18/02/2021
Gare au Covid -saison2
Sans le vouloir on a tendance à se focaliser sur soi et les proches, notre cercle de confort, masquant un peu les autres. Quand on nous propose une image d’une vieille dame en Ehpad dont la soignante tâche d’introduire la cuiller de yaourt, on a un regard compassionnel, mais par bonheur, c’est pas nous.
Que survienne un coup de Covid modèle XXL et la ligne d’horizon se brouille. Quand on a besoin d’une canne pour s’extraire du fauteuil, quand l’épouse prend le verre de la main du patient qui tremble et lui administre le yaourt à la petite cuiller, on se sent collègues avec la vieille dame et on se regarde différemment. Retour aux fondamentaux, disent les sportifs.
Déjà avec la formidable santé du jurassien. Se lever à 5H15 pour le décrassage par moins 10, c’est une jolie vignette dans l’histoire familiale. Ingurgiter sa part de Comté au goûter, c’est mieux que le Camembert. Cela ne fabrique pas des surhommes !
Finalement, en regardant de plus loin, ce qu’étaient nos lourds soucis, de budget, de maison, de changement de lieux et de boulot, forme comme un léger friselis à la surface d’un lac de montagne. D’autant qu’on a fait dans ces moments la formidable découverte du vélo, qui permet d’aller loin, en autonomie, libres.
On débutera avec mon épouse à l’ile d’’Orléans au Québec ou en Crète. Et on poursuivra avec mon fils de la côte ouest étasunnienne jusqu’en Mongolie. Egrenant chez tous ces gens rencontrés un chapelet de merci, de danke, de kossonom, de baitla.
Malade, on entend chaque enfant, chaque jour, venir aux nouvelles. Comme on sait qu’ils ne le font pas en pensant à la fable du « laboureur et ses enfants », on est réconforté.
Dieu et son ministre de la santé, regardant le cirque d’en bas, ont baissé le pouce pour certains, et pourquoi ? Pour moi, ils ont eu le pouce levé. Une chance à ne pas gaspiller. Pour faire, après la guérison, sinon des centaines de kms, mais des centaines d’heures vers les vrais gens, ceux qui vivent. L’apiculteur du Verdon et ses pots dans le garage, le boulanger campagnard et ses miches comme avant. Ce paysan tout fier d’avoir confectionné les rayons dans l’ancienne cabine téléphonique pour y accueillir les livres pour tous.
16:47 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (2)
12/02/2021
Gare au Covi-i-id
Je dois bien l’avouer : j’avais traité le fameux virus un peu par-dessous la jambe. Pour autant, des comparaisons avec des tyranneaux américains m’offenseraient. Je porte un masque, je me lave les mains et je ne serre pas celles des autres impunément. Pourtant, depuis quelques jours, après une toux annonciatrice, la gorge me brulait horriblement pour avaler. La médecin, après m’avoir gratouillé sérieusement une narine (une seule, quelle chance !) a dit sans vaines fioritures : vous avez le Covid.
Je vais m’installer dans ce statut inédit sans craintes excessives. On nous le ressasse chaque jour : tout le monde n’en meurt pas. Dans la position assis sur canapé, j’ai connu des traitements plus douloureux ! Là aussi, la comparaison avec les lépreux mis à l’écart de la société serait malvenue. A la différence de la crécelle, c’est avec un téléphone, toujours assis sur canapé, que je vais prévenir tous ceux que j’aurais pu effleurer de mes pustules.
Tout cela démarrait comme une aimable historiette : condamné à ne rien faire, juste occuper son esprit. Sauf que l’épouse, toujours attentionnée, accompagnant son mari dans ses nuits blanches, devait passer un test. Et le labo de dire, sans fioritures non plus : vous avez le Covid ! Unis par le mariage depuis plus de 60 ans, le virus parachève cette union.
