12/02/2021
Gare au Covi-i-id
Je dois bien l’avouer : j’avais traité le fameux virus un peu par-dessous la jambe. Pour autant, des comparaisons avec des tyranneaux américains m’offenseraient. Je porte un masque, je me lave les mains et je ne serre pas celles des autres impunément. Pourtant, depuis quelques jours, après une toux annonciatrice, la gorge me brulait horriblement pour avaler. La médecin, après m’avoir gratouillé sérieusement une narine (une seule, quelle chance !) a dit sans vaines fioritures : vous avez le Covid.
Je vais m’installer dans ce statut inédit sans craintes excessives. On nous le ressasse chaque jour : tout le monde n’en meurt pas. Dans la position assis sur canapé, j’ai connu des traitements plus douloureux ! Là aussi, la comparaison avec les lépreux mis à l’écart de la société serait malvenue. A la différence de la crécelle, c’est avec un téléphone, toujours assis sur canapé, que je vais prévenir tous ceux que j’aurais pu effleurer de mes pustules.
Tout cela démarrait comme une aimable historiette : condamné à ne rien faire, juste occuper son esprit. Sauf que l’épouse, toujours attentionnée, accompagnant son mari dans ses nuits blanches, devait passer un test. Et le labo de dire, sans fioritures non plus : vous avez le Covid ! Unis par le mariage depuis plus de 60 ans, le virus parachève cette union.
Notre vie « active » nous a fait négliger nos magazines et il reste de Noël quelques livres. Amoureux de lecture, voici de quoi nous occuper. Et la télé offre quelques belles trouvailles qu’on ira chercher en Replay. Du moins nous n’aurons plus à courir après des vaccins fuyant à notre approche.
On dit qu’on manque de respect et de considération vis-à-vis des personnes âgées. On peut témoigner du contraire. Les frêles personnes que nous sommes reçoivent ponctuellement de nos voisines des plats préparés à notre intention. Non seulement, nous sommes sous le régime des repas livrés, même pas commandés, (ni payés !) Un coup à se rendre malades au risque d’une ou deux répliques !
Si la mélancolie nous gagne, dans cette prison confortable, il suffit de jeter un œil sur notre pelouse déjà tachetée de primevères et de crocus, prémices du printemps. S’en suivent les projections vers les folles randonnées qu’on ne manquera pas de faire, ces soucis disparus.
Je salue ce virus, que quelques-uns ont qualifié d’intelligent, de nous avoir seulement effleurés de ses miasmes. Une bonne raison de penser à ces milliers de personnes, âgées ou non, avec lesquelles il a été intraitable. Beaucoup pleureront longtemps les proches dont ils n’ont pas pu accompagner le départ. Rengainons avec discrétion nos petits malheurs !
11:45 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
04/02/2021
Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)
La pandémie qui a démoli tellement de gens et de comportements nous a du moins rappelé quelques évidences. Parmi celles-ci, l’idée qu’un homme n’est pas qu’un assemblage de muscles, d’os et d’hormones, mais que tout cela fonctionne, animé par l’esprit, la conscience. Que guérir un corps n’est pas seulement affaire de mécanique, de chimie, mais aussi d’une once d’humanité.
Beaucoup de citoyens élèvent la voix maintenant, et nous en avons été témoins pour des proches, et s’indignent de ne pas avoir pu être auprès d’un père, d’un conjoint dans ses dernières heures de vie. Chacun comprend la nécessité de mesures fortes pour éviter la contagion mais aurait aimé une interprétation plus humaine de ces instants douloureux.
Aussi bien, on peut se demander s’il y a beaucoup d’heures consacrées à la qualité du contact au cours de ces si longues années de formation d’un médecin. C’est laissé à la gouverne de chacun avec des doués et des peu-doués, ou réticents à ce qu’on ne peut pas ranger, classifier, quasi mécaniser. Dans mon parcours hospitalier, riches de rencontres avec des chirurgiens, je témoigne qu’avec un praticien doué d’empathie, on est plus incité à suivre ses conseils, bref, à adhérer au projet de guérison.
