14/10/2020
Cycles et recycles
Pour de multiples raisons, de budget chez un certain nombre de nos concitoyens, on a vu fleurir des recycleries. Confinés chez soi par le Covid, beaucoup ont retrouvé d’anciens plats en terre dans lesquels ils ont pu cuisiner des recettes de grand-mères. Pandémie ou non, ce besoin de recyclage semble avoir gagné aussi les gens.
Les plus avisés, plutôt que d’attendre une incertaine réincarnation bouddhique, préfèrent choisir leur 2ème vie de leur vivant. Un bel exemple nous est fourni par L.Thuram. Après une brillante carrière de footballeur, il s’épanouit en référent, par ses livres (dont le dernier « La pensée blanche ») des racismes. Plus en historien ou philosophe qu’en militant, il aide à dénicher comment ils naissent pour mieux les combattre.
L’activité qui tend les bras aux candidats au recyclage, c’est l’écriture. On ne retiendra pas ici les centaines de livres écrits par des célébrités du sport, du journalisme, de la politique, qui utilisent leur notoriété pour être publiés (parfois à très peu d’exemplaires). On peut citer par contre des acteurs ou actrices dont la gloire n’est pas fanée et qui se lancent dans cette nouvelle activité. C’est le cas entre autres d’Isabelle Carré, qui n’en est plus à son 1er roman.
Une conversion remarquable : celle de Titouan Lamazou, dont les débuts en tant que skipper auguraient d’une brillante carrière sur les mers et qui a bifurqué vers l’écriture. Il y ajoute son talent de dessinateur qui rend ses albums particulièrement attractifs et recherchés.
Le groupe des psychiatres a presque abandonné le fauteuil de consultation pour s’adonner à une écriture d’explications de leur spécialité. On lit depuis longtemps Rufo ou Cyrulnik, dont notre besoin actuel en résilience le fera d’autant fréquenter. Christophe André semble aller de plus en plus, pas seulement par écrit, vers un rôle de coach en bien-être. Dont notamment avec « Trois amis en quête de sagesse » avec A.Jollien et P.Ricard.
Je ne saurais dire si les derniers présidents se recyclent dans une autre voie. Avec leur bouquin, je les vois davantage tacher de ne pas se faire oublier, se proposer en recours éventuels à l’usage de partis un peu en déshérence.
On a aussi assisté à une 2ème vie en forme d’impasse avec le supposé candidat Bigard. Depuis que des présidents importants peuvent gouverner en affichant une grosse dose de vulgarité, il s’est dit qu’un auteur de sketches, émaillés de bites, de cul, de salope, pouvait prétendre à la candidature suprême. Mais voila : même si les candidatures prêtent parfois à sourire, l’élection présidentielle n’est pas un sketche. Surtout n’est pas Coluche qui veut !
Depuis 68, des cohortes de parisiens, nom générique pour désigner des urbains, ont abandonné de beaux postes solides pour se consacrer à l’élevage ou au maraichage. Sans même l’appui du Covid, ils ont prospéré et, avec leurs chèvres ou leurs courgettes, ils réussissent mieux que leurs prédécesseurs de 68.
On n’est pas forcément sur le chemin de leurs produits, mais ils font prospérer la bonne idée : produire et acheter près de chez soi. « Vaste programme » aurait dit De Gaulle, dont la statue du Commandeur s’écaille un peu au gré des coups fourrés qui émergent en ce moment. Un bon programme de recyclage de l’histoire à venir !
18:04 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
07/10/2020
Hiver précoce
On nous avait prévenus : le dérèglement climatique allait créer des bouleversements dans nos vies. Mais la semaine dernière, la météo a frappé un grand coup. On a sauté l’automne et on est passé des derniers feux de la canicule à l’hiver. Avec tous les accessoires hivernaux : radiateurs en action, rideaux ou volets tirés et grosse veste irlandaise sur le dos.
Il a fallu passer 45 ans à Grenoble avant qu’on ne découvre cette boutique irlandaise offrant toutes les productions typiques de la « Verte Erin » (on disait comme ça il y a 50 ans, de mon temps donc) : des gros pulls tricotés, des livres de contes, des bibelots du folklore, un fantastique choix de whiskys. Le jour de la découverte, dans un grand moment de sagesse, nous avions pris des vêtements et laissé le whisky.
