01/03/2025
Le Salon du tourisme agreste
Nous venons de vivre un des sommets évènementiels de l’année : le Salon de l’Agriculture. Le monde paysan ne pourrait manquer ce rendez-vous qui lui fait prendre la lumière en présentant des bêtes peignées et astiquées dans un environnement soigné et propret.
Les agriculteurs, eux aussi, ont soigné leur présentation. Evidemment on a le discours obligé sur le dur métier plein de contraintes mais dans un langage policé. Finies les invectives. Ceux de la Coordination rurale ne préconisent plus de brûler les voitures des inspecteurs. Et répandre du fumier, bon pour une Préfecture, serait ici du plus mauvais goût.
En effet le but d’un salon est de présenter ses productions sous le meilleur jour. On répond gentiment aux enfants des néo-parisiens qui ne savent plus d’où ils venaient. On montre que les moutons ou chèvres de leurs livres d‘images ça existe en vrai. Aussi que le lait dans la bouteille du matin commence par des vaches comme celles qu’ils voient. Pour le beefsteak, on passe.
Le salon est traditionnellement une réunion politique. Après le Président qui a pu délivrer de profondes pensées sur le monde agricole, et aussi sur l’autre, sans être hué c’est le défilé de tous ceux qui pensent devoir se montrer. On a révisé un peu : le mari de la brebis c’est le bélier pas le bouc. Pour faire savant, celui de l’oie c’est le jars. Il n’y a plus qu’à décliner fermement que mon parti est sensible aux difficultés des paysans. Même si depuis quelques années, les paysans ont tendance à se souvenir des promesses et à en reparler. En mémoire de Chirac qui a trouvé là une partie de sa pub on mastique 1 ou 2 tranches de saucisson en avalant un verre de bière.
Cela devait arriver : l’intelligence artificielle est entrée dans les étables. Avec le bon vieux P.C. on identifiait les vaches, on sortait leur C.V. complet. Mais l’I.A. (les vaches ont un collier connecté et moi pas même une montre) ça va plus vite et on retrouve une vache au milieu de 500. Mais qui a 500 vaches ? En réduisant la viande rouge on risque moins de mâchouiller quelques octets dans sa tranche de faux-filet.
Ce n’est pas l’électronique qui m’empêche d’aller au Salon de l’Agriculture mais des souvenirs. Mon grand-père maternel avait un petit train de cultures multiples pour nourrir bêtes et gens. A part le journal, son seul loisir à la veillée était la radio. Radio-Londres très fort pendant la guerre sans souci des allemands peu enclins à se perdre dans ce village. Ma grand-mère nous faisait tendre les avant-bras pour enrouler ou dérouler un écheveau de laine. Je n’ai pas connu le cheval qui avait servi au labour et tiré la voiture de foin. Mais j’ai connu les vaches dont le lait passait du pis à la casserole sur la cuisinière sans aucune interférence. Pas toujours très propres, elles n’avaient pas de cartes poinçonnées aux oreilles mais avaient des cornes. Racontez-vous que le monde agricole a fait des progrès mais, de grâce, laissez-moi mes souvenirs !
10:14 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
22/02/2025
"Toujours plus" ... plus de quoi ?
Il y a déjà bien longtemps un journaliste avait écrit un pamphlet où il dénonçait cette manie de vouloir toujours accaparer plus que ce qu’on a déjà et dans tous les domaines. Une diatribe qui n’a pas percuté les esprits puisqu’aujourd’hui on continue d’en vouloir toujours davantage. Et ça commence tôt. C’est un souci finalement assez légitime qui pousse les parents à essayer de placer leurs enfants sur une orbite meilleure que la leur. La question est alors de quelle orbite s’agit-il.
Pas forcément champion raté ce père met une raquette de tennis dans les mains de son fils de 5 ans ne visant pas nécessairement à en faire un Pete Sempras mais au moins un champion national. Et pour cela on lui fait tenir ses 3 entrainements par semaine. Et le moindre tournoi de gamins même lointain le verra inscrit pour au moins fortifier son jeu.
