03/01/2020
Au train où vont les choses
En digne fils de cheminot, les trains imprègnent depuis toujours de grandes tranches de ma vie, eux qui m’ont véhiculé, de la naissance à aujourd’hui, dans toutes les directions. L’histoire avait pourtant mal commencé. En effet, pour mes 3 ans environ, dans un train roulant vers Dijon, la portière d’un wagon un peu antique s’est ouverte subitement et m’a envoyé sur le ballast. J’en ai gardé 1 ou 2 cicatrices tenaces, mais aucun souvenir de l’évènement, ni même de l’angoisse probable de mes parents.
Un des « avantages », prévu d’être défendu mordicus aujourd’hui, c’est la gratuité des voyages dont, avec la famille, j’ai abondamment profité. Il m’a permis de parcourir la France, et des petits morceaux d’Europe, Souvent sur les banquettes en bois des anciennes 3ème classes. D’y faire d’étonnantes découvertes. Allant pour le boulot de Grenoble à Clermont-Ferrand (270 kms), je devais changer 3 fois. Dans le 3ème tronçon, au milieu de l’ autorail, c’est un poêle à bois rechargé constamment par le contrôleur qui assurait le chauffage.
Dans les périples, à base cycliste, avec mon fils, le train nous a fourni quelques expériences. Bien avant qu’ils soient courants dans les TER, des wagons semblables aux notres des années 50, en Hongrie ou Tchéquie avaient des emplacements-vélos. En Equateur, pour visiter « La narine du diable », on a fait le parcours sur le toit du wagon. Plus tard, dans le « transmongolien », en prélude aux soucis d’un passeport incorrect pour les chinois, nous avons fait avec la policière, une descente sans rappel de notre compartiment hissé dans les combles pour le changement d’essieux à la frontière.
Sans que l’armée ait connaissance de mes origines ferroviaires, elle m’a logiquement incorporé dans « l’Arme du Train ». Avec ce paradoxe qu’elle m’a balloté en bateau, en Jeep, en camion (beaucoup), en hélico (un peu), mais jamais en train.
Un mantra absolu des gens du rail : la ponctualité. Sans lien clairement établi, j’en ai hérité dans les fameux trains du sommeil. Selon mon épouse, puisque je ne peux guère en témoigner, je m’endors à peine la tête sur l’oreiller. Toutefois, je peux assurer que si je dois me lever en cours de nuit, je rate souvent mon train de 4 ou 5 heures.
Mon épouse, encore, aime à me décorer du surnom de « speedy » qui signerait mon besoin d’empiler action sur action. En réalité, je me trouve très bien dans un train-train tranquillet. A lire, à rêvasser, à chercher le mot exact à incruster dans un post. Elle n’est pas belle ma vie de retraité ? Un train de vie vraiment peinard !
09:55 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
18/12/2019
Condamnés à tolérer l'intolérance ?
Dans un post déjà ancien, je m’étais fait le chantre de la tolérance. Mon chant devait être du niveau du murmure, car depuis, l’intolérance nous a largement envahis. Tout ce qui nous entoure m’évoque ces ados mal finis qui, pour exister, persistent à être contre, contre les souhaits des parents, contre les remarques des profs, et généralement contre tous les adultes qui les entourent.
J’ai l’impression que beaucoup de gens, de français par exemple, ne sont pas vraiment sortis de cette sorte d’adolescence. Bienvenue dans ce monde du contre tout, des jugements à l’emporte-pièce, des rancunes tenaces, des bannissements définitifs.
Si l’on prend le sujet au top en ce moment, la cause, plutôt la parole, des femmes, il n’y a plus de milieu, il faut agréer ce qui est proclamé et admettre de voir les hommes comme un troupeau de mâles en rut. Donc, même si cela aurait mérité quelque nuance, 50% des femmes sont agressées, harcelées sexuellement. Voila qui est posé. Si un homme qui se croyait seulement poli, ose dire à sa collègue qu’elle porte une tenue seyante, il la harcèle. Sûr qu’à cette aune on fait vite monter les statistiques !
Dans la foulée, on doit s’enrôler sous la bannière de la prêtresse de la bien-pensance Judith Butler. Sous peine d’être traité de machiste rétrograde, l’homme ne doit pas se croire un garçon simplement parce qu’il a un zizi. Et il faudra bannir ces expressions, femme de ménage, femme de chambre, terriblement « genrées ». Depuis qu’on y trouve des hommes, les puristes se penchent sur l’insupportable mot sage-femme.
