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05/07/2025

Bon anniversaire

Et oui, ça y est : j’ai 90 ans. En me souhaitant mon anniversaire, j’ai fait une constatation : entre le type que j’étais la veille du cap fatal et le lendemain je n’ai perçu aucune différence palpable. C’est le compteur administratif qui me dit que je suis entré dans la très probable dernière et pas affreuse décade de ma vie.

Pas affreuse en effet puisque les diverses zones de mon cerveau minutieusement étudiées en  58 à la Sorbonne-science sont encore en état de marche. Juste pour l’alimentation de l’influx nerveux  la centrale débite un courant d’une intensité très faible. C’est pour cela, par exemple, qu’en entament une démonstration, c’est pile le mot-clé qui a fichu le camp. Cela permet du moins à mes interlocuteurs de rester sur leur quant-à-soi.

Après le poste de pilotage, mon cœur, mes 208 os, bardés de tendons et de muscles  et pour certains de résine arrivent au fameux « qui va piano, va grosso modo sano ». Foin des raids lointains où on s’essouffle, on transpire, on se tord les pieds. Mes jambes peuvent encore me porter jusqu’au village où la boulangère a installé 3 tables où on peut déguster  son café avec un croissant. De quoi donner  l’envie d’aller souvent acheter son pain.

Dans la plénitude de leurs capacités certains se sont vus indestructibles. J’ai fait partie de ces innocents. Mais au fur et à mesure que le compteur de l’âge monte, le compteur de l’énergie descend. Cahin-caha, je vais maintenant mon chemin. Je ne dirai pas que j’ai eu une  belle vie ce qui serait prétentieux. Je dirai que j’ai eu une vie très pleine, de randonnées, de rencontres, d’expériences.

Je peux en remercier mes parents qui m’ont construit sans bugs majeurs. Aussi les très proches, et tous les proches qui m’ont accompagné sur le chemin caillouteux de la vie. Et tout particulièrement mon épouse avec qui nous le parcourons ensemble depuis tant d’années.

09:17 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)

28/06/2025

Un cadeau précieux

Il faut que je vous parle d’un évènement important survenu récemment. Ma très attentionnée  épouse a mis à ma disposition une liseuse. Ne croyez pas (ne craignez pas) qu’il s’agisse d’une personne chargée, face à mes divers handicaps, de me faire la lecture. Plus prosaïquement il s’agit d’un de ces appareils modernes qui permet de lire, quand on a maitrisé le mode d’emploi, tous les livres possibles.

J’avais une certaine prévention, je dois l’avouer, vis-à-vis de ces engins qui nous engagent corps et biens  dans l’engrenage de la modernité sans espoir de contrôle. Et puis j’aime bien les livres-papier qu’on peut sentir, écorner, sur-charger à loisir et qu’on peut choisir, nez au vent, sur les rayons d’une librairie ou d’une bibliothèque.

Je ne vais quand même pas bouder ce cadeau amoureusement choisi par ma chérie.  Elle a senti que son espèce d’intello de mari privé de livres allait sombrer dans la mélancolie. S’étant déjà chargée de compléter ses faiblesses, ses courses, ses médecins, sa conduite, si elle devait y ajouter le soin d’une dépression, cela dépasserait les limites pourtant grandes de son accompagnement.  D’où l’idée bienvenue de ce cadeau.

Bienvenu en tous cas pour moi. En effet, comme ces smartphones dont la fonction téléphone est la moins utilisée, la liseuse offre une quantité d’options que le présumé intello s’empresse d’inaugurer. Et là les experts habituels de l’octet fugace, qui ont déjà aménagé l’ordi et ses digressions, s’en donnent à cœur joie. Sans que j’y touche, mon gendre m’a mis sur l’appareil les 300 pages de « Jésus contre Jésus » de Mordillat et Prieur  J’ai de quoi m’occuper !

Autre mérite de la merveille : elle me change de mon addiction à l’autre engin électronique qui me déverse chaque matin les dernières élucubrations du président américain. Il ressemble de plus en  plus à la grosse brute bas de plafond des cours de récréation, ravi devant sa cour d’admirateurs imbéciles, d’avoir castagné un gamin. Avec la liseuse-prodige, garderai-je ma tablette ?

 

09:32 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

22/06/2025

Les vraies n'arrivent qu'une fois par an.

Les médias ne nous ont pas encore assaillis du rouge dans le sens des départs que bruissent déjà les prémices de l’évènement principal de l’été : les vacances. On comprend que celles et ceux qui ont rempli 35 heures de dur labeur de longues semaines pendant des mois qui n’étaient pas tous des mois de mai se préoccupent de leur prochaine libération. Non sans quelques questions. Où irai-je ? Comment irai-je ?

A chacun sa catégorie. Ceux-ci veulent aller n’importe où, plutôt au soleil, où on peut étendre sa chaise longue en attendant l’apéro. On peut les appeler les « bulleurs ». Il y a les sportifs qui vont emmener les chaussures de marche ou le cuissard cycliste dans des paysages mouvementés. Enfin les « fana-culture » piaffent depuis 11 mois dans l’émotion attendue de ce festival ou de ces monuments inédits.

Mais tous prévoient déjà la campagne obligée des allées magasinières. D’abord il est clair que « franchement, je n’ai plus rien à me mettre ». Cette quête peut nous faire découvrir, sait-on jamais, l’invention de l’année. Pour les sportifs, la tente qui se déploie toute seule ou le frein à disque électrique.

Enfin, largement équipés, demeure la toute nouvelle angoisse : des sites submergés par le « sur-tourisme » vont limiter les entrées. Un comble ! Au moment où on s’apprête à jouir d’une pleine liberté, on va devoir être bridé par des tickets, des réservations, au pire des reports à plus tard. Un  dernier avatar : ceux que taquine l’emprunte carbone vont connaitre les affres de l’âne de Buridan. Comment aller visiter Pétra sans voiture, ni avion ?

Ceux que l’âge a mis en liberté totale du temps, les retraités, devraient être dégagés de ces soucis. Les veinards qui viennent de tout juste franchir la barrière pensent poursuivre des années, (des décades ?) les  activités habituelles. Viendra quand même un jour où l’arthrose, les rhumatismes, ou pire encore, auront pris le dessus. L’horizon va beaucoup se restreindre.

Le groupe se réduit aussi de manière qu’on dit naturelle. La conversation va tourner autour des fondamentaux des gens d’âge. « On l’opère quand, Madeleine, pour sa prothèse de hanche » ? « Il n’a pas de séquelles, Joseph, après son A.V.C. » ? On entre dans cette période où de temps à autre un copain oublie toutes ses séquelles en se faisant une ultime malle.

A l’enterrement on a cet air un peu compassé de rigueur avec le cercueil à quelques mètres. A la sortie, un peu moins sérieux, on évoque les exploits et les manies de ce pauvre vieux. En gardant pour soi un petit sourire intérieur à l’idée qu’on vient de passer son tour pour cette fois. Et sur le seuil du funérarium, c’est d’un ton très guilleret qu’on lance « bonnes vacances » à ceux qui peuvent encore délaisser  fauteuil et télé.

 

08:36 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (1)