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11/05/2023

Vivement la retraite

Il n’est pas nécessaire d’être un fin psychologue, ni un  brillant économiste pour pouvoir s’exprimer à la radio. Mais un brin de culture serait bienvenu pour nous épargner celui qui assénait : « les retraités sont tous propriétaires ». Une telle « information » m’a fait bondir et donné envie de rectifier un peu. Les retraités en effet ne sont pas vraiment mal aimés, ne serait-ce parce que ceux qui parlent sont les enfants ou petits-enfants de ceux-ci, mais l’appréciation de leur vie demeure dans l’à peu près.

J’admets que mon club de retraités ne représente pas un échantillon représentatif au sens de la rigueur statistique mais il montre assez bien la fausseté du discours ci-dessus notamment vis-à-vis des retraitées. On saisit, au gré d’un vin chaud ponctuant une séquence de ski de fond, que la retraite en propre, ou l’éventuelle pension de reversion, n’assure pas des équipements au top, ni des vêtements du meilleur faiseur.

En France, on s’accorde à louer un système social remarquable. Certes, on n’a pas, comme aux U.S.A. des campings spécialement équipés pour accueillir des retraités dans la septantaine qui viennent faire  une saison dans un Centre Amazon pour compléter leurs revenus. Pour autant, des retraitées françaises proposent aussi leurs services pour le même motif. La personne qui vient  chez nous faire le ménage en est un des exemples.

Plus organisée, cette responsable d’association met en relation des retraités et des familles pour les aider, en particulier conduire les enfants à l’école. MAIS, à la demande des parents, elle refuse d’envoyer un retraité-chauffeur de plus de 65 ans, étiqueté peu sûr. On se pique volontiers d’accepter les vieux sans aucune réticence. Voilà un beau contre-exemple, si tant est qu’on soit vieux à 65 ans.

Des retraités qu’on oublie : les sportifs de haut niveau. Je connais mieux les anciens cyclistes que les golfeurs ou les joueurs de croquet. Ceux qui ont connu une petite gloire sur leur vélo peuvent  espérer un rôle de manager d’équipe ou, presque journaliste, de commentateur à la télé. Mais les autres ? Au gré d’un reportage, on découvrira un ancien, dont le brin de gloire a fondu avec le temps, vivant chichement, plus ou moins aux crochets de sa famille.

Dans la vie active, on entend souvent ce mantra : « Vivement la retraite », ce moment de liberté tant espéré. Certains de mes enfants ont atteint ou vont atteindre ce Graal. Ils risquent de découvrir que les espaces de liberté ont une fâcheuse appétence à se remplir, voire à déborder. On ne les entendra pas alors, murmurer in petto : « Vivement la retraite » !

15:18 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

05/05/2023

Retour de talibans masqués

En 8 années de pension, on a pu saisir une seule minute d’humour de notre très rigide supérieur déclarant : « Il y a 2 sortes de fromage : le Brie et le non-Brie ». On en rit encore ! Sous ce docte patronage, je m’en inspirerai pour le sujet d’aujourd’hui en disant : il y a taliban et taliban.

Les talibans que tout le monde a à l’esprit sont ceux d’Afguanistan qui musellent les femmes, interdisent l’éducation des filles et se réclament, chacun avec Daech, du vrai islam à coups de bombes. Ceux dont je veux parler sont les autres, ceux de tous les jours, sûrs de leur doctrine et qui administrent des ukases avec beaucoup d’aplomb.

La Commission européenne, grande pourvoyeuse de dogmes, a, par exemple, décrété la fin des voitures  thermiques en 2035. Une belle annonce applaudie par les écolos. A qui on n’a pas trop dit que la construction d’une voiture électrique et de ses batteries n’est pas vraiment écolo. Et qu’au train  actuel, le supplément d’électricité nécessaire sera fourni par le nucléaire.

Bien avant 2035, sévissent déjà les ayatollahs de la bouffe. Passe encore pour la trilogie : pas de sel, pas de sucre, pas de graisse. Mais la doctrine talibane en veut plus. Avec le régime végétalien, on est sûr de ne pas ingérer de calories indues. Heureusement, il y a un  petit plus positif : avec l’huile d’olive, qui a fait le bonheur des crétois, il faut prendre de l’huile de colza, pour dénicher les introuvables omega-6.  

