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14/07/2022

O temps suspend ton vol

Je ne vais pas bouleverser votre équilibre mental si je dis que le temps ressenti est influencé par l’état d’esprit du moment. C’est sûr que le temps s’écoule différemment selon qu’on attend le résultat d’un examen crucial ou qu’on rêvasse dans un fauteuil un jour de pluie, sans avoir trouvé d’occupation, en attendant l’heure du diner. Je viens de découvrir, dû à l’âge peut-être, que mon temps s’écoule très vite tout le temps.

Cela me rappelle  ce rêve inconfortable. Je tombe dans le vide, complètement crispé devant la chute  qui m’attend sans rien pouvoir faire avant de m’écraser. Ce qui finalement n’arrive pas parce que je me réveille encore tout angoissé.

Cette dégringolade irrépressible, je la vis souvent l’hiver quand, en haut d’une pente, mon ski dérape et que tout l’ensemble, bonhomme, skis, « débaroule »  sans freinage possible, muscles tétanisés, jusqu’en bas. Là, on ne rêve plus, et c’est la chute, aux conséquences pas toujours bénignes.

En réalité, sans images ni comparaisons, je vois le temps filer sans contrôle. Chaque début d’année, je porte sur le nouvel agenda les dates à ne pas manquer, le contrôle technique du C-car, la visite chez l’ophtalmo ou l’hématologue. Souvent notés pour l’automne, j’ai le temps de voir venir. Sauf que, ouvrant d’agenda, je découvre que tel rendez-vous, c’est demain.

L’agenda, même si on le doit à un colonel anglais, c’est quand même la providence du retraité. Les actifs ne comprennent pas pourquoi les retraités sont en pole-position avant l’ouverture du supermarché. « Ils n’ont rien à faire et ils nous encombrent » ! Erreur : ils ont beaucoup à faire mais ils prennent du  temps pour faire. Et l’agenda donne du temps pour se préparer. Normalement.

Parfois ça rate. Quand le garagiste s’étonne qu’on ne soit pas venu au contrôle prévu. En pire, quand l’ami s’inquiète de notre santé car on a manqué le rendez-vous avec lui avant-hier.

Je peux faire un dernier rêve sur ce point. Que la cohorte des gens qui savent, avec leur autorité  péremptoire habituelle, aient fixé l’échéance de mon clap de fin, et que moi, occupé par mes 1000 riens coutumiers, j’aie laissé passer la date !

 

09:47 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)

08/07/2022

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant (Paul Valéry)

J’assume d’avoir choisi comme titre un si haut patronage tellement mon rêve me semblait à cette hauteur. Je n’ai quand même pas emprunté le célébrissime « I have a dream » puisque mon sujet ne revêtait pas une telle  intensité dramatique. C’est de vélo en effet qu’il s’agissait.

Le mien croupissait depuis plus  d’un mois chez le vendeur. On lui avait changé la batterie, testé le compteur, le contrôleur, le moteur, et ça ne marchait pas. (entre nous, le Baron von Drais s’était épargné pas mal de soucis de pièces détachées avec sa géniale invention) Il restait, sur cet engin rempli de pièces électriques, à tester LE capteur.

Nous étions venus, pour suivre l’opération, avec mon coach familier. En attendant le verdict, nos attitudes devaient reprendre quelques stigmates des familles dans la salle d’attente dont la fille est en salle de travail. En effet, pour le jour de mon anniversaire, nous allions voir sortir des entrailles de la mécanique un vélo rajeuni, tout testé, prêt à de nouvelles randonnées. Quel beau cadeau d’anniversaire !

Au bout d’une longue attente, riche d’espoirs, le maître sortit de son antre et laissa tomber : « ça ne marche toujours pas ». Immédiatement traduit par le cycliste à pied, et d’ailleurs confirmé par le professionnel, en de longues semaines d’attentes incertaines, de téléphones négatifs, et une saison cycliste en dentelle.

Mais un rêve brisé entraine souvent le sursaut salvateur. Je peux réenfourcher le Commençal classique qui ne va pas si mal. Il m’a même mené au sommet du Lautaret. En distillant ce genre d’exploits  de façon mesurée, on peut tenir une saison à petits mollets dans notre riche région. Et d’ailleurs se faire quelques muscles pour rejoindre les copains du club en septembre si l’horizon s’est éclairci.

Je pourrais peut-être, comme Brassens et son cambrioleur, avec moins de maestria sans doute,  me dire qu’à cet électro-mécanicien inopérant je dois ce post. Je préfère revenir à mon rêve où mon téléphone sonnera pour m’annoncer que mon vélo, rajeuni, re-re-testé, piaffant de folles randonnées, m’attend. J’admettrais toutefois que cette bonne nouvelle ne coincide pas avec mon prochain anniversaire dans un an.

 

09:53 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0)

30/06/2022

Une espèce à protéger

Je sursautais dans un ancien post à propos d’une statistique annoncée : 200000 centenaires en 2050. A ce que j’observe, il est probable qu’on atteigne ce record bien avant la date prévue, avec quelques centaines supplémentaires d’ailleurs.

Il faut dire qu’on fait tout pour nous conserver en plutôt bon état. Alors qu’au sortir de la guerre, le ventre creux, on s’était mis à baffrer sans restrictions, notre nourriture d’aujourd’hui est bigrement cadrée. Sans sucre, sans sel, sans gluten, sans graisses, plus quelques interdits momentanés. Il nous restera les fibres, quelques vitamines, en attendant les algues et les insectes, pleins de protides comestibles, dit-on.

Complètement innocent, je faisais du vélo, du ski, pour le plaisir, les paysages. Je ne savais pas qu’en réalité, je prolongeais mon espérance de vie. Selon les auteurs, tant de mois par calories dépensées. Ils ont jeté aux orties nos calculettes d’antan pour des logiciels dopés à l’I.A. qui me projettent tout droit vers le centenairiat.

Citoyen discipliné, j’ai pris toutes les doses de vaccin sans m’interroger s’il était américain ou chinois. Depuis que je suis senior (un bail !) je prends ponctuellement la piqure contre la grippe. Et me voila, clopin-clopant, mais toujours là.

Ce pseudo-jeunisme forcené ne plait pas trop aux vrais jeunes et à ceux qui se croient tels. Les vieux creusent le trou de la sécu, conduisant mal, occupent les bonnes places. En plus, comme ils ont du temps, ils votent, mais mal : c’est à cause d’eux que Mélenchon a perdu la présidentielle, disent les jeunes, eux qui majoritairement, n’ont pas voté.

Aussi, on va leur mettre des bâtons dans les roues. Et on a de quoi : repasser le permis à 65 ans, une ½ voix aux élections, terminé le privilège aux Ehpads à la prochaine pandémie. Si, avec tout ça, ils ne regrettent pas de se prendre  pour des jeunes !

Un petit espoir pour ceux qui vont survivre. Dans la mandature qui commence, on va apprendre dès l’école à mieux protéger la nature. On va mieux protéger par exemple cette herbe spéciale des Chambarans, près de Roybon, ainsi que la faune qui s’y cache. Dans la foulée, on ne peut manquer de protéger aussi cette espèce tellement fragile : les futurs centenaires.

15:31 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0)