07/12/2024
J'ai plus de 50 ans et je n'ai ni Pollex, ni Tesla
Comme vous avez pu le lire dans ma dernière chronique, les vocables anglais et ce qu’ils représentent déclenchent chez moi un enthousiasme des plus modérés. Bien sûr, je n’en veux pas aux américains (encore qu’une partie d’entre eux vote drôlement), mais à l’envahissement de leur langage dans le notre.
Tout se passe comme si nous étions une société bilingue où tout évènement inhabituel ou produit un peu exotique ne pouvait être nommé qu’en Anglais. Notre langue si riche (ceux qui l’apprennent le disent) peut pourtant répondre à toutes les situations. Elle peut s’effacer devant un terme intraduisible ou une expression depuis longtemps adoptée. Comment pourrions-nous oublier le week-end ? L’excès, la sagesse le rappelle, est un défaut.
Comment en effet espérer qu’un 1er ministre échappe à la censure du R.N. en le menaçant d’un shutdown ? Erreur de traduction probablement : le R.N. a dégainé la censure. Le 1er chanteur venu à petite voix et texte pas beaucoup plus flamboyant va habiller celui-ci d’anglais et il va vous prendre des airs de retour de la route de Madison.
Comment espérer un recul de cet envahissement devant des assauts officiels. Dans un pays comme l’Algérie où tout le monde, jeunes et vieux, parle français, le gouvernement interdit le français à l’école. Et il met quoi à la place ? L’anglais bien sûr !
Il y a pourtant une idée simple pour amorcer ce recul. Dans ce moment où on cherche activement des recettes pour notre budget on devrait taxer les possesseurs de Tesla. Voilà des gens co-responsables des idées ultralibérales d’Elon Musc, le cheval de Troie sur notre sol. Contrairement à d’autres contribuables, ils ne se cachent pas. Au contraire, cet objet complète leur panoplie de m’as-tu-vu.
On entendait récemment les doléances éplorées des collectivités locales dont on voulait étrangler le budget. Cela n’a pas empêché la commune de Mandelieu d’équiper sa police de Tesla. Un acte de traitrise, à mes yeux, par rapport à la France. On attend qu’un 1er ministre « qui en a », même si elle s’appelle Lucie, mette un peu au pas cette assemblée décidemment curieuse.
J’ai beau mordiller les chevilles d’Elon Musk, je vois bien que je ne ferai pas baisser ses actions d’un iota et que je n’apporte pas de points au français dans le match qui l’oppose à l’anglais. On continuera de passer d’Haloween à Black Friday et des Fake News à Thanksgiving. C’est le moment de se replonger dans un Charlie ou de saliver à la lecture de Gargantua dégustant ses fricandeaux.
10:50 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
29/11/2024
Ne sommes-nous pas trop riches
Voici un post qui a eu du mal à voir le jour. Déjà plombé par un fort coup de mou sur l’énergie, il souffrait d’une hésitation sur les modes de relation à propos du voyage en Algérie. Question résolue : je continuerai de relater les étapes de ce voyage selon les bouffées d’inspiration à venir. Quant au blog, il reprendra mes humeurs que l’actualité déclenche.
Et l’humeur du jour tient à l’inépuisable Black Friday. Après les manifs contre la vie chère, c’est la grande manif du « on achète tout ce qu’on trouve et tant pis ». Je n’en ai pas besoin, mais c’est tellement peu cher ! La grande kermesse aussi des arnaques. Toute personne censée se méfierait d’un objet à 200 euros proposé à 12 euros. Sauf cette personne qui se plaint d’avoir perdu 12 euros. Allons-y pour la folie, c’est labellisé américain.
Il faut croire que ça passe mieux sous ce drapeau. Décorée du nom d’Halloween, la gentille quête aux bonbons peut s’épanouir. Je ne choisis pas un mauvais bonbon pour le gamin qui me tend la main déguisé en monstre mais je pense à sa mère qui a dépensé quelques euros souvent précieux pour un costume d’un jour.
