’hiver.
Les chrétiens encore marquent Pâques par des cloches, absentes pendant 40 jours, qui sonnent à toute volée, du moins dans nos campagnes où ces sonneries ne sont pas plus gênantes que le chant du coq ou le ronronnement des tracteurs. Dans mon enfance, on disait qu’elles revenaient de Rome. On oubliait l’invraisemblance parce que ce retour se traduisait par une diffusion d’œufs en chocolat à dénicher dans le jardin.
Pâques c’est aussi la fête des chocolatiers qui réalisent habituellement toutes sortes de figures : des lapins, des poules, des œufs surtout. Pourquoi des œufs à Pâques, je ne sais pas. En tous cas cette année, ils sont pourvus de stocks chocolatés en pagaille. Est-ce qu’ils les donneront, à l’instar de quelques restaurants, aux équipes soignantes ?
Malgré les cloches, sans même l’appui du virus, les églises ne sont pas pleines. Pourtant, l’extraordinaire monsieur Trump les avaient vues remplies pour Pâques. Ce ne sera pas la 1ère fois que ce drôle de prophète mangera son chapeau !
Au Vatican, ce n’est pas plein non plus, virus oblige ! Cette Place Saint-Pierre, capable de contenir des dizaines de milliers de personnes, est occupée par le seul pape, flanqué de l’inévitable monsignore. Dans la même veine, l’archevêque de Paris célèbre le vendredi saint, seul, dans un coin sécurisé de Notre Dame, mais assorti de 3 artistes affublés comme des cosmonautes, qui tiennent lieu d’assistance.
Une autre tradition d’avant : quand on allait à la messe de Pâques, on y allait pour exhiber un costume neuf. C’était bien avant les boutiques tentatrices des galeries marchandes pleines de nouveautés, puisqu’il n’y avait pas de galeries marchandes. Donc ce costume, prévu pour un long usage, c’était vraiment quelque chose !
Dans ce week-end qui oublie d’être pascal, il n’y a pas besoin de costume et les gens que je croise sont loin d’être endimanchés. Ils sont sortis du salon et ils sont venus comme ils étaient. Pour un peu ils seraient en pantoufles ! Nous vivons notre vrai week-end pascal de confinés.
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