Notre vie « active » nous a fait négliger nos magazines et il reste de Noël quelques livres. Amoureux de lecture, voici de quoi nous occuper. Et la télé offre quelques belles trouvailles qu’on ira chercher en Replay. Du moins nous n’aurons plus à courir après des vaccins fuyant à notre approche.
On dit qu’on manque de respect et de considération vis-à-vis des personnes âgées. On peut témoigner du contraire. Les frêles personnes que nous sommes reçoivent ponctuellement de nos voisines des plats préparés à notre intention. Non seulement, nous sommes sous le régime des repas livrés, même pas commandés, (ni payés !) Un coup à se rendre malades au risque d’une ou deux répliques !
Si la mélancolie nous gagne, dans cette prison confortable, il suffit de jeter un œil sur notre pelouse déjà tachetée de primevères et de crocus, prémices du printemps. S’en suivent les projections vers les folles randonnées qu’on ne manquera pas de faire, ces soucis disparus.
Je salue ce virus, que quelques-uns ont qualifié d’intelligent, de nous avoir seulement effleurés de ses miasmes. Une bonne raison de penser à ces milliers de personnes, âgées ou non, avec lesquelles il a été intraitable. Beaucoup pleureront longtemps les proches dont ils n’ont pas pu accompagner le départ. Rengainons avec discrétion nos petits malheurs !
11:45 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
04/02/2021
Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)
La pandémie qui a démoli tellement de gens et de comportements nous a du moins rappelé quelques évidences. Parmi celles-ci, l’idée qu’un homme n’est pas qu’un assemblage de muscles, d’os et d’hormones, mais que tout cela fonctionne, animé par l’esprit, la conscience. Que guérir un corps n’est pas seulement affaire de mécanique, de chimie, mais aussi d’une once d’humanité.
Beaucoup de citoyens élèvent la voix maintenant, et nous en avons été témoins pour des proches, et s’indignent de ne pas avoir pu être auprès d’un père, d’un conjoint dans ses dernières heures de vie. Chacun comprend la nécessité de mesures fortes pour éviter la contagion mais aurait aimé une interprétation plus humaine de ces instants douloureux.
Aussi bien, on peut se demander s’il y a beaucoup d’heures consacrées à la qualité du contact au cours de ces si longues années de formation d’un médecin. C’est laissé à la gouverne de chacun avec des doués et des peu-doués, ou réticents à ce qu’on ne peut pas ranger, classifier, quasi mécaniser. Dans mon parcours hospitalier, riches de rencontres avec des chirurgiens, je témoigne qu’avec un praticien doué d’empathie, on est plus incité à suivre ses conseils, bref, à adhérer au projet de guérison.
Les enseignants ont encore moins d’heures de formation. Au milieu du ressassage des disciplines à maitriser, il y a peu de temps pour vérifier que le candidat a des dispositions pour la pédagogie. Qui se déploiera –peut-être- avec l’expérience. Chacun se souvient de ce prof, pas forcément de lettres ou de philo, qui, par sa manière d’être, a illuminé un moment de notre scolarité et permis de croire à un avenir possible.
Les agents publics qui font dans le social sont souvent efficaces et souriants, soucieux de déméler votre problème. Il en est d’autres, les as du « copier-coller », qui guettent le mot-clé qui va déclencher la lettre-type vous renvoyant au mois prochain.
Chaque semaine, on apprend qu’une femme, un enfant, ont été battus souvent jusqu’à la mort. Souvent on apprend aussi qu’il avait eu des signalements aux « services sociaux ». Est-ce que dans ce cas un Cedric Herrou, par exemple, se serait laissé entortiller dans ses procédures pour ne rien faire?
Sans même le recours à des études qui le prouvent, on guérit plus vite et mieux avec un médecin qui explique, qui rassure, qui fait tout simplement preuve d’empathie. Tous ces mondes à notre service, enseignement, médical, social, sont toujours pourvus de moyens assez chiches. Ce devrait être le moment de sortir quelque chose qui ne demande pas d’années d’études, qui est gratuit : le sens de l’humain.
17:20 | Lien permanent | Commentaires (0)