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27/03/2020

Chronique de mon confinement (suite)

Dans mon dernier post, j’avais exploré les différentes péripéties du confinement à l’intérieur. Pourquoi ne pas en mesurer les effets à l’extérieur. Aussi, ce matin, muni de mon bon de sortie dûment rempli, j’ai utilisé mon km autorisé pour tester le résultat du confinement dehors.

Ce qui m’a frappé aussitôt, c’est cet immense espace vide. Pas un piéton, pas une voiture, rien qui bouge. Quelque chose d’aussi dénudé qu’un plan de Google Maps. En poursuivant j’ai rencontré les 1ers piétons, tous assortis à un chien. Etait-ce une lecture stricte du discours de Castaner faisant les gros yeux la semaine dernière, mais permettant qu’on puisse sortir son chien ? Il n’empêche : ces doubles attelages réussissaient à me donner l’air d’un intrus.

Les humains aperçus ensuite étaient tous sur leur balcon, le téléphone à l’oreille. Je me demandais si la raréfaction des ondes les obligeait à aller chercher des bribes de réseau plus près du ciel ?

Mon chemin coutumier traverse le Parc de la Mairie. Aujourd’hui, un ruban bariolé en barre l’accès, assorti du panneau préfectoral qui justifie l’interdiction. C’est la réponse aux escogriffes répandus sur les pelouses parisiennes (ou provinciales). Mon chemin vers mon pain me jettera dans la rue, sans grand danger, puisque sans voitures.

Sur la place du village, le fleuriste, les bistrots sont fermés. Mais le bureau de tabac est ouvert. Dans cette guerre, on nous a laissé 2 options : mourir du virus ou rejoindre les 70000 morts du tabac. En plus avec le tabac, ce n’est pas aléatoire, on choisit à coup sûr.

Je suis tout surpris de voir passer 2 bus désertés. Entre le chauffeur et le dernier siège du fond, l’espace de sécurité est large : personne. Pour exercer son droit de retrait, le malheureux conducteur, qui aujourd’hui ne sert à rien, devra espérer quelques clients.

De retour chez moi, et particulièrement au jardin, je mesure ma chance. Dans le calme général, les oiseaux font entendre leurs piaillements. Ils ont repéré le cerisier tout en fleurs, leur espoir des prochaines cerises à déguster à nos dépens. Si c’est le tribut à payer au virus, on ne s’en plaindra pas. 

11:37 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

23/03/2020

Chronique depuis mon confinement

A mon 5ème lavage de mains ce matin, mon esprit vagabondait du côté de l’usage immodéré du smartphone. En temps ordinaire, à part quelques mal-élevés capables de faire profiter tout un bus de leurs démêlés avec Kévin ou Jordan, son usage est forcément limité, ne serait-ce qu’au théâtre ou à la messe. Mais aujourd’hui, c’est le grand débondage, l’instant « No Limits ». Au point qu’on peut craindre qu’Orange and Co instaure un rationnement des ondes.

Faute d’être adepte de la méditation (ce serait pourtant une occasion de s’y mettre) que vont devenir alors les prisonniers sanitaires privés du recours compulsif à leur prothèse habituelle ? On peut leur suggérer la télé avec les risques induits. De se retrouver par exemple devant le groupe d’experts attitrés, après l’incontournable introduction « ce n’est pas le moment de polémiquer », polémiquant doctement après, maintenant qu’on sait, sur ce qu’on aurait dû faire avant. 

Par bonheur, on peut voir aussi papa, maman et les 2 enfants assis sagement sur le canapé, diffusant l’image apaisée du confinement heureux. On laisse entendre que papa-maître d’école n’est pas fâché de réviser la carte du monde, de replacer Rangoun en Birmanie. Triomphant de rappeler que la Loire n’est pas le plus grand fleuve du monde, mais piquant un fard lorsque le bambin le reprend sur les festivaux, « non papa, les festivals » !

