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21/10/2020

No pasaran

Je me plaignais dans un post récent de devoir vivre dans un monde fou. Avec l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, nous sommes dans la pire barbarie. D’une part, par le mode opératoire de l’agresseur et surtout par le degré d’ignorance et de stupidité que cela représente. Comment se réclamer en effet d’une religion qu’il ne connait manifestement pas.

Une fois qu’on a dit cela et que se seront déversés les hommages et les regrets, et les questions, pouvons-nous seulement restés sidérés ? D’abord, ne pas reculer sur les programmes d’enseignement. L’école est le 1er maillon de l’apprentissage de la citoyenneté. L’enseignant doit donc faire son cours sans faiblir, sans rien édulcorer. Bien sûr, il faut en même temps qu’il se sente soutenu par son administration. Quand une école fait un signalement sur de possibles dérives, une réponse qui sent le « pas de vagues » n’est pas recevable. Si on demande du courage aux enseignants, il devrait y en avoir chez les gens en fauteuil, très à l’abri des excités du couteau.

Les uns et les autres se sentiront d’autant mieux soutenus qu’ils le seront par l’ensemble des citoyens. Ce n’est plus le moment d’être mous dans la condamnation, dans un esprit ouvert et généreux, au prétexte qu’on risque de stigmatiser les musulmans. C’est même un racisme à l’envers, de penser que les musulmans ne sont pas capables de savoir où est leur devoir citoyen.

Il est justement temps de s’occuper de cette grande majorité de musulmans qui pensent vivre simplement leur foi. Dans les années 40, dans mon enfance, on est (on nait) catholique parce que tout le village l’est et le curé est le régisseur absolu de la foi. Malgré ses faiblesses, l’église a au moins fait l‘effort d’adapter sa doctrine. Eve née de la côte d’Adam, c’est une jolie légende  qui ne contredit pas la théorie de l’évolution. On attend des imans, plus encore des théologiens musulmans qu’ils interprètent pour des citoyens d’aujourd’hui des sourates écrites au 6 ème siècle.

Cette relecture des textes intéresse plus que les religions. La fracturation de la démocratie aux Etats-Unis nous le prouve. En caressant les évangéliques, son terreau électoral, Trump veut détricoter la loi sur l’avortement, fait douter de l’évolution. Est-ce qu’on s’américanisant, on va admettre en France que la terre est plate et bien d’autres stupidités ?

On voit qu’il va falloir faire bouger beaucoup de gens si on veut arrêter la gangrène. Et la tentation est grande de se dire : moi, petit retraité, je ne peux pas faire grand-chose. Pas grand-chose certes, mais pas rien. Je fréquente des copains au vélo, au ski. Je ne le faisais pas trop jusqu’à maintenant, mais pour ces copains qui me voient un peu en intello, je vais dorénavant rectifier toute idée fausse, contrer la moindre petite vaguelette du tsunami qui nous menace. Bon courage, papy !

 

08:53 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

14/10/2020

Cycles et recycles

Pour de multiples raisons, de budget chez un certain nombre de nos concitoyens, on a vu fleurir des recycleries. Confinés chez soi par le Covid, beaucoup ont retrouvé d’anciens plats en terre dans lesquels ils ont pu cuisiner des recettes de grand-mères. Pandémie ou non, ce besoin de recyclage semble avoir gagné aussi les gens.

Les plus avisés, plutôt que d’attendre une incertaine réincarnation bouddhique, préfèrent choisir leur 2ème vie de leur vivant. Un bel exemple nous est fourni par L.Thuram. Après une brillante carrière de footballeur, il s’épanouit en référent, par ses livres (dont le dernier « La pensée blanche ») des racismes. Plus en  historien ou philosophe qu’en militant, il aide à dénicher comment ils naissent pour mieux les combattre.

L’activité qui tend les bras aux candidats au recyclage, c’est l’écriture. On ne retiendra pas ici les centaines de livres écrits par des célébrités du sport, du journalisme, de la politique, qui utilisent leur notoriété pour être publiés (parfois à très peu d’exemplaires). On peut citer par contre des acteurs ou actrices dont la gloire n’est pas fanée et qui se lancent dans cette nouvelle activité. C’est le cas entre autres d’Isabelle Carré, qui n’en est plus à son 1er roman.

Une conversion remarquable : celle de Titouan Lamazou, dont les débuts en tant que skipper auguraient d’une brillante carrière sur les mers et qui a bifurqué vers l’écriture. Il y ajoute son talent de dessinateur  qui rend ses albums particulièrement attractifs et recherchés.