Je viens de découvrir que ça existait : des salons de beauté réservés aux enfants. Qu’on perce quelques boutons d’acné, passe encore. Mais il s’agit d’affubler pour 140 € la séance des gamines de 10 ans de faux-cils, faux-ongles et d’autres tapes à l’œil. Il faudra que ces filles développent d’autres qualités faute de quoi elles partiront boiteuses dans la vie adulte.
Chez les adultes, ce n’est pas beaucoup mieux. Cet acteur renommé veut devenir chanteur. Ce hobereau de province vise la députation et pourquoi pas un ministère. Surtout si on est riche, il faut cravacher pour être plus riche que les autres à coups plus ou moins fourrés dans une bataille éperdue vers le podium du plus riche de la région, de la nation, du monde.
Elon Musk, déjà le plus riche du monde, s’est trouvé un plus : la politique. Et la puissance politique il l’a et il le montre. Dans le bureau ovale qu’il semble partager avec Trump, il est chez lui. Son fils peut tripoter la table présidentielle en familier. Dans le concours de stupidités avec le Président, il tient bien sa place. Bien sûr cela ne ravit pas tout le monde. Dans le seul registre où on pourrait l’atteindre, l’économique, il y a au moins un boycott des européens sur les voitures Tesla. Quelques-uns préfèrent afficher sur la voiture une pancarte précisant qu’ils l’avaient achetée avant les facéties du patron. Assez visionnaire je dois dire, je n’avais pas acheté de Tesla à aucun moment, un vrai acte de résistance.
09:43 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (2)
01/02/2025
"Et moi, et moi, et moi"
Je ne vous fais pas une révélation en disant qu’on assiste à un individualisme de plus en plus répandu. Et cet égotisme envahissant prend des proportions inquiétantes pour tout le monde.
On n’est pas certain d’être parvenu au pic de l’épidémie de grippe. Les statistiques nous disent qu’une personne à risque sur 2 n’est pas vaccinée et qu’aux urgences 80% des grippés ne sont pas vaccinés. Beaucoup de phrases commencent par « moi, je » pour énumérer des raisons spécieuses d’éviter le vaccin. On peut estimer qu’on a le droit d’affronter une grippe si on veut, mais on n’a pas le droit de distribuer ses microbes à ceux qui nous entourent.
Sur l’autoroute on annonçait un pic de pollution et l’obligation de rouler à 70 km/h. La file où nous nous trouvions qui respectait cette limite était doublée en permanence par des conducteurs qui se fichaient bien d’ajouter leur part de pollution et maintenaient leur 110 habituels.
Dans les féminicides encore trop fréquents on peut noter que le tireur est souvent l’ex- compagnon de la victime. Pour ces sortes de « moi, je » bardés de machisme, c’est une atteinte insupportable à leur virilité et leur puissance que d’être laissé en plan par une femme.
C’est l’idée de leur puissance qui anime les politiques jugés pour des violences sexuelles. Ces gens « éduqués » épargnant jusqu’alors un final meurtrier. On parle évidemment des gros bonnets. Mais presque chaque semaine c’est un maire de village qui s’est pris pour un roitelet qui se fait épingler.
Le nouveau locataire de la Maison Blanche est le pape incontesté d’un égotisme proclamé. Il avait traité de noms injurieux des chefs d’état avec un total mépris des usages diplomatiques. Quand le pasteur avait rappelé lors de l’office suivant l’investiture le respect dû aux personnes différentes et pauvres, après avoir baissé la tête pendant le sermon, il avait répondu courageusement dans un tweet en l’injuriant. Il se demande d’ailleurs pourquoi on continue de l’embêter avec cette histoire d’actrice de porno. Il a payé, en dollars pas en remords, donc il est quitte.
Devant les ultras-tolérants qui jettent ces excès par-dessus l’épaule, je m’inquiète de cette dérive où la puissance notamment de l’argent autorise le mépris des autres. Si cette dangereuse évolution se poursuit le monde va fonctionner dans des pratiques plus bestiales qu’humaines. Encore que les bêtes montrent souvent des attitudes de compassion entre elles. Peu de différences entre nous et les gorilles ou les lions. Le mâle dominant a conquis sa place par la violence contre les autres mâles et doit l’exercer pour garder son statut. Les documentaires animaliers auront seulement besoin de changer les sujets.
15:10 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)