Avec ou sans enfants, c’est le moment inespéré de la lecture. Par exemple, cet énorme bouquin de 800 pages reçu en cadeau. Les tranches de 15 ou 20 minutes consacrées à la lecture faisaient qu’à la page 650 on ne savait plus ce que disait la page 10. Avalons donc à la suite les 800 pages de notre pavé.

J’ai une pensée pour les couples partis pour un long tête à tête. Madame va devoir contempler un monsieur en tenue de week-end chaque jour, ce qui n’augure pas d’une aide en cuisinie. C’est d’ailleurs la 1ère fois, comme pour les nouveaux retraités, qu’on a le temps de voir son conjoint tel qu’il est réellement. Et de se dire : comment ai-je bien pu vivre avec ce type ?

Heureusement, chez d’autres, c’est Bizance ! Gaston, qui rentrait harassé du travail avait l’habitude de fêter le vendredi soir par une étreinte grand format. Depuis que la semaine n’a plus que des vendredi soir, c’est l’étreinte à corps perdu ! En plus, avec un rapport sexuel crédité de 650 calories, cela remplace le jogging dont on est privé.

Je suis sûr d’avoir manqué bien des occupations en confinement. Mais les prisonniers ont montré depuis longtemps leur capacité d’invention. Nos amis italiens ont inauguré le chant du soir sur le balcon. Ils ont contaminé, en bien, les français qui applaudissent le boulot des soignants.  Si du moins, on pouvait s’en souvenir après la crise !

10:34 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

26/02/2020

L'état chez lui, l'église chez elle (V.Hugo)

Divers évènements graves récents ont remis sur le devant de la scène un mot précieux : la laïcité, sans que cela nous éclaire sur sa signification précise. A travers quelques cas, je vais essayer de démêler un peu le vrai du faux. Tâcher de retrouver l’esprit de cette fameuse loi de 1905.

Dans notre 21ème siècle, et ses évolutions, on repère assez bien ce qui attente à la laïcité.  Par exemple, quand on propose de supprimer la pause du dimanche parce que trop codé catholique. Assez irréaliste et surtout, à voir les foules dans les allées commerçantes, la pause est déjà bien échancrée.

Venant d’un enseignant qu’on peut traiter de laïcard : « la religion n’a pas sa place à l’école ». Ce qu’on peut entendre, mais il ajoute : «  on ne doit pas y enseigner l’histoire des religions ».  En plus d’être hors programmes, le malheureux ne voit pas ce dont il se prive dans l’histoire en général et dans la compréhension d’aujourd’hui.

C’est assez facile de tacler la fausse laïcité, moins facile de montrer la vraie : avoir la liberté d’une conviction religieuse, ou non, de pouvoir l’exprimer dans le respect de la loi, et des autres. On peut illustrer cette tolérance par ce prêtre qui ouvre son église (dont il n’est pas propriétaire) pour un concert profane.

Cela peut être aussi l’enseignant qui relate le lancement de la 8ème croisade depuis Aigues-Mortes, en s’évitant la tournure du « roi Louis IX que les catholiques appellent Saint-Louis ». Il pourra ajouter que les chevaliers qui entouraient Saint-Louis n’avaient la préoccupation du tombeau de Christ que très accessoirement.

Après que ceux qui donnent de la voix se sont écharpés sur le voile ou le burkini, on lit avec plaisir les enquêtes montrant des jeunes  plus tolérants sur ces sujets et qui réservent leurs chikayas pour des sujets plus graves à leurs yeux.

Dans ce chapitre plutôt brassé de la laÏcité, on peut saluer l’initiative qui réunit rabbin, iman, prêtre, bouddhiste, en ce qu’ils pensent apprendre les uns des autres. Quand ces référents auront appris à leurs ouailles respectives qu’on peut aller à l’autre avec respect, on se posera moins de questions sur la laïcité.   

 

16:35 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)