30/05/2019
Les petits ruisseaux font les grandes rivières
Parmi les expressions qui fleurissent dans les discours des politiques, la démocratie participative tient une bonne place même s’ils n’ont pas vu venir certaines déclinaisons plutôt abruptes. Dans l’Algérie en ce moment par exemple, on voit que le peuple ne se laisse plus conduire où ses leaders veulent l’emmener et même que c’est parfois lui qui oblige ceux-ci à prendre des chemins refusés jusqu’alors. Des individus, au départ isolés, qui se retrouvent ensemble sur un objectif commun, finissent par l’imposer.
C’est ainsi que certains de nos concitoyens ont décidé de réduire la viande, de bouder les plats industriels et plus simplement de se fournir en légumes dans une des milliers d’AMAP présentes sur le territoire. Ensuite assez logiquement, des communes, des collectivités territoriales ont décidé d’exiger dans les cantines scolaires un pourcentage de bio et de produits locaux.
Sur un sujet assez grave, faute de lois aujourd’hui, des personnes décidées à mourir dignement partent pour cela dans des pays qui le permettent ou trouvent des arrangements plus discrets sur notre sol. Les politiques toujours prompts à sauter dans le dernier train qui passe ne manqueront pas de légiférer un jour.
Par contre, ils avaient un vrai train de retard sur les mobilités alternatives. Dans les tracts de campagne, il y avait souvent l’idée mais ils se sont fait doubler par les constructeurs. Ce qui nous donne des vélos, des gyroroues, des trottinettes, tout un panel d’engins roulants, souvent électriques, qui zigzaguent dangereusement entre piétons et voitures faute d’avoir prévu une norme constructeur et un minimum de règles de circulation.
Que les citoyens avancent sans attendre les leaders ne garantit pas qu’ils vont dans le bon sens. On le voit quand certains qui se prétendent les seuls représentants du peuple n’ont pour tout dessein européen que la haine des migrants. En revanche, le score flatteur des écologistes, boosté par la participation des jeunes dans le droit fil de leur marche, devrait inciter les politiques à inscrire dans des actes leur souci très récemment affiché de la planète.
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09/05/2019
Abondance de paroles jamais ne sera nourriture (proverbe malgache)
Revenant d’une rando à vélo, les yeux éblouis pleins de souvenirs de paysages de gorges somptueuses ou de cette grotte Chauvet merveilleusement reconstruite ou des échanges croquignolets des 4 générations présentes, je ne me sens pas capable de les exprimer à la hauteur voulue. Je n’ai plus qu’à revenir vers un quotidien fadasse plus à ma portée.
Réveillé pourtant ce matin par cette curiosité : pour 40% de votants attendus, on compte 33 listes aux européennes. Certes pas toutes fanatiques du destin européen. Ne serait-ce que les présumées 2 premières très occupées à rejouer la revanche de la présidentielle. Et il faut bien tout le brouhaha médiatique pour que le demi-point qui les séparerait soit considéré comme l’enjeu majeur de l’élection.
Dans le capharnaüm annoncé, les partis de gauche ont joué leur partition habituelle : le fake-puzzle. Soit des pièces disséminées partout et il faut absolument éviter que l’une s’emboite avec une autre. Si par hasard cela se produisait, au vu des échanges vipérins qui ont précédé, l’allure du tableau ainsi réalisé serait d’un piètre goût.
Ces milliers de gilets jaunes qui ont réussi à perturber le fonctionnement de l’état se devaient d’être là. A leur façon : avec 3 listes irréconciliables. De ce qu’on avait pu saisir sur les ronds-points, il n’émanait pas de leurs discussions un ardent souci de restaurer l’Europe.
Cette élection a le don de faire surgir un certain nombre de candidats-clowns. Ils sont rejoints cette fois-ci par de nouveaux artistes tels que le « parti animaliste » ou le « parti pirate ». Malgré son côté folklorique, la liste « esperanto » a du moins une coloration qui pourrait être européenne.
Ces européennes nous offrent une autre bizarrerie. Alors qu’à la création de l’Europe, on voulait cimenter la paix entre les nations, c’est maintenant dans chaque nation qu’elle provoque la guerre !
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24/04/2019
"La démocratie, c'est le pouvoir des poux de manger les lions" (Clémenceau)
Parmi les choses positives qu’ont pu révéler les gilets jaunes, il y a la remise en grâce des fameux corps intermédiaires, et particulièrement les maires, en tant que fidèles servants d’un lien social et citoyen de qualité. Ce prestige retrouvé masque mal les soucis qu’encourent ces élus. Et ils sont tellement occupés qu’ils n’ont guère le temps pour le dire de courir les plateaux T.V. squattés par les bavards habituels.
Et des soucis, ils en ont. On leur demande d’arbitrer entre les emplois espérés d’une future grande surface et la mort probable du centre-ville. Et les tenants d’un camp s’en prendront à lui plutôt qu’à l’autre camp. Et de la même façon, lui sera imputée la fermeture d’une classe de l’école plutôt qu’attaquer le « mammouth » de l’éducation nationale.
Pour se remettre des grosses misères, il lui reste la gestion des crottes sur les trottoirs ou des ordures à côté des bacs ad-hoc. Ou encore pour éviter le tribunal, tâcher de convaincre le récent possesseur parisien d’une résidence à la campagne que le coq a le droit, lui aussi, de chanter sa joie de vivre, dès le matin, même le samedi. On comprend le pourcentage élevé (33%) de ces élus qui veulent laisser l’écharpe la prochaine fois.
Du moins dans les petites communes. A Paris au contraire, l’abondance de candidats dans le seul parti LREM, avec ce programme fluet : « tout sauf Hidalgo », ferait croire à une grosse gâterie. Tous ces frétillants prêts à servir la cité pourraient se souvenir que depuis Chirac, le coup du Président à suivre ne marche plus. Pas même pour redorer un blason flétri : ce que se dit Erdogan qui a vu s’échapper Istanboul et Ankara malgré une pub très partisane.
Encore les gilets jaunes pour nous dire, en gros (très gros !), qu’il y a une autre France à côté de Paris. Et pour les 2/3 de candidats en lice malgré tout pour 2020, ils peuvent se dire que dans la trilogie en honneur dans nos campagnes, le curé a disparu, l’instituteur risque de disparaitre, lui le maire, demeure le pilier fiché dans la glaise pour encore pas mal de décennies.
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