24/10/2023
Notre EHPAD de luxe
J’avais cru prendre un coup au coeur au départ de notre camping-car et versé quelques larmes versifiées suite à ce chagrin. Mais le blog de l’emprunteuse racontant ce qu’ils visitent et ce qu’ils voient. Du coup, ce qu’on aurait pu voir, mais ce qu’on a vu nous aussi. Et cette évocation nous fournit une animation pour nos longues soirées.
Notre logis n’est pas tape-à-l’œil avec des plantes exotiques dans l’entrée et des tapis sur lesquels d’ailleurs on se casserait la figure. Il est spacieux avec toutes les commodités. On a même un jardin privatif qui tendrait à la munificence si la météo y mettait un peu du sien. Pour l’extérieur et l’intérieur nous avons un personnel qui vient à la demande et sait être compétent, stylé et discret
Nous avons nos repas livrés. Chaque lundi, notre voisine nous livre des œufs, des tomates, beaucoup de tomates et les produits de son jardin. Il n’y a plus qu’à faire cuire car nous avons une cuisine intégrée et bien équipée. Elle nous livre aussi la revue de l’actualité, essentiellement familiale. ¨Pour les moments de moindre forme nous pouvons commander des repas surgelés.
Le droit de visite n’est pas limité et, sauf la nuit et la sieste, nous recevons qui nous voulons. Nous réchauffons nos neurones par des relations intergénérationnelles. Nous avons périodiquement de très jeunes enfants qui bousculent nos meubles et nos habitudes.
Après les visites, les travaux d’entretien, nous pourrions nous passer de TV d’autant que les documentaires et débats d’autrefois ont disparu. En pensant à nos longues soirées esseulées, le jeune qui nous visite souvent nous a installé Netfkix. Comme on ne sait pas bien chercher, on en revient à nos classiques d’autrefois tel « The Crown »
, Notre pension est semi-médicalisée avec une infirmière retraitée à plein temps. Mais surtout avec la sœur de Besançon. Pour elle-même, elle ne raffole pas des piqures, des vaccins et même des médicaments. Mais, au moindre symptôme, elle émet des préconisations. Elle ne délivre pas d’ordonnance mais venant de cette source, on se conforme à ses prescriptions.
Pour être sûrs nous avons acheté notre place et évité ainsi d’être sous la coupe de ces sociétés à la réputation douteuse. Cela nous vaut une taxe foncière assez rondelette, mais c’est le prix de notre autonomie.
Quitte à prendre plus de personnel si la maison et ses occupants se décatissent davantage, je crois que nous resterons encore longtemps dans notre EHPAD de luxe.
15:27 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
07/07/2023
Joyeux anniverrsaire
« Joyeux anniversaire », qu’ils disaient, ceux qui n’avaient pas oublié la date. Et le récipiendaire de ces vœux, avait-il l’humeur joyeuse en lui rappelant qu’après la soixantaine, la septantaine, il était largement dans l’octantaine. La réponse à cette question dépend du côté où on porte son regard.
L’avenir, ce pourrait être le temps des regrets. De n’avoir pas fait le chemin de Compostelle, ni d’autres projets semblables. Celui aussi de n’avoir plus les moyens de lancer d’autres projets dans les années futures. Et la question lancinante : des années futures, il en reste beaucoup ?
C’est plus drôle de jeter son regard sur le passé si rempli de souvenirs et de riches actions. A tout seigneur, tout honneur : mon épouse. Je n’ai pas usé de stratégies audacieuses pour la conquérir : c’est elle qui m’a fait les 1ères avances. Lors des récentes noces de diamant où on a recensé toutes les qualités qu’on lui prête, je ne regrettais pas d’y avoir cédé.
Quand on se marie en 1959, c’est pour avoir des enfants. On les a eus, quelque peu en rafale. Faute d’apprentissage adapté, on les a élevés par la méthode « essais-erreurs », un peu rustique. Les vacances étaient en camping. S’ils s’étaient appelés Lagardère ou Arnaud, est-ce qu’ils auraient fait du ski, hébergés chez Mr Ramel à La Côte d’Arbroz ? Pour la part qui nous revient dans leur éducation, on a du avoir la moyenne. Dans la maison construite avec plein de pièces en pensant à eux, ils semblent y revenir volontiers.
