01/12/2022
La Coupe est pleine
L’énorme brouhaha du début de la Coupe du Monde de foot s’estompe un peu et je vais pouvoir m’y glisser. Pas pour dénoncer la débauche écologique, ni l’emploi esclavagiste des ouvriers, ni les biais de l’attribution de la Coupe au Qatar. Les médias en ont fait des tonnes sur le sujet. Que ne l’ont-ils pas fait il y a 10 ans lors de l’attribution. Je vais me concentrer sur ce couple bien assorti : le foot et l’argent.
A la sortie de la guerre, les 3 dirigeants les mieux payés gagnaient 35 fois le salaire moyen de leurs employés. Dans les années 2000, les mêmes gagnaient cette fois-ci 130 fois le salaire moyen. En 2021, les patrons du CAC 40 ont gagné 100 fois les salaires de leurs employés. Ce qui signifie des sommes pharaoniques.
Et pourtant notre Mbappé national gagne plus que 38 PDG sur 40. Il ne manage personne et il n’est même pas le capitaine de l’équipe de France. On excuse beaucoup parce qu’il fait rêver les pauvres des banlieues. Paradoxalement, ce sont les plus pauvres qui en rêvent le plus. Dans les 10000 supporters français à Doha, combien de smicards ont cassé leur tirelire pour y être ?
En Afrique le rêve est mortifère. Des gamins un peu doués des 2 pieds se laissent prendre dans les filets de « négriers »*qui leur promettent la formation, puis l’introduction dans un club de Ligue 2, voire de Ligue 1. Si même il y a réellement formation, on n’avait pas précisé la méthode : 12 ou 15 gamins « essayés ». On en garde UN et on jette les autres. Bons pour le retour en Afrique, moins pire malgré la honte du perdant.
Cela valait pourtant la peine : l’élite. Par le salaire, plus les petites étiquettes sur chaque maille du maillot, on entre dans un autre monde. Le contrôle antidopage est bon pour ces pauvres cyclistes et pas pour nous. Certes, cela donne des blessures à répétition et une vieillesse précoce et cassée. Même la justice se fait un peu oublier. On peut compter sur des milliers d’explications à propos du forfait de Benzema à Doha et beaucoup moins sur le résultat en justice de sa « sextape » avec Valbuena.
Là, vous dites : la Coupe est pleine. Hélas, non ! Dans le même temps, Bolloré a fait une augmentation faramineuse à Hanouna pour qu’il continue de régaler un troupeau de moutons bêlant et impuissant, à point pour écouter les sirènes de la droite extrême. Elon Musk réintègre Trump dans Twitter pour booster les républicains afin d’en faire leur candidat en 2024.
Un bon point tout de même à cette Coupe décriée. Elle aura appris à tous ceux qui savaient le nom du propriétaire du P.S.G. que le Qatar n’est pas une bourgade près de Paris, mais un vrai pays là-bas près de la mer. Les plus futés sauront qu’il est riche parce qu’il a du pétrole et du gaz … et la Coupe du monde de foot !
- « Négriers du foot » Titre du livre de Maryse Ewanje-Epée sur le sujet
16:15 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (1)
24/11/2022
La face cachée du riblon
Ma fée du logis personnelle s’applique à garder ledit logis dans un aspect net et soigné. Participe à ce soin l’élimination des vieux embarras inutiles, estampillés dans le langage familial « vieux riblons ». Profitant des fraîches journées d’automne, mon épouse m’avait planté devant une armoire où j’entassais depuis longtemps, souvent très longtemps, de vieux dossiers oubliés et plus consultés. Mis devant l’obstacle, pour le coup, j’allais les consulter.
Le 1er paquet, assez épais, concernait mes 10 années de consultant. Dans mes souvenirs de consultant, il y avait essentiellement des rencontres précieuses et chaleureuses. Je redécouvrais alors que dans notre beau pays, on prévoit, on agit, on contrôle, mais il faut le prouver sur des liasses de papier, parfois en plusieurs exemplaires.
La 2ème trouvaille, pas tellement souriante, parlait d’un cambriolage. A part le souvenir d’un grand déballage dans plusieurs pièces, cet évènement me restait confus. Au-dessus des papiers apparut une liste des « bijoux » disparus. En tête de celle-ci : un bracelet acheté dans la boutique d’un célèbre musée de New-york, ponctuant un mémorable voyage à vélo avec mon fils. Qui ose encore prétendre que le vélo n’est qu’une affaire de grosses cuisses ?