C’est donc drapé dans cette veste, qui sent encore le mouton d’Irlande, que j’ai nargué l’hiver en relisant mes auteurs favoris. Lors de notre 1er raid à vélo le long du Danube, mon fils avait ironisé parce que j’avais lu 2 fois « Entre les murs » de Begaudeau. Je dois dire que les comportements d’une 4ième parisienne, en 97, rendait mes frasques de jeune pensionnaire à l’état d’aimables gamineries. Je retrouve donc sans remord mes Fournel, Fottorino, Tesson, plus baroudeurs que sentimentaux. Mais ils compensent le manque d’activité.
Par bonheur, la pandémie n’a pas tari le gout des éditeurs ni la verve des auteurs et on va pouvoir puiser pour ces longues soirées au coin du feu dans un grand catalogue de nouveautés. Avec cette chance que notre médiathèque, encore accessible sous conditions, accepte sans barguigner toutes les suggestions d’achat qu’on lui fait.
Quand on a fini de lire, il reste à explorer les vidéos manquées. Celles par exemple du récent et bizarre Tour de France. Débarrassé de la caravane et du bruit, on n’a plus que les coureurs et les paysages. Une mention spéciale à ce sujet au commentateur des « à-côtés » de la course. Chemin faisant, il nous a révélé de nombreux points d’histoire. Et, soyons chauvins, il nous a détaillé l’église du Macornay de mon épouse et les vignes de notre Chateau-Chalon chéri.
C’est aussi le bon moment pour entendre de beaux textes en musique. A l’occasion, picorer une chanson de Ferrat ou de Brassens. Justement en connaissant les textes par cœur, on guette et on s’émerveille du mot ou de la tournure de style inattendus.
Tous ces bonheurs nous feraient prendre l’hiver comme un Nirvana, blottis au chaud dans nos fauteuils. Il se trouve que c’est aussi le temps de l’avalanche des mains tendues de toutes les O.N.G. travaillant à fournir des vêtements, voire un toit, aux malheureux transis sous les ponts de nos autoroutes. Une quête bienvenue pour nous empêcher de nous endormir !
09:21 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
30/09/2020
Le ministre : j'ai du donner un coup de bars
De ce que je croyais savoir, à travers des experts pas toujours unanimes, ce virus qui mobilise tellement depuis plusieurs mois fait des ravages aux poumons. De ce que j’ai entendu depuis une semaine, je crois qu’il s’attaque aussi à la tête, y compris des asymptomatiques. Cela sautait aux yeux en découvrant la bronca marseillaise pour la fermeture des bars. Embarquant aussi les élus, pour une fois d’accord, embouchant les trompettes de la discrimination. Des élus qui avaient tout loisir de tirer les oreilles des quelques bars inconscients avant qu’on ne pénalise tout le monde.
Le virus et le mal qu’il peut faire est complètement laissé de côté : c’est Marseille tout entier qui est « puni ». Une antienne souvent entendue ! Cela a commencé depuis que saint-Raoult, à la place de N.D. de la Garde défaillante, a défendu sa solution, seul contre tous. Dans ce sujet éminemment sérieux, on ressentait dans cette ville énervée des relents de revanche des défaites de l’O.M contre le P.S.G.
Il n’y a pas que Marseille où souffle la révolte. Des groupements assez hétéroclites, mélangeant des gilets jaunes, B.H.L. et bien sûr le médecin-alibi, s’insurgent contre le masque au nom de cette liberté très revendiquée aujourd’hui : je fais ce que je veux ! Sûr qu’un masque n’est pas facile à porter, mais dans la mesure où face à ce virus encore largement inconnu, on n’a que cette protection, pourquoi chipoter ? Avec ces hérauts du refus de la gêne, sûr qu’on aura vraiment du mal à essayer de sauver la planète !
On a beau m’expliquer qu’à chaque avancée sanitaire, contre la tuberculose, la rougeole, les vaccins, cela a généré des opposants, parfois de haut vol, je reste étonné. Il y a parmi ces contestataires quelques têtes réputées intelligentes qui en sont à nourrir la théorie du complot. Des labos auraient fabriqué un vaccin pour se faire des sous, ou pour exterminer les humains, c’est selon. A un tel stade, il faut absolument cesser de brocarder les américains assez stupides pour avoir élu Donald Trump.
J’allais, mardi et vendredi, à la salle de sport voisine tacher de dérouiller ma carcasse dont les jointures auraient besoin d’un peu d’huile. Covid oblige : salle fermée. Je n’ai même pas envie d’enfourcher le flot de remarques pas forcément stupides : prendre le train et pas le bistrot après 22H, droit au supermarché et pas au marché. Pour les autres autant que pour moi, je me plierai aux consignes édictées. Je vais aussi prendre le vaccin de la grippe. D’une manière ou de l’autre, éviter de devoir occuper un lit dont l’hôpital aura probablement besoin.
14:32 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)