18/11/2020
Un tour de confiné
Un article du Monde estimait récemment que nos gouvernants, bousculés par la pandémie, étaient comme dans une machine à laver. Je trouve que nous autres, citoyens, sommes aussi blackboulés dans un maelstöm d’injonctions contradictoires. Aussi, sous ce soleil quasi printanier, j’avais vraiment envie de profiter de mon kilomètre chichement octroyé. Sur la piste cyclable évidemment !
Déjà bien remplie de cyclistes en tous genres et tous modèles de bécanes. Les familles dominaient avec des gamins ravis d’échanger le masque de l’école pour le casque du vélo. En contre-point, des adultes que le Covid avait remis sur une bécane oubliée depuis des lustres, s’appliquaient à pédaler. On dit que cet art ne s’oublie pas, mais il nécessite toutefois quelque entrainement. Possible qu’à l’issue du confinement, ils auront retrouvé la pédalée d’antan ! Juste au moment d’oublier de nouveau la bécane au garage.
Aussi sur des roues, 2 messieurs en fauteuil électrique vont devisant à un rythme tout à fait modéré. Tout à leurs débats, ils ne voient pas qu’ils bloquent la circulation derrière eux. Et on assiste à ce spectacle incroyable, seulement en période de confinement : un bouchon sur la piste cyclable.
Je rencontre aussi les passagers clandestins habituels : les hommes à chiens. Aujourd’hui, ô merveille ! les chiens ont la laisse. Sauf qu’elle est tendue entre chien et homme, chacun de son côté de la piste, comme une corde à sauter. Des années de cirque, chaque fois plus audacieuses, ne m’ont jamais montré un artiste sauter à la corde avec un vélo. Alors, à mon âge….
Bien sûr, je dois bien accepter que des piétons, sans doute honteux « de faire le trottoir », préfèrent marcher sur la piste. L’ayant choisie, ils l’occupent en groupe large et compact. Leur réclamer un passage à vélo les laisse de marbre. Emules de Trump ils adoptent le slogan : « j’ai gagné cette place, pourquoi je m’en irais ! »
A part l’exercice d’adresse sportive offert par cette voiture, en embuscade au ras de la piste, ouvrant sa portière pile quand j’arrive à sa hauteur, cette heure pleine de bonnes et de mauvaises manières, s’est montrée riche de découvertes. Pas vraiment de paysages, vite explorés dans un kilomètre restreint, mais d’un condensé de vie sociale où, par bonheur, les sots ne sont pas majoritaires.
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07/10/2020
Hiver précoce
On nous avait prévenus : le dérèglement climatique allait créer des bouleversements dans nos vies. Mais la semaine dernière, la météo a frappé un grand coup. On a sauté l’automne et on est passé des derniers feux de la canicule à l’hiver. Avec tous les accessoires hivernaux : radiateurs en action, rideaux ou volets tirés et grosse veste irlandaise sur le dos.
Il a fallu passer 45 ans à Grenoble avant qu’on ne découvre cette boutique irlandaise offrant toutes les productions typiques de la « Verte Erin » (on disait comme ça il y a 50 ans, de mon temps donc) : des gros pulls tricotés, des livres de contes, des bibelots du folklore, un fantastique choix de whiskys. Le jour de la découverte, dans un grand moment de sagesse, nous avions pris des vêtements et laissé le whisky.
C’est donc drapé dans cette veste, qui sent encore le mouton d’Irlande, que j’ai nargué l’hiver en relisant mes auteurs favoris. Lors de notre 1er raid à vélo le long du Danube, mon fils avait ironisé parce que j’avais lu 2 fois « Entre les murs » de Begaudeau. Je dois dire que les comportements d’une 4ième parisienne, en 97, rendait mes frasques de jeune pensionnaire à l’état d’aimables gamineries. Je retrouve donc sans remord mes Fournel, Fottorino, Tesson, plus baroudeurs que sentimentaux. Mais ils compensent le manque d’activité.