La gent cycliste a toujours eu ses ayatollahs, surtout en mécanique, nombre de dentures, choix de matériaux, mais dans notre club, sur la nourriture, oh ! Quand un  bistrotier veut bien nous accueillir pour notre pique-nique, on  se doit de choisir une consommation. Choix qui se porte souvent, pour 8 ou 10 cyclistes, sur une bouteille de vin. C’est là qu’intervient le taliban du jour, fustigeant notre fond de verre de vin pour humecter notre sandwich. Et de compléter sa diatribe par le choix d’un thé. Intercaler des lampées de thé dans le saucisson-beurre, c’est d’ »un gouleyant !

A notre grand regret, on a eu aussi notre taliban-mécano au club. Un cycliste prévoyant emporte une chambre à air, quelques clés. Lui, a sorti de sa trousse un mètre à ruban ! Avec lequel il s’est aussitôt jeté, sans préavis, sur le vélo d’un copain pour déclarer : « la distance entre le guidon et le bec de selle est trop grande ». Interloqué, le copain est resté coi. Si l’impudent était venu me chicaner sur ma hauteur de selle, je lui aurais demandé si d’aventure, il voulait compter les centimètres entre mon périnée et mon talon !

Sans doute, insuffisamment infantilisés, des prévoyants talibans veulent nous doter du Nutriscore sur TOUS les aliments pour que nous sachions quoi manger. A l’instar de mes beaux-parents qui ont atteint le grand âge, grâce à une ration quasi quotidienne de Comté, je continuerai de déguster ce fromage en me fichant des doctes personnes qui lui ont attribué un infâmant E au Nutriscore.

 

14:55 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

28/04/2023

Le retour à la terre

Dit comme ça, on pourrait penser qu’on vient de fuir une grande métropole pour gagner la campagne. En réalité, il y a bien longtemps que nous avons laissé la vie parisienne. Installés dans notre campagne depuis des lustres, certes à temps très partiel, nous sommes des paysans.

Comme de bons paysans, notre 1er souci est la météo. Dans notre moment de lecture, après le petit déjeuner, mon épouse inaugure  la sienne par la météo. Avec la même rigueur que son père. Ce brave beau-père, émergeant du tintamarre de nos enfants et de leurs cousins, sortait une des phrases passées dans l’histoire : « Il y a 5 minutes de nouvelles et on ne peut pas les écouter correctement » ! Ses sources météo venant de Radio-Sottens en Suisse parce que  plus fiables selon lui.

Le 2ème souci du paysan, c’est l’eau. Dans notre terrain pas du tout bétonné, qui prend bien la pluie quand elle veut arriver, pas besoin de creuser des méga-bassines ou de forer des puits comme beaucoup de nos voisins. A preuve nos arbres qui se déploient généreusement et notamment notre cerisier qui s’est pris pour un Baobab dès sa plantation.

Météo vérifiée, on va préparer la terre. Très précurseurs par rapport à la doxa actuelle, on ne fait pas un labour profond mais un grattage de surface pour aérer la terre. Qui suffit à procurer ampoules et courbatures. C’est pourquoi on se fait aider d’un ouvrier agricole. Très dissemblable de ses collègues de nos grands-pères, celui-ci vit sa vie en toute autonomie. Prévu samedi avec le soleil, il décline au dernier moment. Il viendra dimanche par grosse pluie. Quand ses chaussures ont transporté de la terre dans divers coins de la maison et qu’on a mis à sécher les vêtements de pluie qu’on lui a prêtés, c’est clair : il faudra revenir (par temps sec ?)

Vient le moment des semailles. Quelques fleurs puisque citadins-paysans et beaucoup de salade. La dame qui repoussait le saladier d’un rêche : « Je ne suis pas un lapin » disparue est remplacée par un petit-fils souvent à notre table et fan de salade. Notre production n’y suffira pas. Avec le persil, on s’offre un menu plaisir : il pousse chez nous, alors qu’il se refuse à sortir chez le directeur de recherche de l’INRA de St-Germain.

En attendant ces récoltes, on aura bientôt dans le peu de cerises que le gel nous a laissées, une piètre part à partager avec les oiseaux. On récoltera par contre en permanence une herbe assez abondante pour nourrir un troupeau de montbéliardes.

Même à temps très partiel, notre dos rompu et nos mains calleuses nous font apprécier la fin  de telle ou telle séquence. Pas à l’image de ce voisin de mon grand-père qui les ponctuait d’un verre de marc. Néanmoins, quand on finit une séance difficile, par exemple après avoir fait la paie de notre ouvrier aux états de service primesautiers, on s’autorise volontiers un apéro bu, bien sûr, avec modération.

16:37 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)