03/08/2023
Et après ?
Bien que complètement guéri de l’espoir d’une jeunesse perpétuelle, je suis parfois sujet à des accès de déni de vieillesse. Relatant une sorte de brève de comptoir, je commence : « y’avait un papy… » ou évoquant une rencontre avec les collègues, j’excuse sa monotonie d’un « c’était que des vieux » en croyant ne pas faire partie de cette catégorie des personnes âgées. Quelques évènements vont m’aider à réintégrer la bonne case.
Tout fier de pouvoir enfourcher le vélo à 88 ans, je me revoyais comme le fringant quinqua escaladant le Mont Aigoual, prenant des photos tout en pédalant. Sauf que la semaine passée, dans un embrouillamini de vitesses, la chaine s’est bloquée et m’a flanqué par terre. Sans dommages. Mais, pour sûr, le cycliste n’est plus ce qu’il était.
Le plaisir du C-car s’accompagne de quelques servitudes, dont la vidange des toilettes dans un endroit approprié. Nous y étions mardi dernier. Là, en surdoué de maladresse, j’ai fait tomber mes lunettes dans un orifice de 10X7 cms. Et de dire justement : « merde, alors » !
Après quelques piqures peu confortables dans l’œil par mon ophtalmo, je m’imaginais retrouver un oeil de lynx. Dans la boutique pour remplacer les lunettes, tombées vous savez où, les mesures objectives de la technicienne m’ont dit que je ne méritais pas le 10/10.
Quand la gériatre m’a trouvé un manque d’équilibre, j’ai pensé qu’elle avait monté un test exprès pour me piéger. Puis, en passant une jambe de pantalon ou en laçant une chaussure avec un appui, je me suis résolu à lui donner raison.
Pendant longtemps, j’ai pris des petits cachets pour aider mon sommeil. Et je piaffais dans mon lit attendant 6 H où je m’autorisais le lever. Aujourd’hui, sans cachets, je me surprends souvent dans une quasi grass-mat, à émerger passées les 7 heures. Un vrai sommeil de vieux !
Au quotidien, c’est mon petit-fils qui oriente mon tournevis vers la vis qui m’échappe. C’est ma petite-fille qui prend spontanément mon bras pour m’aider à trouver la sortie de cette grange assez sombre. Des personnes qui ne réclament pas un statut d’aidant. Ce qui peut signifier que je ne suis pas complètement décati.
N’empêche ! Tous ces petits ratés me classent clairement dans les personnes âgées. Pas doué pour l’improvisation, depuis toujours, je multiplie les préparatifs pour le coup d’après. Personne âgée confirmée, je le prépare comment, le coup d’après ? Les Témoins de Jéhovah et les évangélistes ont leur réponse : « Dieu y pourvoira ». Assez en froid avec ces drôles de religion, je ne peux accepter leur solution. Il me reste à me préparer à l’improvisation.
18:40 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (1)
27/07/2023
Servitude et grandeur de la piste cyclable
En empruntant encore ce demi-titre à A. de Vigny, je vais m’attirer des critiques d’oser mélanger la chose militaire, le champ de bataille avec cette bande de goudron qu’on appelle piste cyclable. Quoique… dans la vie sur la piste, on n’évite pas toujours les batailles même si le champ est étroit. Les propriétaires de chiens, dont certains savent lire, ignorent superbement les panneaux et trouvent sur les pistes le bel endroit sans voitures, où faire batifoler Médor.
Et il batifole Médor! Il traverse la piste juste à l’arrivée du vélo. Sans beaucoup de sens tactique, il essaie de s’en prendre à mes mollets, sans voir que c’est le bon endroit pour ramasser un vrai coup de semelle. Mais on m’a fait, la semaine passée, une figure complètement inédite. Soit 2 chiens et 2 laisses divergentes de chaque côté de la piste, un maître essayant sans succès d’attraper le collier d’un 3ème chien sans laisse celui-là, le tout sous un pont avec la voie rétrécie. Un bel exercice d’adresse pour le cycliste pris dans ce guet-apens imprévu.