Par bonheur, la pandémie n’a pas tari le gout des éditeurs ni la verve des auteurs et on va pouvoir puiser pour ces longues soirées au coin du feu dans un grand catalogue de nouveautés. Avec cette chance que notre médiathèque, encore accessible sous conditions, accepte sans barguigner toutes les suggestions d’achat qu’on lui fait.
Quand on a fini de lire, il reste à explorer les vidéos manquées. Celles par exemple du récent et bizarre Tour de France. Débarrassé de la caravane et du bruit, on n’a plus que les coureurs et les paysages. Une mention spéciale à ce sujet au commentateur des « à-côtés » de la course. Chemin faisant, il nous a révélé de nombreux points d’histoire. Et, soyons chauvins, il nous a détaillé l’église du Macornay de mon épouse et les vignes de notre Chateau-Chalon chéri.
C’est aussi le bon moment pour entendre de beaux textes en musique. A l’occasion, picorer une chanson de Ferrat ou de Brassens. Justement en connaissant les textes par cœur, on guette et on s’émerveille du mot ou de la tournure de style inattendus.
Tous ces bonheurs nous feraient prendre l’hiver comme un Nirvana, blottis au chaud dans nos fauteuils. Il se trouve que c’est aussi le temps de l’avalanche des mains tendues de toutes les O.N.G. travaillant à fournir des vêtements, voire un toit, aux malheureux transis sous les ponts de nos autoroutes. Une quête bienvenue pour nous empêcher de nous endormir !
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30/09/2020
Le ministre : j'ai du donner un coup de bars
De ce que je croyais savoir, à travers des experts pas toujours unanimes, ce virus qui mobilise tellement depuis plusieurs mois fait des ravages aux poumons. De ce que j’ai entendu depuis une semaine, je crois qu’il s’attaque aussi à la tête, y compris des asymptomatiques. Cela sautait aux yeux en découvrant la bronca marseillaise pour la fermeture des bars. Embarquant aussi les élus, pour une fois d’accord, embouchant les trompettes de la discrimination. Des élus qui avaient tout loisir de tirer les oreilles des quelques bars inconscients avant qu’on ne pénalise tout le monde.
Le virus et le mal qu’il peut faire est complètement laissé de côté : c’est Marseille tout entier qui est « puni ». Une antienne souvent entendue ! Cela a commencé depuis que saint-Raoult, à la place de N.D. de la Garde défaillante, a défendu sa solution, seul contre tous. Dans ce sujet éminemment sérieux, on ressentait dans cette ville énervée des relents de revanche des défaites de l’O.M contre le P.S.G.
Il n’y a pas que Marseille où souffle la révolte. Des groupements assez hétéroclites, mélangeant des gilets jaunes, B.H.L. et bien sûr le médecin-alibi, s’insurgent contre le masque au nom de cette liberté très revendiquée aujourd’hui : je fais ce que je veux ! Sûr qu’un masque n’est pas facile à porter, mais dans la mesure où face à ce virus encore largement inconnu, on n’a que cette protection, pourquoi chipoter ? Avec ces hérauts du refus de la gêne, sûr qu’on aura vraiment du mal à essayer de sauver la planète !
On a beau m’expliquer qu’à chaque avancée sanitaire, contre la tuberculose, la rougeole, les vaccins, cela a généré des opposants, parfois de haut vol, je reste étonné. Il y a parmi ces contestataires quelques têtes réputées intelligentes qui en sont à nourrir la théorie du complot. Des labos auraient fabriqué un vaccin pour se faire des sous, ou pour exterminer les humains, c’est selon. A un tel stade, il faut absolument cesser de brocarder les américains assez stupides pour avoir élu Donald Trump.
J’allais, mardi et vendredi, à la salle de sport voisine tacher de dérouiller ma carcasse dont les jointures auraient besoin d’un peu d’huile. Covid oblige : salle fermée. Je n’ai même pas envie d’enfourcher le flot de remarques pas forcément stupides : prendre le train et pas le bistrot après 22H, droit au supermarché et pas au marché. Pour les autres autant que pour moi, je me plierai aux consignes édictées. Je vais aussi prendre le vaccin de la grippe. D’une manière ou de l’autre, éviter de devoir occuper un lit dont l’hôpital aura probablement besoin.
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