07/07/2023
Joyeux anniverrsaire
« Joyeux anniversaire », qu’ils disaient, ceux qui n’avaient pas oublié la date. Et le récipiendaire de ces vœux, avait-il l’humeur joyeuse en lui rappelant qu’après la soixantaine, la septantaine, il était largement dans l’octantaine. La réponse à cette question dépend du côté où on porte son regard.
L’avenir, ce pourrait être le temps des regrets. De n’avoir pas fait le chemin de Compostelle, ni d’autres projets semblables. Celui aussi de n’avoir plus les moyens de lancer d’autres projets dans les années futures. Et la question lancinante : des années futures, il en reste beaucoup ?
C’est plus drôle de jeter son regard sur le passé si rempli de souvenirs et de riches actions. A tout seigneur, tout honneur : mon épouse. Je n’ai pas usé de stratégies audacieuses pour la conquérir : c’est elle qui m’a fait les 1ères avances. Lors des récentes noces de diamant où on a recensé toutes les qualités qu’on lui prête, je ne regrettais pas d’y avoir cédé.
Quand on se marie en 1959, c’est pour avoir des enfants. On les a eus, quelque peu en rafale. Faute d’apprentissage adapté, on les a élevés par la méthode « essais-erreurs », un peu rustique. Les vacances étaient en camping. S’ils s’étaient appelés Lagardère ou Arnaud, est-ce qu’ils auraient fait du ski, hébergés chez Mr Ramel à La Côte d’Arbroz ? Pour la part qui nous revient dans leur éducation, on a du avoir la moyenne. Dans la maison construite avec plein de pièces en pensant à eux, ils semblent y revenir volontiers.
Une vie de boulot où j’ai eu la chance de surtout rencontrer des gens connus, les salariés, ou inconnus, les candidats. Avec ces derniers j’ai beaucoup appris. Tel celui-ci qui a fait les expéditions Paul-Emile Victor dans l’Antartique. Ou cet autre, qui m’a obligé à réfréner mon envie de le saquer quand il m’a dit qu’il avait mis au point la fermeture des paquets de café moulu.
Boulot entrainant déménagements où la tribu a bien voulu suivre. Les boites qui offrent « la prime de rideau » semblent ignorer que lorsqu’on a posé les rideaux, il reste beaucoup à faire. C’est la maitresse de maison qui en a tout le poids. Vient la retraite dont le face à face nouveau est fatal à beaucoup. Pour nous qui avions oublié nos défauts respectifs, remplacés par des attentions, des désirs anticipés, ce fut quasiment un paradis. Y compris quand notre fils vagabond nous attendait en Equateur ou en Birmanie.
A ce tarif, je peux regarder l’avenir avec confiance. Pas en fauteuil ni admissible en EPAD spécial cerveau, j’espère gagner la nonentaine sans soucis excessifs.
P.S. Pour vérifier sans doute sa vigueur à 88 ans, papy a scié un tronc gros comme la cuisse (d’un gamin). Pourquoi regarder derrière ?
17:45 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
30/06/2023
Mon esprit ne va si les jambes ne s'agitent (Montaigne)
L’esprit va vraiment bien aller, comme l’exprime Montaigne, pour cette 1ere sortie autocariste, d’ailleurs sans même agiter les jambes. Se retrouver dans ce fond de vallée, à 1100m, avec la radio oubliée, sans accès télé et n’avoir qu’à contempler les montagnes qui nous entourent. En outre, on a laissé la chaleur des plaines et le casque bouillant qui chauffait les neurones pour renouer avec la fraicheur et l’air pur de l’altitude.
Les jambes, on va vite devoir les agiter. On a besoin de pain pour manger et il n’y en a plus. Et là c’est papy qui s’y colle. Sans trop de regrets puisqu’il s’agit de joindre Antraygues à vélo pour la précieuse nourriture. Précieuse car, comme assez souvent dans nos campagnes isolées, le pain est croustillant à souhait. Et la remontée à vélo, un plaisir.
Petit intermède : en effet, après le manque de radio, de télé, au moment de faire le café du matin, je découvre qu’on est aussi sans gaz. Pour le café qui nous remet d’aplomb au réveil, c’est grave. Mais indispensable aussi pour la cuisine et surtout le frigo qui abrite nos provisions du séjour. Finalement, ma coéquipière qui sait parler à tous, et décrire le dépérissement probable de 2 vieilles personnes, a obtenu que le camping nous vende une bouteille sur ses réserves.