Un autre monde fait aussi beaucoup parler de lui : l’Islam et ses croyants, les musulmans. On se doit d’être férocement pour et de ne jamais se permettre, quoi qu’il ait fait, la moindre critique vis-à-vis d’un musulman. Ceux qui croyaient, comme moi, qu’il fallait considérer tous les humains de la même manière, les féliciter ou les critiquer selon leurs actes, n’ont pas bien choisi leur camp. Autant dire qu’ils sont sûrement dans le mauvais !
Il y a longtemps que la politique fait des ravages d’intolérance. Même si les frontières entre gauche et droite ont pris un peu de flou, tout se classe selon cette dichotomie. Si on est bien-pensant, donc de gauche, on s’interdit la lecture d’un seul article de tel journal, de tel magazine, puisque « de droite » ! Les arguments développés ailleurs pourraient nous polluer.
Pour le coup, on se félicite d’être seulement dans notre sphère privée. Encore qu’un ayatollah en embuscade a vite fait de vous décorer d’un des adjectifs en vigueur, machiste, raciste, fasciste, pour un mot incorrect à l’aune des puristes. Je plains par contre tous ces personnages visibles, auteurs, journalistes, élus, épinglés sans nuances. Heureusement, restent les artistes, les humoristes pour refuser d’être enfermés dans des cases, au risque du pire, comme l’a démontré Charlie Hebdo. Notre pays n’a pas encore, comme d’autres, décidé d’enfermer ceux qui ne pensent pas bien.
17:07 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
11/12/2019
Y'a plus qu'à rouler des mécaniques
Jusqu’à maintenant, lorsqu’on posait à quelqu’un l’habituelle question : « comment ça va » ? si pour lui tout allait bien, il répondait : « ça roule », sans chercher à s’interroger sur l’origine de cette expression.
Aujourd’hui, on sait : quand les trains de la SNCF ou de la RATP cessent de rouler, c’est que ça ne va pas du tout, dans une ambiance de kms de pavés battus, de vitrines cassées, de nuages lacrymogènes.
L’expression ne se pratique qu’à l’affirmative, mais on devrait dire en ce moment : ça ne roule plus du tout. Les autos, d’habitude si alertes, empéguées dans de gros embouteillages, ne roulent pas non plus.
Ceux qui roulent plus que jamais, ce sont les vélos qui s’étaient approprié le mot depuis longtemps. Ainsi on a pu entendre dans les pelotons : « avec ce printemps pourri, je n’ai roulé cette année que 8000 kms » ou alors : « pour revenir de Sisteron, j’ai roulé 80 kms le vent dans le nez ». Par contre, quand ça va bien, à vélo on ne dit pas : « ça roule » mais « c’était O.K » ou « ça biche ». (mes collègues cyclistes ont gardé un langage un peu daté )
En fait, comme on vient de le voir, les cyclistes ne sont pas exempts de galères. Mécaniques, où le groupe manifeste aussitôt soutien et compétence pour dépanner le malheureux tout en enrichissant le savoir technique de chacun. Davantage liés à l’âge qu’au vélo, galères physiques aussi. Entre le canal carpien, les ligaments croisés internes, à défaut de réparation réussie, du moins chacun enrichit aussi son dictionnaire médical.
Quand la pratique du vélo n’est plus obligée, pour aller au travail notamment, reste-t-il des parts d’esprit disponibles pour les préoccupations du moment, la retraite par exemple ? Sans doute un peu, mais pour une bonne partie du groupe, au boulot comme apprentis à 15/16 ans dans notre bassin de grosse mécanique, ils estiment que leur retraite, ils ne l’ont pas volée. Même si son niveau n’ouvre pas des horizons fantastiques. Et ce n’est pas cet ancien conducteur de TGV, content de son sort passé et présent, affichant 15 à 20 ans de moins que l’âge moyen du groupe, qui va les aider à soulever des bouffées d’empathie vis-à-vis des cheminots d’aujourd’hui.
Leurs préoccupations partagées par tout le monde vont vraiment en direction des jeunes générations et tout particulièrement vis-à-vis du travail. Mais avant de penser retraite, la question du jour est plutôt : « quand mon petit-fils ou ma petite-fille va-t-il décrocher son 1er CDI » !
17:11 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)