Cet espace naturel requiert forcément l’injonction « fauchage raisonné ». Mais ils ont tellement raisonné qu’il n’y a pas eu de fauchage du tout. Résultat : des herbes bien denses jusqu’à hauteur d’homme. Du moins avant l’orage. Après elles sont couchées sur la piste la rendant invisible. Voilà le cycliste-explorateur obligé de se frayer un chemin à la machette. Sauf qu’il est peu fréquent qu’un cycliste emporte une machette dans sa sacoche. Donc, il explore à l’aveugle.
Caravansérail de toutes les servitudes, la piste est encombrée d’objets divers. Une bétonnière oubliée, le tas de sable épandu. Assez couramment, rejeté de la circulation ordinaire, le trebeu électrique communal s’épanouit sur la piste. Très sûr de son « moi, je travaille », il va son chemin assez primesautier. Puis se pose à un tournant, laissant au cycliste un passage étroit et obligé, où il rencontrera une plaque d’égout funeste à ses pneus, des éclats de verre d’une canette éclatée. Arrêté pour soutenir le collègue victime de cette embuscade, je découvre qu’il y a quand même des cyclistes, réconfortants dans leur nombre et leur diversité.
Au-delà des inévitables chiens vagabonds, on trouve des audacieuses poussettes d’enfants, de très téméraires personnes en fauteuil, des sacs poubelles qui n’ont pas trouvé (pas cherché ?) le réceptacle ad-hoc. J’ai même trouvé une fois une voiture brûlée. Vengeance de cyclistes furieux de cette intrusion sur leur territoire ? Pas plus que des machettes, les cyclistes n’emportent dans leurs sacoches de l’essence et des briquets.
Chaque incident à vélo me vaut le commentaire d’une témérité inappropriée (à mon âge ? à mon attention ? à mes muscles ?) Bravant les obstacles et les critiques, je continuerai de pratiquer les pistes cyclables en méditant cette maxime que n’aurait pas désavouée le poète-soldat de Vigny : « Le guerrier qui cultive son esprit fourbit ses armes ».
09:59 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0)
20/07/2023
""Que calor"
C’est une chanson qu’on aurait envie d’entonner si on n’avait pas le souffle coupé par cette surabondance de degrés. Les medias, en tous cas, en font des tonnes sur le sujet. Et font le tour de la France pour nous présenter les villes-records de température. Pour nous consoler de nos 40 degrés, on va chercher dans le monde les lieux qui frôlent déjà les 50. Comme un apéritif du futur !
Pour rester dans un ton un tantinet misérabiliste, on se penche vers ces pauvres français accablés de chaleur. Et puisque ce sont les vacances, on se doit de plaindre les malheureux qui ont choisi de se faire cuire sur le sable brûlant des plages. Par exemple, cette normande qui a choisi sa cuisson sur le sable du Var. Alors qu’elle pouvait économiser les kms et les degrés sur les plages de chez elle qui ont justement la cote cet été.
Pauvres innocents que nous sommes, nous avions bien besoin qu’on nous dise comment nous protéger de cette chaleur. Mettre un chapeau, beaucoup boire, rester à l’ombre d’un arbre. Qui se font rares sur les plages. Chauffés à blanc, (on peut le dire), c’était peut-être le moment de parler de notre responsabilité sur le climat et d’évoquer quelques solutions.
Sujet trop compliqué sans doute. On préfère essayer de prédire quels ministres seront les victimes du prochain remaniement. Autant examiner les viscères d’un animal sacrifié comme les augures d’antan. D’autant que notre président qui essaie de capter l’intérêt en décidant le contraire de ce qui est attendu, ne manquera pas de surprendre les augures.
En vacances en juillet, il y a aussi le Tour de France. Belle occasion de plaindre ces « forçats » et ceux qui cuisent au soleil en les attendant. Eux au moins sont guidés par leur passion. Une passion moins voyante vis-à-vis d’autres cyclistes, ceux qu’on appelle encore les facteurs, qui appuient sur leurs pédales sans une haie de supporters. Pas davantage que ceux qui tâchent de rendre le courant électrique à un village après la tempête. Ni à ceux, à chaud ou à froid, occupés à juguler une fuite d’eau.
En visite à Besançon la semaine dernière, notre hôte, évoquant les guerres de partout, s’insurgeait de la différence de traitement entre les drames extrêmes de la planète et nos modestes préoccupations quotidiennes. Et de déclarer avec fougue : « Notre monde est fou ». Sans mettre autant de fougue, je suis bien obligé, hélas, d’être de son avis.
09:37 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (2)