28/12/2024
Des brins de soleil dans l'hiver de mon âge
Dans ces temps de fêtes, largement teintés de mélancolie, on entend à journées faites l’expression : « il ne passera pas l’hiver ». A nos âges, ce mantra incessamment ressassé interroge.
Ayant passé sans dommage les froidures et vaincu la neige, nous passerons probablement cet hiver-ci. Mais quid de celui de 2025, de 2026 ? Et surtout de 2027 où au printemps, si on n’a pas élu la faiseuse de rois, quelle personnalité imprévue aura décroché la timbale ? Pour se désembuer de ces pensées un peu funèbres il faut s’arrêter sur quelques pensées heureuses.
Et d’abord, après avoir échangé avec quelques veuves amies, se féliciter de vivre encore à deux. Chacun avec des pointillés de faiblesse est encore capable d’aider l’autre et réciproquement. Et nous avons des enfants plein d’affection pour nous.
Lors de l’A.V.C. de mon épouse, tout le monde était immédiatement sur le pont prêt à participer à la gestion nécessaire. Ils ont même commencé d’élaborer des stratégies pour gérer l’après. Et cela fait sûrement partie des facteurs de guérison.
Comme le dit ce curieux verbe intransitif, ils nous prolongent. Ils nous emmènent vers des territoires imprévus. L’un nous fait essayer le pique-nique nocturne à la lumière des réverbères. L’autre nous montre qu’on peut frôler des afghans avec un camping-car. On n’a pas besoin de surprises pour notre fête, on a des surprises quasiment toute l’année
Nous avons aussi la chance que 2 de nos petits-enfants soient à Grenoble. Outre les bouffées de jeunesse qu’ils nous prodiguent et l’affection qu’ils nous témoignent, sur ces machins modernes ils nous ouvrent souvent des portes qui, sans eux, resteraient « closed ».
Dans ce pays enfin, souvent agité de soubresauts chaotiques, on a la chance par exemple de pouvoir bénéficier de l’hôpital gratuitement surtout si c’est grave. La chance aussi de ne pas être américain en 2025 où Trump et son âme damnée pensent installer les bitcoins en monnaie nationale. Comment pourrais-je chaque matin, tel harpagon, compter un à un les euros de ma somptueuse retraite ?
17:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
15/12/2024
Passé quelques décennies, comme certains wiskies, on est hors d'âge
Quelques-uns de mes proches remarquaient que j’avais eu un peu de mal à admettre mon âge et les petites séquelles qui vont avec. Les évènements quotidiens me le martèlent pourtant avec insistance.
Ainsi, du temps de ma jeune vieillesse il était entendu qu’à la 1ière neige je fonçais à Chamrousse. Or on nous annonce des hauteurs de neige faramineuses et je suis là en bas dans mon fauteuil. Le hic : j’ai maintenant une voiture avec chauffeur. Et celui-ci peut avoir d’autres impératifs que de transporter son bonhomme.
A ce chauffeur émérite on a payé une nouvelle voiture dont on a retiré une pédale pour épargner son genou gauche. Malgré cette ablation l’engin est muni de toutes les options modernes. En d’autres temps je me serais jeté avec gourmandise sur l’exploration de ces merveilles. Mais la carte grise est formelle : ce n’est plus moi le conducteur principal. Je ne suis même plus conducteur du tout.
J’ai quand même essayé cette voiture, comme passager, pour aller chez ma sœur la plus proche géographiquement mais la plus éloignée dans l’ordre familial. Cette sœur, née 13 ans après moi, disait récemment qu’il avait fallu nos rencontres après 50 ans pour faire connaissance. Enfermé toute l’adolescence et au-delà dans ma pension, j’étais bien à l’écart de la vie des filles. Beaucoup d’autres choses m’ont manqué qui me font dire, un peu réducteur quand même, que la seule chose retenue c’est de savoir lire et écrire assez correctement. J’utilise donc beaucoup ces reliquats.