Les enseignants ont encore moins d’heures de formation. Au milieu du ressassage des disciplines à maitriser, il y a peu de temps pour vérifier que le candidat a des dispositions pour la pédagogie. Qui se déploiera –peut-être- avec l’expérience. Chacun se souvient de ce prof, pas forcément de lettres ou de philo, qui, par sa manière d’être, a illuminé un moment de notre scolarité et permis de croire à un avenir possible.
Les agents publics qui font dans le social sont souvent efficaces et souriants, soucieux de déméler votre problème. Il en est d’autres, les as du « copier-coller », qui guettent le mot-clé qui va déclencher la lettre-type vous renvoyant au mois prochain.
Chaque semaine, on apprend qu’une femme, un enfant, ont été battus souvent jusqu’à la mort. Souvent on apprend aussi qu’il avait eu des signalements aux « services sociaux ». Est-ce que dans ce cas un Cedric Herrou, par exemple, se serait laissé entortiller dans ses procédures pour ne rien faire?
Sans même le recours à des études qui le prouvent, on guérit plus vite et mieux avec un médecin qui explique, qui rassure, qui fait tout simplement preuve d’empathie. Tous ces mondes à notre service, enseignement, médical, social, sont toujours pourvus de moyens assez chiches. Ce devrait être le moment de sortir quelque chose qui ne demande pas d’années d’études, qui est gratuit : le sens de l’humain.
17:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/01/2021
On construit trop de murs et pas assez de ponts (Newton)
De Closets avait intitulé un de ses livres : « toujours plus ». Depuis ce titre, les choses ont plutôt empiré. Ce sont plus d’injures, plus de scandales, plus de violences. La sagesse populaire à laquelle j’ai été biberonné disait : « trop c’est trop » ! Même quand il s’agit d’être positif : « le mieux est l’ennemi du bien »
Ainsi l’ensemble des medias et les réseaux sociaux sont particulièrement prolixes quand ils s’adressent aux personnes qui estiment présenter des rondeurs trop voyantes. La variété des recettes ne manque pas d’étonner. Le résultat en tous cas, quand ça réussit, c’est de sculpter une silhouette qui a l’allure d’une asperge, (ou d’un haricot vert, d’ailleurs revendiqué par un couturier)
Un bel excès, dans la nourriture, nous est fourni par ceux qui adoptent le régime « vegan ». Retirer la viande de son alimentation se comprend. Mais lorsqu’on retire aussi le lait, le miel, les yaourts, on manque des vitamines essentielles D ou 12, qu’on ne trouve pas dans les végétaux. Et pour des gens qui se revendiquent « nature », il reste à avaler des pilules de compléments alimentaires !
La pandémie nous a aussi fourni son lot de prescriptions, d’injonctions édictées par une myriade d’experts médicaux, ou ainsi présentés. A tel point que tout un chacun s’est senti devenir un peu médecin. La télé, et les réseaux sociaux, jamais en retard sur le coup, nous ont inondés de recettes plus ou moins farfelues, eau de Javel, chloroquine, pas vraiment efficaces !
« Pendant les travaux, les affaires continuent ». Pendant la pandémie, la politique continue. Depuis l’assassinat du professeur de Conflans, fleurissent les discours sur la laïcité dans notre pays qui en a sans doute encore besoin. Là encore, des « laïcards » de combat dérapent sur l’esprit de la loi de 1905 au risque de développer les 2 blocs déjà existants qui s’injurient au lieu de débattre.
La belle illustration que la communication, même abondante, n’est pas information. Au vu de ces tsunamis de « nouvelles » chaotiques, on devrait s’aviser qu’un petit clic qui peut afficher des mots, des phrases, tout seul, c’est douteux. Et décider alors une pause dans le pianotage convulsif. On en profiterait pour réviser l’orthographe un peu abandonnée. Les journaux à nouveau écrits correctement, avec des faits plutôt que des rumeurs, ouvriraient les chantiers ouverts au débat.
10:02 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)