19/01/2018
"C'était l'bon temps"
Dans une randonnée, on s’arrête un moment pour mesurer le chemin déjà parcouru. A ce stade de la grande randonnée de ma vie, quand je me retourne sur le passé, à l’époque de mes parents par exemple, je vois des gens pas riches, qui travaillaient beaucoup et qui semblaient heureux, surtout quand l’occasion, rare, se présentait d’une réunion festive en famille.
Biberonnés dès l’enfance au mieux-être, quasiment au bonheur, grâce au progrès de la science, que sommes-nous devenus ? On a envie de répondre dans le très présidentiel langage de D.Trump des « couilles molles », nourries aux « fake news » dont nous abreuvent à longueur de jour les Twitter et autres réseaux sociaux.
Même les radios et TV publics nous assourdissent de divertissements, d’humoristes plus ou moins drôles, de philosophes discourant sur une sagesse introuvable. Mais où sont passés les débats d’antan ?
Faute de devoir organiser leurs idées pour des débats absents , les politiques naviguent sur les vagues alternées des populistes. C’est ainsi que des élus, un candidat à la présidence, s’étonnent qu’on ne puisse plus employer ses enfants. Les citoyens accepteraient cet emploi (c’était même légal, ) mais pas les salaires somptueux alloués à ces jeunes pour rendre des copies quasi blanches.
Fatigués de débattre de sujets sérieux, on ne risque pas d’écrire, sinon les fameux 140 caractères où l’on décoche la petite phrase qui fait mouche. Les opérateurs ont bien compris cette paresse de réflexion et d’expression qui dispensent d’exprimer des sentiments, fournissant en un clic l’émoticône ad-hoc.
On a pourtant assez d’imagination pour créer des mots qui embrument nos carences. Est-ce en affublant des personnes du vocable de « dublinés » qu’on fait avancer la question des réfugiés !
J’ai bien conscience que ce sont là des ronchonneries d’ « ancien combattant », pour tout dire de « vieux con ». J’assume : il n’empêche, cela me fait réfléchir, et les gens de pouvoir devraient y réfléchir aussi. Laisser s’installer ces déviances nous conduit à une société disloquée, égoiste, où régneront les riches et les puissants. A force de s’y habituer, on finira par oublier de s’en indigner.
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12/01/2018
Le retraité nouveau
J’avais commis récemment une ode au retraité moyen, heureux d’avoir eu un emploi, quand ils existaient, bien payé et qui pouvait s’acquitter de ses impôts, même pas allégés. Sans doute, empli de mes très nombreuses satisfactions d’ainé (ainé , c’est maintenant le mieux pour vieux, senior, etc..), j’avais été un tantinet optimiste.
En effet, ce retraité est dans un entre-deux semblable à un fond de vallée entre deux versants peu accessibles : d’un côté, le très grand âge et l’EHPAD à l’horizon, de l’autre, les actifs dont on n’a plus l’âge.
C’est sûr que notre retraité n’est pas pressé d’aborder le versant grand âge. Pas forcément celui des actifs pour autant : ce sont plutôt eux qui l’attirent à eux. Psychologiquement, ça se comprend, si papy est un peu des notres, cela retarde d’autant notre vieillesse. Pour en être sûrs, ces jeunes embarquent les ainés dans des défis parfois sportifs, plus souvent prosaïquement matériels.
Toutefois, quand le vieux retraité se prend à y croire, la jeune génération a vite fait de lui rappeler qu’il n’a plus 20 ans , ni même 40. Ainsi, dans le bus, à la course vers le fauteuil libre, c’est toujours le jeune qui gagne. Si papy se voyait, sinon hyper, mais juste bien connecté, le soupir étouffé dans la bouche du junior, mis devant un « problème », dit à qui de droit : mon petit vieux, t’es toujours pas du siècle. Du moins, ces braves jeunes n’hésitent jamais à compléter les manques sur ce sujet.
Je crois vraiment que cette lenteur qui nous gagne au-delà des 70, 75, est un atout. Celui qui nous mène, à tous petits pas, se gardant de chaque versant, vers ce fond de vallée, si peu pressés d’y parvenir.
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22/12/2017
"Il est né le divin"..argent. Et l'enfant se porte bien.
Vous aviez sans doute remarqué que « le p’tit Jesus » n’a plus tellement la cote. Il faut dire que ce pauvre bambin, couché dans une étable, juste réchauffé par un âne et un bœuf, ça ne fait pas le poids par rapport à la débauche d’euros dépensés dans cette folle semaine. On nous apprend qu’on a laissé 44 millions dans les magasins en un seul jour.
Les vieux laïcards peuvent se réjouir d’avoir fait oublier la tradition chrétienne dont Noël célébrait la naissance du christ. Mais ils n’ont vraiment pas tué le rituel des libations gargantuesques de cette fête. M’échinant ce matin sur mon vélo dans la salle de sport, mon oreille percevait du vélo d’à côté que le gratin aux cardons était mieux que la dinde aux marrons et qu’on n’achète surtout pas son champagne à Lidl.
Et il n’est pas question non plus d’abandonner le rituel païen du 24 décembre . D’abord la messe de minuit pour entendre tel ténor entonner le « minuit chrétiens » ou « Il est né le divin enfant » de notre ancienne campagne. Tel le rituel jumeau du 31 où le passage au « Crazy Horses », à la place de la messe, sera le piment du réveillon.
Notre époque qui raffole des symboles aurait pu se dire qu’un enfant dans une crèche pouvait faire penser à tous les sans-abris couchés dans la rue, sans même un âne ou un bœuf pour les réchauffer. Ce que voyant, un politique un peu humaniste pourrait proposer qu’on majore de 2 points la TVA de cette débandade d’euros. ET avec les millions récoltés de ce supplément, on aurait construit quelques hébergements d’urgence !
En écrivant cette drôle d’idée, je lui vois peu d’avenir. Même humaniste, notre politique ne se fera pas entendre dans ce monde où l’argent a pris le pouvoir. Juste un minuscule exemple pour illustrer. Dans cette semaine, les filles ont gagné le championnat du monde de Hand-ball. Et aucune retransmission télé de l’évènement tandis que la même télé en faisait des tonnes sur les richissimes footeux de Lyon accrochés par Marseille. Mais, j’oubliais, ce ne sont que des femmes !
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