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08/04/2020

Et après ?

Comme tous les français raisonnables, on s’était préparés à un confinement long et difficile et prévu les moyens d’adoucir au mieux cette corvée. Pleins de la satisfaction de la conduite maîtrisée de nos préparatifs émollients, on entendait mal des voix  prévoyant l’après-crise. Il a fallu qu’on tende l’oreille !

Mon épouse avait sorti pour l’occasion un ancien carnet de recettes glanées au long de nos divers périples. On a commencé par la période nivernaise. Et de réaliser consciencieusement le gâteau de madame Blandin, de madame Imbrosciano, etc.. Depuis, chaque petit déjeuner, chaque goûter égrène les diverses réalisations. Et il nous reste à tester la gastronomie jurassienne, la parisienne et quelques lieux de vacances. Pour autant qu’on trouve de la farine.

Dans la foulée, on s’est souvenu qu’on n’avait pas épuisé tout le Savagnin engrangé pour les noces de diamant. Nos 61 ans de mariage tombant dans cette triste période, il convenait de le fêter dignement. Et un Savagnin entamé, sous peine de s’éventer, obligeait à trouver beaucoup d’autres évènements à fêter.

Respectueux des règles du confinement, on a beaucoup économisé d’essence et de CO2 avec une voiture restant au garage. En revanche on a beaucoup  usé la semelle de nos chaussures par des marches à pied intensives dans le kilomètre autorisé.

On respecte scrupuleusement ce qui nous est offert. Pour les malheureux confinés en proie au stress, la télé prévoit pour nous chaque jour un film pour nous distraire. Si on avait vu ce DE Funès, ou ce Coluche que 2 fois, c’est l’occasion de refaire notre retard. Si ce confinement dure, ce sera aussi l’occasion de devenir « gogols » !

Nous sommes un peu responsables de ces débordements de consommation. Mais pas autant que le gouvernement qui nous a cloitrés parce que c’était la guerre. Comme il semble disposé à dépenser beaucoup pour estomper nos soucis, on pourrait peut-être demander une petite indemnisation pour nous avoir incités à l’obésité. Raisonnables jusqu’au bout, je crois plutôt qu’il faudra revenir, après la crise, à notre vie frugale. Malheureusement, les mauvaises habitudes sont les plus difficiles à perdre ! 

17:36 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)

19/03/2020

"Car que faire en un gîte à moins que l'on ne songe"

Papy en avait un peu marre d’être pris pour une boule de flipper qu’on propulse une fois vers l’hôpital, une autre vers le 15, et encore on ne sait où. Maintenant c’est clair : tout le monde à la maison où on a le temps de songer à loisir.

Pour le moment, la pensée de papy n’est pas vraiment triste de ce qui arrive. Pas mécontent du tout de se mettre en retrait de ce monde où il n’avait jamais vu autant de stupidité. Ce sont ces jeunes qui s’embrassent en se disant inattaquables par le virus. Cet autre entame un pugilat vis-à-vis de celui qui a embarqué le dernier paquet de papier-toilettes. Le pire des stupides, sous nos yeux affolés, franchit 3 feux rouges successifs à toute allure.

Un petit regret quand même : papy avait astiqué le vélo pour les sorties printanières. Il l’aurait mis au cul du C-car apprêté lui aussi pour un proche départ. Heureusement qu’il n’a pas fui le confinement dans une campagne isolée. Que fait-on, passés les 1ers jours de béatitude quand les vivres viennent à manquer ? Reprendre la recette de la pension de jeunesse avec les dernières biscottes : parsemer du sel (non limité) sur la tranche de pain (non limitée). 

Le confinement est un moment privilégié pour se livrer aux nécessaires travaux de la maison ou du jardin. Sans risquer la saturation puisqu’avant 2 semaines on manquera de matériaux impossibles à se procurer. Pour l’éviter, papy peut avoir recours aux pauses-téléphones, où on peut sortir Skype pour profiter de la frimousse des arrière-petits-enfants (ou de leurs parents).

A l’ombre d’un parasol, au jardin, papy pense que la guerre déclarée par le Président est pour l’instant supportable. Mais il songe à des confinés beaucoup plus sérieux : les réfugiés dans leurs camps, sous des tentes surchauffées le jour, trop froides la nuit, en proie à une vraie guerre. En y réfléchissant, une bonne raison d’être un artisan plus décidé à œuvrer pour la paix.

15:23 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (1)

13/03/2020

De profondis

Revenant de l’enterrement de ma voisine, qui ne m’avait pas trop tourneboulé, j’étais plongé dans un abîme de réflexions. C’est quoi cette vie qui finit comme ça ! Devant la multitude de bouquins qui ont traité le sujet, je m’abstiendrai. Par compte, pourquoi ne pas en profiter pour un petit feed-back sur la mienne, de vie ?

Cela commence évidemment par la naissance quelque part au siècle dernier, jeté dans le monde  sans avoir rien demandé. Venant après 6 ans de mariage de mes parents, j’ai tout lieu de penser qu’ils s’étaient toutefois heureusement préparés à cette  venue.

L’adolescence se passe dans cette pension religieuse dont j’ai déjà dénoncé ici les faiblesses. En revanche, en plus de savoir lire et écrire correctement, j’ai pu y oublier les tourments de cet âge par les fidèles amis rencontrés et le sport dont nous abusions un peu.

Ce qui ne servait pas pour la suite, professionnelle, en position de quasi rond de cuir pendant 40 ans. Et oui, « il faut gagner sa vie » comme on dit : on a une famille qu’il faut nourrir, loger. On se surprend à avoir des pensées vers les hommes des cavernes qui n’auront jamais connu les horaires et les factures.

La retraite désirée devrait être le temps du repos, de la liberté de ne rien entreprendre. Mais tout ce qu’on avait remis en prévision de ce temps « libre » nous assaille maintenant. Et les docteurs qu’on avait largement ignorés se rappellent alors à notre souvenir, o combien !

Dit comme ça, ce morne parcours devrait nous faire verser dans la neurasthénie. Il y a heureusement une autre lecture. Le boulot d’abord, pas du tout courtelinesque, m’a fait fréquenter des entreprises étrangères qui me permettent aujourd’hui de bredouiller italien au Refuge Elisabetta ou d’étonner de notre voyage cycliste les 2 américains qui partageaient ma chambre à l’A.J. de New-York .

La famille surtout, même si je ne l’ai pas bien nourrie ou logée, m’a rempli d’intenses bonheurs. Mon épouse qui, selon la tradition, m’a choisi, avec les enfants qu’elle nous a donnés, ont multiplié les instants bénis. Cette vie « gagnée », à pied, en voiture, en bateau, à vélo, nous faisait passer de la rustique vie de camping au confort moelleux d’hôtels en divers continents.  Ici ou là, les occasions de retrouvailles, dans la musique, l’humour, la dégustation comtoise ou non,  gonflaient ainsi les joies partagées.

Mettre alors un point final à ces plutôt heureuses péripéties n’est pas révoltant. Surtout si ce n’est pas demain. Mais s’il vient me surprendre, on voit qu’au moins, il n’y aura pas une simple bouillie de mots dans le petit topo traditionnel au funerarium.

10:11 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (1)