Avec la neige, la semaine était aussi celle des cadeaux de Noel aux personnes âgées. Notre mairie fait des contorsions de vocabulaire lorsqu’il d’agit de parler des « ainés », moins vieux que les seniors sans doute, comme s’il s’agissait de manipuler de la précieuse porcelaine. Souci inutile. Dans le convoi qui progressait vers le lieu de distribution, nous marchions à côté de gamins tout juste septuagénaires.
Deux de nos arrière-petits-enfants étaient à la maison pour l’anniversaire de l’un deux. Même si les parents expliquent parfois que nous sommes encore plus vieux que leurs grands-parents, pour peu que nous échangions des balles ou des raquettes pour eux nous sommes sans âge.
Quelques-uns de mes proches remarquaient que j’avais eu un peu de mal à admettre mon âge et les petites séquelles qui vont avec. Les évènements quotidiens me le martèlent pourtant avec insistance.
Ainsi, du temps de ma jeune vieillesse il était entendu qu’à la 1ière neige je fonçais à Chamrousse. Or on nous annonce des hauteurs de neige faramineuses et je suis là en bas dans mon fauteuil. Le hic : j’ai maintenant une voiture avec chauffeur. Et celui-ci peut avoir d’autres impératifs que de transporter son bonhomme.
A ce chauffeur émérite on a payé une nouvelle voiture dont on a retiré une pédale pour épargner son genou gauche. Malgré cette ablation l’engin est muni de toutes les options modernes. En d’autres temps je me serais jeté avec gourmandise sur l’exploration de ces merveilles. Mais la carte grise est formelle : ce n’est plus moi le conducteur principal. Je ne suis même plus conducteur du tout.
J’ai quand même essayé cette voiture, comme passager, pour aller chez ma sœur la plus proche géographiquement mais la plus éloignée dans l’ordre familial. Cette sœur, née 13 ans après moi, disait récemment qu’il avait fallu nos rencontres après 50 ans pour faire connaissance. Enfermé toute l’adolescence et au-delà dans ma pension, j’étais bien à l’écart de la vie des filles. Beaucoup d’autres choses m’ont manqué qui me font dire, un peu réducteur quand même, que la seule chose retenue c’est de savoir lire et écrire assez correctement. J’utilise donc beaucoup ces reliquats.
Avec la neige, la semaine était aussi celle des cadeaux de Noel aux personnes âgées. Notre mairie fait des contorsions de vocabulaire lorsqu’il d’agit de parler des « ainés », moins vieux que les seniors sans doute, comme s’il s’agissait de manipuler de la précieuse porcelaine. Souci inutile. Dans le convoi qui progressait vers le lieu de distribution, nous marchions à côté de gamins tout juste septuagénaires.
Deux de nos arrière-petits-enfants étaient à la maison pour l’anniversaire de l’un deux. Même si les parents expliquent parfois que nous sommes encore plus vieux que leurs grands-parents, pour peu que nous échangions des balles ou des raquettes pour eux nous sommes sans âge.
Quelques-uns de mes proches remarquaient que j’avais eu un peu de mal à admettre mon âge et les petites séquelles qui vont avec. Les évènements quotidiens me le martèlent pourtant avec insistance.
Ainsi, du temps de ma jeune vieillesse il était entendu qu’à la 1ière neige je fonçais à Chamrousse. Or on nous annonce des hauteurs de neige faramineuses et je suis là en bas dans mon fauteuil. Le hic : j’ai maintenant une voiture avec chauffeur. Et celui-ci peut avoir d’autres impératifs que de transporter son bonhomme.
A ce chauffeur émérite on a payé une nouvelle voiture dont on a retiré une pédale pour épargner son genou gauche. Malgré cette ablation l’engin est muni de toutes les options modernes. En d’autres temps je me serais jeté avec gourmandise sur l’exploration de ces merveilles. Mais la carte grise est formelle : ce n’est plus moi le conducteur principal. Je ne suis même plus conducteur du tout.