Après tous ces succès, il fallait agiter aussi les jambes de ma coéquipière. Ce sera donc le chemin bien connu vers le refuge de Font-Turbat. Nous n’irons pas jusque là, ni même à la Cascade de la Pisse, mais au portail marquant l’entrée du Parc des Ecrins doté d’un banc bienvenu. En ruminant que les édiles manquent un peu d’imagination pour être des centaines à décerner ce nom à leurs cascades, et déjà une trentaine dans les seules Alpes. Il faut aller dans l’Ain pour découvrir une cascade de Pisse-Vache. En montagne en tous cas, ça pisse beaucoup !
Dans ce camping des Faures où nous avons (presque) nos habitudes, on a un sentier délicieux qui longe le torrent, particulièrement impétueux en ce moment. Nous le pratiquons quotidiennement, d’autant plus facilement qu’il se conclut par une pause au bar, agrémentée de discussions avec nos rares voisins.
Ceux-ci, à l’exception d’un randonneur chenu un peu « bourrin », se sont donné le mot d’amener en ces lieux des bébés de 2 mois, issus d’un couple hétéro ou de 2 jeunes femmes. Sans aucun à priori, mon arrière-grand-mère préférée va faire des gracieusetés aux bambins, en oubliant des désirs d’enfants, petits, très petits, qui ne sont pas partis avec l’âge.
Montaigne ne pouvait pas prévoir les étonnantes prouesses technologiques en support à la pensée, ni les records physiques obtenus par des millions de jambes mais sa maxime sied bien à une balade campagnarde, loin de la canicule, de la pollution et de l’enfermement forcé entre 4 murs.
16:55 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
22/06/2023
Faut-il sauver la télé ?
Variant d’ayatollah de l’info pure et dure, mon fils qui va la chercher jusqu’en Angleterre, s’enorgueillit d’avoir délaissé la télévision. A mon avis, il a manqué ce reportage de vendredi dernier montrant une femme courageuse, formant des mois durant, une dizaine de détenus de Fresnes pour leur permettre de servir un texte correctement à l’Odéon devant 700 personnes. Pari réussi pour eux et pour les spectateurs plongée édifiante dans la vie des détenus.
En revanche, il n’a probablement pas vu, et il a diablement raison, ce très long et fumeux reportage sur l’ouverture d’un « Bar à chiens ». Et la patronne de nous faire visiter les lieux, de soins, de massage, de repos, où ces bêtes bénéficient aussi d’ostéopathes, de psychologues dédiés. Pour se donner bonne contenance, la dame précise qu’elle ouvre son bar aux personnes en souffrance, car « privées » de chiens. Je connais beaucoup de personnes privées de chiens qui n’en souffrent pas trop et qui auraient tendance à réfréner difficilement une envie de flanquer des coups de tatane aux dites bestioles.
Que ces minutes d’antenne permettent de conforter l’abêtissement de quelques-uns, passe encore. Mais qu’on ne dispose pas suffisamment de ces précieuses minutes pour raconter exactement comment on veut dispatcher les S.D.F. de l’Ile de France quelque part en province pour ne pas gâcher la vue des prochains spectateurs des J.O. dont on ne dénoncera jamais assez les méfaits, ça ne passe pas.
Grâce aux chiens la télé nous rappelle qu’on vit sous une fracture sociale. D’un côté on a les chiens bourgeois, choyés dans un « bar à chiens », dont le coût d’entretien est faramineux. De l’autre, une pléthore de chiens abandonnés à la S.P.A. et qu’une association, de volontaires bien sûr, forme en une année pour leur apprendre leur futur rôle d’accompagnants, singulièrement auprès des aveugles.
Ce n’est pas que la télé qui m’en apprend sur les chiens, vis-à-vis desquels j’assume une vraie aversion. De toutes les races, de toutes les tailles, du soi-disant toutou à sa mémère au gros agressif qui attaque les enfants du maître. Avec toutefois 2 exceptions. D’abord, le Saint-Bernard parce qu’assez pataud, un peu nounours, même si la légende du tonneau au cou plein de rhum pour secourir les naufragés de la neige est fausse. Et puis surtout, ceux qu’on appelle les chiens d’aveugles, tellement utiles.
Dans ce méli-mélo de reportages, je garde l’idée qu’il ne faut pas jeter complètement la télé aux orties. Surtout si, malgré tout, émergeait ce projet d’une télé resserrée, publique, hors Audimat, donc sans pub. Des experts ont remarqué un pic de consommation d’eau provenant des chasses d’eau, de la fin des infos au début de la pub. N’est-ce pas une preuve quasi scientifique que la pub fait « ch… » Il faudrait se dépêcher de profiter de cette malheureuse télé avant que l’I.A. n’inonde tous les écrans de vidéos truquées, pour émoustiller le bon peuple qui ne montre pas une violente allergie à la bêtise.
15:55 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)