26/02/2020
L'état chez lui, l'église chez elle (V.Hugo)
Divers évènements graves récents ont remis sur le devant de la scène un mot précieux : la laïcité, sans que cela nous éclaire sur sa signification précise. A travers quelques cas, je vais essayer de démêler un peu le vrai du faux. Tâcher de retrouver l’esprit de cette fameuse loi de 1905.
Dans notre 21ème siècle, et ses évolutions, on repère assez bien ce qui attente à la laïcité. Par exemple, quand on propose de supprimer la pause du dimanche parce que trop codé catholique. Assez irréaliste et surtout, à voir les foules dans les allées commerçantes, la pause est déjà bien échancrée.
Venant d’un enseignant qu’on peut traiter de laïcard : « la religion n’a pas sa place à l’école ». Ce qu’on peut entendre, mais il ajoute : « on ne doit pas y enseigner l’histoire des religions ». En plus d’être hors programmes, le malheureux ne voit pas ce dont il se prive dans l’histoire en général et dans la compréhension d’aujourd’hui.
C’est assez facile de tacler la fausse laïcité, moins facile de montrer la vraie : avoir la liberté d’une conviction religieuse, ou non, de pouvoir l’exprimer dans le respect de la loi, et des autres. On peut illustrer cette tolérance par ce prêtre qui ouvre son église (dont il n’est pas propriétaire) pour un concert profane.
Cela peut être aussi l’enseignant qui relate le lancement de la 8ème croisade depuis Aigues-Mortes, en s’évitant la tournure du « roi Louis IX que les catholiques appellent Saint-Louis ». Il pourra ajouter que les chevaliers qui entouraient Saint-Louis n’avaient la préoccupation du tombeau de Christ que très accessoirement.
Après que ceux qui donnent de la voix se sont écharpés sur le voile ou le burkini, on lit avec plaisir les enquêtes montrant des jeunes plus tolérants sur ces sujets et qui réservent leurs chikayas pour des sujets plus graves à leurs yeux.
Dans ce chapitre plutôt brassé de la laÏcité, on peut saluer l’initiative qui réunit rabbin, iman, prêtre, bouddhiste, en ce qu’ils pensent apprendre les uns des autres. Quand ces référents auront appris à leurs ouailles respectives qu’on peut aller à l’autre avec respect, on se posera moins de questions sur la laïcité.
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13/02/2020
"l'oeuvre de chair ne désireras"...
Après la mise en cause du monde culturel, celui de l’église, voici que se lève une nouvelle bronca, visant le monde du patinage, où rien moins que des enfants ont été abusés longtemps dans un pesant silence.
Quelques défenseurs, un peu gênés quand même, nous disent que le patinage est un plaisant spectacle, que pour y réussir des gens ont beaucoup donné de leur personne et qu’à quelques semaines des championnats du monde de la spécialité, ce brouhaha médiatique pourrait nous coûter un titre.
A mes yeux, comme à ceux des 50 athlètes qui ont dénoncé cette omerta, la gloriole d’un titre mondial, qui réjouirait quelques initiés au prix du silence, serait trop cher payée. Après Lyon, on nous offre maintenant un « Barbarin » glacé. Plutôt glaçant, à entendre la défense de ce staff qui dit avoir découvert tout ça dans la presse.
Devant ces divers déballages, en tant qu’homme, je suis un peu ennuyé de devoir imaginer une grande partie de la gent masculine le pénis en bandoulière, prêt à dégainer au 1er réceptacle venu ! Malgré mes préventions, il faudra quand même admettre la décadence d’une sorte de fin de règne, où une liberté incontrôlée dans le « jouissons sans entraves » nous envahit.
Une fois de plus, sur le coup de l’émotion, on durcira la loi. Mais non appliquée quand elle était douce, comment croire qu’elle puisse l’être en plus dure. Plutôt s’en remettre à l’éducation. A défaut de parents vigilants, ce sera encore aux enseignants d’ apprendre la vie en société. Avec quelque doute quand on voit tel parent, en toute méconnaissance des faits, venir contester une note ou une punition.
Toutes les sociétés ont prévu, pour ceux dont la volonté de maîtriser leurs pulsions est vacillante, des référents. A condition qu’ils soient clairvoyants et fermes dès le 1er dérapage. Ce qui bannit toute hypocrisie.
Pour illustrer : Dans les 632 pages de Gomora, l’auteur révèle qu’une flopée de cardinaux du Vatican sont homosexuels, ce qui n’est pas une faute, mais pratiquants sur des gardes suisses ou des séminaristes, cela devient une faute ecclésiale. Question : comment ces prêtres ont-ils été préparés à une vie de chasteté ? Pour ma part, à 12 ans, je me suis retrouvé dans un séminaire. Pendant les 8 années passées là, la sexualité n’a jamais été traitée sinon pour la barder d’interdits. N’aurait-on pas mieux fait d’entrer un peu dans ce sujet qui turlupine tellement l’église et ses officiants ?
09:23 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
06/02/2020
Des gimmicks subtils pour rester dans l'entre-soi
On vient de nous rappeler que l’écart entre les élites et la masse des gens ordinaires ne cesse de s’accroitre. Malgré quelques touchettes dont ont pu se targuer les gouvernements cela stagne. Des élites qui ne défendent pas leur position seulement derrière des murs et des grilles à digicode mais beaucoup plus subtilement. Car quand on a atteint les sommets on cherche à y rester et à repousser les éventuels assaillants.
Leur défense passe par toute une gamme de comportements particuliers dont un usage spécifique du vocabulaire. Ainsi un discours de candidat est toujours rempli de paradigmes. Sûr que si vous réussissez à placer l’éthopée dans une phrase, vous n’êtes pas du vulgaire popu. Ils vont probablement espacer l’usage de la procrastination devenue terriblement courante.
Etaler la palette des dernières lectures n’est pas mal non plus pour distinguer le haut du panier de ceux du fond. Avouer avoir lu Musso ou Lévy, comme tout le monde serait du dernier vulgaire. En revanche, assumer à contre-courant qu’il y a chez Matzneff des superbes trouvailles de style garantit de se faire remarquer. Le top en la matière, ce sont les étrangers et bien sûr en version originale. Malheureusement, la prétention s’avère difficile quand on invite à s’extasier sur un inconnu norvégien ou nigérian.
Pas non plus, « chez ces gens-là », de réveillon aux huitres et foie gras, ni la trop classique bûche. Mais on aura trouvé chez un chef, pas encore étoilé, dont l’adresse se refile entre amis, de divines barquettes de topinambours saupoudrées de lamelles d’écorces de raifort fermier. Dans la gamme rustique et originale, on ne fait pas mieux !
Au moment où n’importe quel plouc s’est régalé aux Marquises ou sur une plage de Thailande, quand on appartient à l’élite, on se doit de trouver une villégiature non fréquentée, dans un pays inconnu. Et d’avoir le sourire discret de la trouvaille inédite lorsque l’interlocuteur demande : « C’est où cet endroit » ?
Avec cette obsession de vouloir demeurer dans l’élite, on comprend mieux maintenant les désormais célèbres gilets jaunes, la révolte de ceux que Hollande aurait traité de « sans dents ». Ceux du haut ont voulu les calmer avec ce qu’ils pratiquent le mieux : les sous. Mais eux les ont boudé, leur rancœur n’était pas à acheter.
10:48 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)