Une vie de boulot où j’ai eu la chance de surtout rencontrer des gens connus, les salariés, ou inconnus, les candidats. Avec ces derniers j’ai beaucoup appris. Tel celui-ci qui a fait les expéditions Paul-Emile Victor dans l’Antartique. Ou cet autre, qui m’a obligé à réfréner mon envie de le saquer quand il m’a dit qu’il avait mis au point la fermeture des paquets de café moulu.
Boulot entrainant déménagements où la tribu a bien voulu suivre. Les boites qui offrent « la prime de rideau » semblent ignorer que lorsqu’on a posé les rideaux, il reste beaucoup à faire. C’est la maitresse de maison qui en a tout le poids. Vient la retraite dont le face à face nouveau est fatal à beaucoup. Pour nous qui avions oublié nos défauts respectifs, remplacés par des attentions, des désirs anticipés, ce fut quasiment un paradis. Y compris quand notre fils vagabond nous attendait en Equateur ou en Birmanie.
A ce tarif, je peux regarder l’avenir avec confiance. Pas en fauteuil ni admissible en EPAD spécial cerveau, j’espère gagner la nonentaine sans soucis excessifs.
P.S. Pour vérifier sans doute sa vigueur à 88 ans, papy a scié un tronc gros comme la cuisse (d’un gamin). Pourquoi regarder derrière ?
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22/06/2023
Faut-il sauver la télé ?
Variant d’ayatollah de l’info pure et dure, mon fils qui va la chercher jusqu’en Angleterre, s’enorgueillit d’avoir délaissé la télévision. A mon avis, il a manqué ce reportage de vendredi dernier montrant une femme courageuse, formant des mois durant, une dizaine de détenus de Fresnes pour leur permettre de servir un texte correctement à l’Odéon devant 700 personnes. Pari réussi pour eux et pour les spectateurs plongée édifiante dans la vie des détenus.
En revanche, il n’a probablement pas vu, et il a diablement raison, ce très long et fumeux reportage sur l’ouverture d’un « Bar à chiens ». Et la patronne de nous faire visiter les lieux, de soins, de massage, de repos, où ces bêtes bénéficient aussi d’ostéopathes, de psychologues dédiés. Pour se donner bonne contenance, la dame précise qu’elle ouvre son bar aux personnes en souffrance, car « privées » de chiens. Je connais beaucoup de personnes privées de chiens qui n’en souffrent pas trop et qui auraient tendance à réfréner difficilement une envie de flanquer des coups de tatane aux dites bestioles.
Que ces minutes d’antenne permettent de conforter l’abêtissement de quelques-uns, passe encore. Mais qu’on ne dispose pas suffisamment de ces précieuses minutes pour raconter exactement comment on veut dispatcher les S.D.F. de l’Ile de France quelque part en province pour ne pas gâcher la vue des prochains spectateurs des J.O. dont on ne dénoncera jamais assez les méfaits, ça ne passe pas.
Grâce aux chiens la télé nous rappelle qu’on vit sous une fracture sociale. D’un côté on a les chiens bourgeois, choyés dans un « bar à chiens », dont le coût d’entretien est faramineux. De l’autre, une pléthore de chiens abandonnés à la S.P.A. et qu’une association, de volontaires bien sûr, forme en une année pour leur apprendre leur futur rôle d’accompagnants, singulièrement auprès des aveugles.
Ce n’est pas que la télé qui m’en apprend sur les chiens, vis-à-vis desquels j’assume une vraie aversion. De toutes les races, de toutes les tailles, du soi-disant toutou à sa mémère au gros agressif qui attaque les enfants du maître. Avec toutefois 2 exceptions. D’abord, le Saint-Bernard parce qu’assez pataud, un peu nounours, même si la légende du tonneau au cou plein de rhum pour secourir les naufragés de la neige est fausse. Et puis surtout, ceux qu’on appelle les chiens d’aveugles, tellement utiles.
Dans ce méli-mélo de reportages, je garde l’idée qu’il ne faut pas jeter complètement la télé aux orties. Surtout si, malgré tout, émergeait ce projet d’une télé resserrée, publique, hors Audimat, donc sans pub. Des experts ont remarqué un pic de consommation d’eau provenant des chasses d’eau, de la fin des infos au début de la pub. N’est-ce pas une preuve quasi scientifique que la pub fait « ch… » Il faudrait se dépêcher de profiter de cette malheureuse télé avant que l’I.A. n’inonde tous les écrans de vidéos truquées, pour émoustiller le bon peuple qui ne montre pas une violente allergie à la bêtise.
15:55 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)