Je vous entends déjà : il lui a fallu près de 90 ans pour découvrir que la société est vénale. En fait, c’est le niveau qui me hérisse. C’est la période où les boites aux lettres récoltent leur pluie de quête aux sous des associations. Elles expliquent leur objet et indiquent que ce don bénéficie d’une exonération fiscale. Bonne chose pour elles et pour les donneurs. Ce qui m’a fait tourner les sangs, c’est cette enveloppe où sur la totalité de sa surface était écrit en gros chiffres 66 %. Ne vouloir m’attraper sur ce sujet que par un gain de sous me révolte plus qu’une quête costumé en monstre.
On voit qu’on peut dérailler dans le vénal sans recourir au label américain. Une autre grande kermesse française du moment : le marché de Noel. Très bien résumé par cette proche sur le départ pour le marché de Strasbourg: « Je n’ai rien à acheter, mais c’est tellement joli ». Gageons que le retour sera quand même assorti de quelques bricoles en souvenir.
Et cela nous ramène vers l’Algérie. Quand des français gâtés ronchonnent d’un point de confort qui vacille on les inviterait volontiers à vivre un moment près de cette population qui, avec de faibles moyens, grappille dans les souks de quoi manger et se vêtir. Et ces gens généralement pauvres abordent 2 français avec simplicité, et même chaleur. On imagine 2 algériens abordant au hasard quelques français. On s’interroge sur la réponse, même ailleurs que dans les terres labourées par le R.N.
15:20 | Lien permanent | Commentaires (1)
26/10/2024
"Guerre et Paix"
J’évoquais un jour mes regrets d’avoir été en Algérie dans un contexte de guerre et de n’avoir pas pu voir ses paysages et ses habitants dans un pays plus apaisé. Mon fils a saisi la balle au bond et m’a concocté un voyage de touriste curieux dans cette Algérie
Dans une sorte de repentance, il a même prévu une arrivée par bateau sur le port d’Alger. Bien sûr, il y a 64 ans, sur le bateau qui nous y emmenait, l’esprit était plein de doutes. Qu’est-ce qu’on va faire là-bas ? Comment va-t-on être reçu ? Cette arme, il faudra s’en servir ?
Au lieu du débarquement en troupeau emmené aussitôt par camions vers le 1er casernement, je vais apprécier de pouvoir contempler le port, la ville et des habitants qui s’agitent normalement à leur travail et vaquent tranquillement à leurs occupations.
En soldat, je n’ai quasiment pas vu d’habitants. Enfermés dans notre ferme le jour, chaque nuit le commandant nous envoyait « en embuscade », en fait créer des primes de bivouac échappant aux appelés mais profitant à son état-major. Sans besoin de « choufs » spécialisés, il était facile de savoir dans quelle direction nous partions et d’éviter ainsi les mauvaises rencontres.
Dans ces conditions, je ne pouvais guère apprécier où nous nous trouvions. Mon fils aimerait que nous retrouvrions cette fameuse ferme de jour. A défaut, les souvenirs étant très imprécis, on ira à Milliana où je n’ai fait qu’un très bref passage à l’hôpital militaire et dont mes yeux aimeraient maintenant voir le reste de la ville.
Je compte sur mon historien-géographe professionnel pour découvrir enfin ces sites dont on a tant parlé mais que je n’ai pas eu le loisir de contempler. Je crois que c’est prévu et que nous verrons le massif du Djourdjoura et la Kabylie et qu’on jettera un œil sur le désert. Ce sera de toutes façons l’entier plaisir de la découverte.
J’espère que ces déambulations me permettront de rencontrer enfin des algériens chez eux. Dans mon temps de soldat, j’en ai peu vu. A peine entrevus dans le village où j’allais d’un coup de jeep chercher les consignes de mon commandant qui ne passaient pas à la radio. Ce ne sera pas forcément évident d’échanger en français. Mais on a vu que dans les pays dont on n’avait pas la langue, ni l’anglais possible, en Equateur ou en Mongolie, les conversations par les mains pouvaient être très riches.
10:37 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)