Le groupe des psychiatres a presque abandonné le fauteuil de consultation pour s’adonner à une écriture d’explications de leur spécialité. On lit depuis longtemps Rufo ou Cyrulnik, dont notre besoin actuel en résilience le fera d’autant fréquenter. Christophe André semble aller de plus en plus, pas seulement par écrit, vers un rôle de coach en bien-être. Dont notamment avec « Trois amis en quête de sagesse » avec A.Jollien et P.Ricard.

Je ne saurais dire si les derniers présidents se recyclent dans une autre voie. Avec leur bouquin, je les vois davantage tacher de ne pas se faire oublier, se proposer en  recours éventuels à l’usage de partis un peu en déshérence.

On a aussi assisté à une 2ème vie en forme d’impasse avec le supposé candidat Bigard. Depuis que des présidents importants peuvent gouverner en affichant une grosse dose de vulgarité, il s’est dit qu’un auteur de sketches, émaillés de bites, de cul, de salope, pouvait prétendre à la candidature suprême. Mais voila : même si les candidatures prêtent parfois à sourire, l’élection présidentielle n’est pas un sketche. Surtout n’est pas Coluche qui veut !

Depuis 68, des cohortes de parisiens, nom générique pour désigner des urbains, ont abandonné de beaux postes solides pour se consacrer à l’élevage ou au maraichage. Sans même l’appui du Covid, ils ont prospéré et, avec leurs chèvres ou leurs courgettes, ils réussissent mieux que leurs prédécesseurs de 68.

On n’est pas forcément sur le chemin de leurs produits, mais ils font prospérer la bonne idée : produire et acheter près de chez soi. « Vaste programme » aurait dit De Gaulle, dont la statue du Commandeur s’écaille un peu au gré des coups fourrés qui émergent en ce moment. Un bon programme de recyclage de l’histoire à venir !

18:04 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

07/10/2020

Hiver précoce

On nous avait prévenus : le dérèglement climatique allait créer des bouleversements dans nos vies. Mais la semaine dernière, la météo a frappé un grand coup. On a sauté l’automne et on est passé des derniers feux de la canicule à l’hiver. Avec tous les accessoires hivernaux : radiateurs en action, rideaux ou volets tirés et grosse veste irlandaise sur le dos.

Il a fallu passer 45 ans à Grenoble avant qu’on ne découvre cette boutique irlandaise offrant toutes les productions typiques de la « Verte Erin » (on disait comme ça il y a 50 ans, de mon temps donc) : des gros pulls tricotés, des livres de contes, des bibelots du folklore, un fantastique choix de whiskys. Le jour de la découverte, dans un grand moment de sagesse, nous avions pris des vêtements et laissé le whisky.

C’est donc drapé dans cette veste, qui sent encore le mouton d’Irlande, que j’ai nargué l’hiver en relisant mes auteurs favoris. Lors de notre 1er raid à vélo le long du Danube, mon fils avait ironisé parce que j’avais lu 2 fois « Entre les murs » de Begaudeau. Je dois dire que les comportements d’une 4ième parisienne, en 97, rendait mes frasques de jeune pensionnaire à l’état d’aimables gamineries. Je retrouve donc sans remord mes Fournel, Fottorino, Tesson, plus baroudeurs que sentimentaux. Mais ils compensent le manque d’activité.  

Par bonheur, la pandémie n’a pas tari le gout des éditeurs ni la verve des auteurs et on va pouvoir puiser pour ces longues soirées au coin du feu dans un grand catalogue de nouveautés. Avec cette chance que notre médiathèque, encore accessible sous conditions, accepte sans barguigner toutes les suggestions d’achat qu’on lui fait.

Quand on a fini de lire, il reste à explorer les vidéos manquées. Celles par exemple du récent et bizarre Tour de France. Débarrassé de la caravane et du bruit, on n’a plus que les coureurs et les paysages. Une mention spéciale à ce sujet au commentateur des « à-côtés » de la course. Chemin faisant, il nous a révélé de nombreux points d’histoire. Et, soyons chauvins, il nous a détaillé l’église du Macornay de mon épouse et les vignes de notre Chateau-Chalon chéri.

C’est aussi le bon moment pour entendre de beaux textes en musique. A l’occasion, picorer une chanson de Ferrat ou de Brassens. Justement en connaissant les textes par cœur, on guette et on s’émerveille du mot ou de la tournure de style inattendus.

Tous ces bonheurs nous feraient prendre l’hiver comme un Nirvana, blottis au chaud dans nos fauteuils. Il se trouve que c’est aussi le temps de l’avalanche des mains tendues de toutes les O.N.G. travaillant à fournir des vêtements, voire un toit, aux malheureux transis sous les ponts de nos autoroutes. Une quête bienvenue pour nous  empêcher de nous endormir !    

09:21 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)