Le plus gros paquet, décliné en plusieurs sous-dossiers, rappelait le plus important de mes accidents de vélo. Ce qui m’a frappé d’emblée : une simple feuille décrivait les dommages infligés au vélo et des kilos de papier expliquaient les phases de ma réparation. Les pièces à remplacer chez moi étaient aussi identifiées que celles du vélo. Mais des feuilles et des feuilles échangées avec l’hôpital, la sécu, l’assurance étaient nécessaires pour vérifier chaque étape, et par qui, et quand, de ma reconstruction.
Ce qui me parlait le plus dans la manipulation de ces papiers, et qui n’était pas écrit, c’était le formidable dévouement effectué par mon épouse durant de longues semaines. En témoignent les voyages bi-quotidiens assurés par elle. D’abord pour permettre les repas d’un handicapé sérieux, puis pour le soutenir dans le difficile retour à la vie normale. Je savais depuis mon mariage que la vie commune n’était pas que la mise en commun des sous, des bisous, des actions de force ou d’habileté. J’éprouvais que tout cela tenait par le souci constant et attentif de l’autre et me demandais maintenant quelle a été ma contribution propre.
Il serait malséant, entre époux amoureux, de tenir des comptes d’épicier, pesés au trébuchet, pour vérifier que chacun remplit sa part. Mais peut-être, pourquoi pas, s’interroger quand même de temps en temps. Maintenant que cette armoire est rendue à sa virginité première, je suis sûr que ma fée du logis aura probablement un tri de placard à me proposer pour prolonger mes interrogations.
10:02 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
17/11/2022
La grande démission
J’espère que Fotorino me pardonnera d’emprunter mon titre à son journal « le 1 ». Mais il peut se rassurer : je ne mêlerai pas ma petite prose à celle des excellents auteurs réunis sur ce thème.
Pour ma part, que vois-je après cet été au climat caniculaire. Un concert pour se plaindre, râler, quémander. A cet Etat qu’on est prêt à vilipender par ailleurs, on crie à l’aide. Cette patronne d’un haras veut qu’on l’aide : ses clients ne viennent plus monter ses chevaux. Le responsable des pistes de l’Alpe d’Huez craint de ne pas avoir sur ses cabines les copains habituels de Liz Truss.
Les medias du service public semblent aussi fatigués. Ils laissent se déverser à longueur d’émission de longues tirades de Bardella ou Le Pen. L’interviewer, qui n’a pas fait vœu d’impartialité absolue, mutique, pourrait produire une contre-interview, voire s’étonner d’allégations douteuses.
Le bouffon de C8 insulte gravement en pleine émission le député Louis Boyard. Une heure après, le France entière n’a pas manqué une seule syllabe de l’invective. Enfin saisie le lendemain, l’ARCOM dit qu’elle va examiner attentivement chaque terme des propos avant de se réunir en bureau pour prendre une décision. Quand elle tombera, on aura passé à autre chose et Hanouna continuera ses pitreries.
Des échos du monde éducatif nous disent que les élèves ne manifestent pas un grand enthousiasme à leurs cours. C’est un peu dans l’ADN de l’élève de viser l’effort le moindre. Le smartphone sait faire les multiplications et Google répond à toute question. Avec un peu de culture, l’élève saurait qu’avant d’obtenir une réponse, il faut avoir de quoi poser la question.
Les salariés, nous dit-on, manifestent aussi un petit coup de mou au travail. Les candidats à l’embauche prévoient de ne pas s’embarquer au hasard et posent, certes des questions de salaires, mais surtout d’horaires, de week-ends. Ils ont entendu chanter les louanges des fameux RTT qui doublent quasiment les droits à congés. Et, s’ils avaient raison ? Quand Dieu a puni Adam d’avoir croqué la pomme, il l’a chassé du paradis mais pas condamné au travail !
Les médias bruissent du choc de 8 milliards d’humains sur terre et observent en même temps ne vraie désaffection à faire des enfants. Pourquoi les riches qui pourraient les nourrir en font de moins en moins ? Une argutie écolo prétend que c’est pour ne pas épuiser la planète. C’est possible aussi qu’ils n’en ont simplement pas le courage. Tous ceux qui ont eu des enfants savent qu’ils peuvent nous donner de fantastiques satisfactions. Mais qu’il faut les payer de fameux efforts, pas forcément disparus à leur majorité.
16:56 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)