12/01/2023
Chère Léocadie (2)
Il y avait longtemps que je ne t’avais pas écrit un mot. Pourtant, il sera au tarif « lettre lente » tout simplement parce que je peux mettre un timbre. Si je voulais du plus rapide (jusqu’en décembre dernier, avec un timbre rouge) je devais la taper sur le P.C. après avoir créé un compte, payer (plus cher que l’ancien timbre rouge), la transmettre par internet à la poste du destinataire qui en faisait une lettre normale avant de la distribuer.
La Poste a bien senti que c’était un peu compliqué. Avec sa mansuétude habituelle, elle a préparé 231 « lettres-types » où il suffit de remplir les trous du modèle, par exemple ton prénom et le mien. Mais je ne me voyais pas t’adresser, à toi, le modèle « lettre à une amie » que 1 million ou plus de femmes peuvent recevoir.
La Poste ne pouvait pas rester à l’écart du tsunami informatique qui a saisi les administrations. Depuis 2 ou 3 ans, le ministère des finances remplit ma feuille d’impôts en allant chercher mes nombreuses retraites là où elles sont. Ne reste plus qu’à signer… électroniquement ! Merci pour le service, mais on va finir par ne plus savoir faire une division ou la règle de 3. Et si ces machines « infaillibles » m’ont perdu un euro ou un dégrèvement, tant pis !
Bill Gates, et ses copains, se sont ligués pour nous faire croire que sans eux on ne pouvait plus rien faire. Figure-toi que je cherche un nouveau vélo. En faisant de la retape pour sa bécane, le vendeur me vendait très fort qu’en l’affublant d’un téléphone, celui-ci allait m’emmener, théoriquement, où je voulais, passer mes vitesses et 1000 autres choses.
Toi, tu prends ton téléphone pour appeler le véto pour une de tes bêtes. D’après mon vendeur, avec le mien, lorsqu’une faiblesse m’aura désarçonné, depuis le fossé accueillant, je pourrai probablement joindre une oreille médicale pour ce qu’on appelle une « téléconsultation ».
J’avais expérimenté de prendre mon billet de train à une borne. A Paris, dans la grande station de métro Chatelet, le seul interlocuteur : des bornes. Sans doute efficaces, si tu connais le plan des lignes métro ou train. Quand tu as trifouillé l’écran depuis un quart d’heure sans succès, tu es heureux que passe par là LE seul parisien compatissant ET pas pressé qui te tire d’affaire.
On voit bien que nos administrations robotisent à tout va. Dans service public, le mot service émet comme des relents d’humanisme. Que des employés pourraient se sentir obligés d’être aimables, ou même avoir des bouffées d’empathie vis-à-vis d’un citoyen emprunté. Séquelles des siècles derniers.
Tu comprends que je puisse avoir envie d’appuyer sur mes pédales, à mon rythme, sans téléphone. Tu es encore très loin de tout ça. Mais sois quand même vigilante. Si tu vois monter un type, en chaussures de ville, avec une petite mallette plate au bout du bras, cours te cacher parmi tes chèvres et laisse tes chiens lui faire un accueil au naturel.
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05/01/2023
Quel dialigue intergénérationnel ?
Dans le contexte un peu grognon qui nous enserre, pas ukrainien, ni iranienne, j’ai donc peu de raisons de m’associer au concert ambiant. En outre, passées les agapes des fêtes, frugales mais abondantes, c’est le moment d’explorer les cadeaux reçus, parmi lesquels, bien sûr, des livres. Dont un sur l’Iran (au cas où j’oublierais). Du moins, j’échappe à cette sorte de malédiction de Noel qui veut, nous dit-on, que 30 % des cadeaux repartent le lendemain vers « Le Bon Coin » ou un autre échangeur. Il faut être un peu bizarre d’utiliser ça comme gagne-pain !
Si j’ajoute le fait qu’on n’a pas brûlé ma voiture, selon cette détestable habitude qu’ont prise des excités les soirs de réveillon, j’ai tout lieu de d’aborder les soucis de 2023 avec un esprit serein. Ainsi même si la ristourne carburant s’arrête, l’âge de notre voiture, et surtout la notre, réduit l’amplitude de ses sorties à la portion congrue.