J’ai quand même essayé cette voiture, comme passager, pour aller chez ma sœur la plus proche géographiquement mais la plus éloignée dans l’ordre familial. Cette sœur, née 13 ans après moi, disait récemment qu’il avait fallu nos rencontres après 50 ans pour faire connaissance. Enfermé toute l’adolescence et au-delà dans ma pension, j’étais bien à l’écart de la vie des filles. Beaucoup d’autres choses m’ont manqué qui me font dire, un peu réducteur quand même, que la seule chose retenue c’est de savoir lire et écrire assez correctement. J’utilise donc beaucoup ces reliquats.
Avec la neige, la semaine était aussi celle des cadeaux de Noel aux personnes âgées. Notre mairie fait des contorsions de vocabulaire lorsqu’il d’agit de parler des « ainés », moins vieux que les seniors sans doute, comme s’il s’agissait de manipuler de la précieuse porcelaine. Souci inutile. Dans le convoi qui progressait vers le lieu de distribution, nous marchions à côté de gamins tout juste septuagénaires.
Deux de nos arrière-petits-enfants étaient à la maison pour l’anniversaire de l’un deux. Même si les parents expliquent parfois que nous sommes encore plus vieux que leurs grands-parents, pour peu que nous échangions des balles ou des raquettes pour eux nous sommes sans âge.
09:51 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
07/12/2024
J'ai plus de 50 ans et je n'ai ni Pollex, ni Tesla
Comme vous avez pu le lire dans ma dernière chronique, les vocables anglais et ce qu’ils représentent déclenchent chez moi un enthousiasme des plus modérés. Bien sûr, je n’en veux pas aux américains (encore qu’une partie d’entre eux vote drôlement), mais à l’envahissement de leur langage dans le notre.
Tout se passe comme si nous étions une société bilingue où tout évènement inhabituel ou produit un peu exotique ne pouvait être nommé qu’en Anglais. Notre langue si riche (ceux qui l’apprennent le disent) peut pourtant répondre à toutes les situations. Elle peut s’effacer devant un terme intraduisible ou une expression depuis longtemps adoptée. Comment pourrions-nous oublier le week-end ? L’excès, la sagesse le rappelle, est un défaut.
Comment en effet espérer qu’un 1er ministre échappe à la censure du R.N. en le menaçant d’un shutdown ? Erreur de traduction probablement : le R.N. a dégainé la censure. Le 1er chanteur venu à petite voix et texte pas beaucoup plus flamboyant va habiller celui-ci d’anglais et il va vous prendre des airs de retour de la route de Madison.
Comment espérer un recul de cet envahissement devant des assauts officiels. Dans un pays comme l’Algérie où tout le monde, jeunes et vieux, parle français, le gouvernement interdit le français à l’école. Et il met quoi à la place ? L’anglais bien sûr !
Il y a pourtant une idée simple pour amorcer ce recul. Dans ce moment où on cherche activement des recettes pour notre budget on devrait taxer les possesseurs de Tesla. Voilà des gens co-responsables des idées ultralibérales d’Elon Musc, le cheval de Troie sur notre sol. Contrairement à d’autres contribuables, ils ne se cachent pas. Au contraire, cet objet complète leur panoplie de m’as-tu-vu.
On entendait récemment les doléances éplorées des collectivités locales dont on voulait étrangler le budget. Cela n’a pas empêché la commune de Mandelieu d’équiper sa police de Tesla. Un acte de traitrise, à mes yeux, par rapport à la France. On attend qu’un 1er ministre « qui en a », même si elle s’appelle Lucie, mette un peu au pas cette assemblée décidemment curieuse.
J’ai beau mordiller les chevilles d’Elon Musk, je vois bien que je ne ferai pas baisser ses actions d’un iota et que je n’apporte pas de points au français dans le match qui l’oppose à l’anglais. On continuera de passer d’Haloween à Black Friday et des Fake News à Thanksgiving. C’est le moment de se replonger dans un Charlie ou de saliver à la lecture de Gargantua dégustant ses fricandeaux.
10:50 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)


