30/06/2015
"et moi, et moi, et moi"
Nul besoin d’être un fin philosophe ou lecteur assidu du Figaro pour constater que notre société est de plus en plus individualiste et consumériste. Il suffit d’entendre les lamentations du touriste « normal » lorsque le soleil ne distribue pas le juste niveau d’U.V. pour le bronzage ou que la neige n’est pas là quand ses skis à lui sont là. On peut d’ailleurs s’assurer pour cela. Mon grand-père, paysan, doit ricaner dans sa tombe de voir les gens refuser le temps comme il vient.
Et pour l’ego, que dire aussi de cette mode des « selfies » qui proposent de se tirer le portrait et de le distribuer à tout va. On voudrait croire : ma binette, forcément, mérite cette starisation. Il y a même des concours de « selfies » pour désigner le plus…justement je ne sais pas le plus quoi. Si, quand même, au bout du plus, un petit mot de 3 lettres dépeindrait assez bien cette foutaise.
Et ça touche tout le monde. Regardez une minute nos politiques prenant la pose dès qu’une caméra risque de fixer leur silhouette. Le record dans ce monde là serait dévolu aux écologistes qui se déchirent à coup de tweets assassins quand un leader (mot également féminin) menace d’occuper le devant de la scène. C’est une sorte de parti de l’ « égologie ».
Dans cette société assez tumultueuse, on est vite traité d’ original : il suffit de ne pas scruter en permanence la profondeur de ses rides ou la couleur de son bronzage, ou mieux encore de se préoccuper un tant soit peu de ceux qui sont autour de soi.
11:37 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
23/06/2015
Ce sont les tonneaux vides qui font le plus de bruit
On ne s’attend guère à ce qu’une personne d’âge, comme moi, émette des idées nouvelles ou même modernes à l’aune des jugements d’aujourd’hui. Dans mes vieilles idées justement il y a celle-ci : il semble que dans les nouvelles générations, pour exister il faut produire du bruit.
Dans le stade en face de chez moi, on a eu ce jour de calmes matches de foot de gamins. Pourquoi faut-il les conclure par une sono bruyante jusqu’à 11heures et demie du soir ? Partis s’en inquiéter, ce fut pour s’entendre dire que ces adultes avinés avaient la permission de minuit. Mais pas de pousser le son à ce point ni de s’alcooliser dans une enceinte sportive.
Il y a peu, nous roulions tranquillement à vélo dans cette belle route des « Grands Goulets ». Tranquille qualifie le temps, pas l’état d’esprit car nous étions assaillis du vacarme des moteurs de centaines de motos gâchant, ô combien, la somptuosité du paysage. On a cru comprendre que là était leur plaisir !
Dans un autre coin des Alpes tout aussi secret puisqu’il s’appelle Le Désert, nous pestions de ne pouvoir trouver le sommeil vers les minuit à cause de chants jetés à la nuit avec une belle véhémence. On apprit le lendemain que c’était la coutume locale pur se désembrumer de la lourdeur d’un enterrement qui avait eu lieu l’après-midi. Une sorte de fête de la Musique !
J’ai boudé celle de ma commune, craignant d’y entendre ces morceaux que mes vieilles oreilles n’arrivent pas à ranger dans la case « musique ». J’ai sans doute bien fait. En effet, parcourant le lendemain les allées du parc où avait eu lieu l’évènement, jonchées de bouteilles vides, de cartons et papiers, il est probable qu’on ne s’est pas défoulé seulement avec la musique, fut-elle d’époque !
18:38 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
08/05/2015
Souvenirs d'enfance
Est-ce les agressions de notre monde hyper connecté ou tout simplement la pression de l’âge, je suis de plus en plus souvent dans le souvenir de mon enfance heureuse dans un environnement pas vraiment chiche, en tous cas simple et harmonieux.
Après Du Bellay gémissant sur l’absence de « son petit Liré », nombre de poètes ont chanté la chaleur des veillées familiales. Le champion en l’occurrence est probablement Victor Hugo dont « l’art d’être grand-père » réveille chez chacun des souvenirs personnels et provoque ainsi l’émotion.
Plus près de nous, c’est Alain Rémond, dans « Comme une chanson dans la nuit » qui évoque l’époque de son enfance heureuse, dans une famille de 10 enfants, passée dans un village de Bretagne. Il raconte la frugalité des repas, l’habitude des joies simples : d’une visite, d’un jour passé chez une tante et cette kyrielle de petits riens qui suffisent à produire une atmosphère heureuse.
Ni génie, ni poète, je ne saurai pas dire les choses, mais cela n’enlève rien à la force de mes heureux souvenirs d’enfance. La radio, seul moyen de communication, nous disait l’état du monde sans le vibrion des images télévisuelles. Délestés des mobiles, des ordis, la famille a le temps d’être ensemble, de se retrouver au repas, où l’on se parle.
Je crois que mon intérêt pour le camping-car vient de là. Dans cette pièce unique de quelques mètres carrés, on a tout loisir d’être ensemble. « Privés » de four, de micro-ondes, de placards et de penderie, on vit simplement, par nécessité. On se satisfait de repas frugaux qui nous laissent plus épanouis qu’une invitation au « Georges V ».
18:52 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)