Les denrées qui ont le plus augmenté en cette fin d’année, caviar ou fraises, sont bannies depuis longtemps de notre réveillon. De toute façon, comme nous le rappellent ponctuellement nos proches, ayant eu la chance de vivre les « 30 glorieuses », je ne suis pas devenu riche à millions, mais parvient à la fin du mois, y compris celui de décembre, sans trop d’angoisse.
Retraité depuis longtemps, les bruits inquiétants émis à propos de ce système à réformer ne m’atteignent plus. Si je voulais vraiment chicaner un peu, je me plaindrais que les salariés peuvent obtenir des augmentations de salaires à cause de l’inflation mais les retraités n’ont pas de patron à implorer ou à agonir d’injures.
Assez heureux d’avoir passé cette vie au bon moment, d’avoir traversé Le Grand-Be avant que la marée ne le submerge, on peut penser aux jeunes qui vont souffrir de grosses difficultés. On essaie de les aborder avec bienveillance, mais au contact, le dialogue est difficile car ils savent déjà tout. On a l’impression de gaspiller sa provision d’empathie.
En effet, selon une étude CSA d’octobre, les 13/17 ans s’informent à 3% par la presse papier. Et là, cause ou effet, des Cassandre nous disent qu’il n’y a plus d’intellectuels. L’absence qu’elles déplorent serait plutôt celles des grandes voix dont la pensée percute nos cerveaux sans se laisser attraper par un parti, une religion ou l’opinion. Stéphane Hessel, Simone Veil, auraient-ils figuré dans les réseaux sociaux ? C’est à 62% la source d’information de ces jeunes, selon cette même étude.
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29/12/2022
Le Père Noêl n'est pas une ordure
Je ne crois plus au Père Noël depuis déjà pas mal d’années. Pas tant parce qu’enfant, déjà, un gros bonhomme barbu avec sa hotte descendant dans la cheminée, ça ne le faisait pas. Mais plus simplement, dans les temps lointains de mon enfance, on n’avait pas encore inventé cet aspirateur commercial.
Certes Noël signifiait cadeau. Ma toute 1ère image me montre, sur mes galoches, 1 ou 2 papillotes et une orange, le fruit exotique qui suffisait à mon émerveillement. L’autre cadeau : la messe de minuit, à l’horaire également exotique, m’enchantait. Et surtout le retour dans la nuit à la maison se soldait par ce chocolat bu à ces heures indues.
A l’adolescence, à défaut de Père Noël, c’est Noël chez les bons ( ?) pères. Au séminaire, on nous gardait pour cette veillée-là, et aussi celle de Pâques, avant de nous lâcher pour les vacances, pour nous, le plus beau des cadeaux.
Avec un score qui dépasse les 80 Noël, j’ai causé beaucoup de soucis à mes proches. Je ne fume plus, je n’utilise pas de crèmes ou de parfums ( la rugosité du séminaire se glisse encore dans ces détails). Par contre, je suis très équipé pour le ski ou le vélo. Chaque Noël, chaque anniversaire, je ressorts la phrase rituelle de mon beau-père : « J’en ai plein mes placards » !
En fait, il y a un manque : dans le garage, il n’y a plus de vélo. Atteint une nouvelle fois de faiblesse énergétique. Il continue de poser des soucis à l’atelier des V.A.E. Sur le point de me laisser aller à la tristesse et au dépit, je reçois un coup de fil. Au téléphone, un Père Noël inconnu. Il m’apprend que ce vélo imprévisible est renvoyé au fabriquant et qu’on me rembourse mon prix d’achat.
Waouh ! J’aurai roulé 2 ans, certes avec quelques avatars, mais gratuitement. En revenant sur terre, avec le projet du remplacement, je constate vite que les vélos d’aujourd’hui sont plus chers qu’il y a 2 ans. Pour une fois, on ne peut guère incriminer l’Ukraine qui ne fait pas de vélos, ni la Chine qui soigne ses Covids à propos d’une bécane fabriquée à Dijon. Par bonheur, nous sommes en hiver et j’ai tout le temps d’échafauder d’heureuses hypothèses au long de longues foulées à ski de fond.
09:52 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0)