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12/05/2022

Pourquoi ne prendrions nous pas notre temps ?

J’étais sur le point de me laisser aller à la morosité avec les nostalgiques des bons vieux partis, droite, gauche, en déliquescence avancée. La retraite vient de reconstituer 2 blocks irréconciliables : une vieille droite pour 65 ans et une nouvelle gauche pour 60 ans. Parti pile entre ces 2 âges-repères, indécrottable centriste, je ne peux m’autoriser à émettre un avis sur le sujet.

Ce qui me paraît important en revanche, c’est l’état dans lequel on y arrive. A mon avis, croyez-en un vieux briscard de la retraite, bien avancé dans cette 2ème vie, on ne devrait pas être si pressé de coiffer le poteau salvateur.

Au prix de nombreuses allées et venues dans 2 banques, d’une surveillance attentive des travaux par mon épouse et des mois de patience difficilement contenue, j’ai pu m’offrir une maison. A l’image de son patron, elle vieillit. On doit constater une électricité parfois alternative, des fenêtres moins pimpantes, des poutres offertes à l’appétit de bestioles, notre mini-forêt privée envahissante. Les appareils que la modernité a mis chez nous, même achetés avant l’obsolescence programmée, finissent par avouer leur lassitude. Submergés par tous ces maux hors de nos capacités, on fait comme le gouvernement, on fait appel aux experts (un peu moins chers).

Longtemps, le pot de départ d’un retraité s’accompagnait du cadeau rituel : un fauteuil. Signal évident : maintenant, il va se reposer. Erreur magistrale ! Libéré du travail, on regorge de temps libre. Sous nos latitudes, imprégnées de judéo-chrétien, le temps sans rien faire n’est pas très orthodoxe. Ce dont s‘avisent très vite tous les proches et singulièrement l’épouse.

Celle-ci, sans l’avoir appris, sait déléguer. Un peu de ménage par ci, un peu d’écrous à serrer par là, la sieste devient vite une pause nécessaire. Un boulot tout indiqué pour celui qui a repris les finances : les courses. Epreuve délicate. Par exemple, comment détecter dans les 4 mètres de praticable dédiés aux yaourts celui sans sucre ajouté, sans vanille, bio, tout simplement nature. Autre obstacle : assez loin de la retraite somptueuse qu’on nous prête, sans être famélique, la mienne oblige à compter. Mais rentrer à la maison avec trop de « top-budget » me vaudra quelques remontrances.

 Dans les 1ers âges de la retraite, on a initié des petits-enfants au jardinage, plus souvent à la maitrise du vélo, des projections photos. Aujourd’hui, dans la pleine maturité de la retraite, ce sont plutôt eux qui nous « drivent » avec, il est vrai, les drôles instruments du progrès.

06/05/2022

De ce qu' un livre peut nous apprendre de nous

Le thème de l’immigration n’est jamais absent de notre vie politique, avec ses moments d’effacement et ses grandes marées. On vient d’en prendre une resucée avec la récente campagne électorale et surtout les millions  d’Ukrainiens jetés loin de chez eux. A ceci près que ceux-ci sont des bons, blancs, catholiques et leurs icones bien présentables, qui requièrent toute notre sympathie.

On a quand même entendu quelques malveillants suggérer à la Pologne de bien séparer les ukrainiens des syriens ou des afghans. Car la politique sur le sujet admet volontiers qu’on peut accueillir ceux qui complètent nos compétences, les utiles en quelque sorte, et avoir des réticences vis-à-vis des autres, objets de simple humanité, donc en 2ème option. Un sujet sur lequel on serait malvenu de pavoiser, la récente campagne ayant montré que nous n’étions pas exempts de sérieuses hypocrisies.

Il suffirait pourtant de se souvenir que chacun de nos pays est l’aboutissement de strates successives de peuples, de cultures, de langages plus ou moins lointains. Le  récent cadeau d’une amie marocaine, un livre intitulé : « Les mots émigrés » prolonge la réflexion sur ces thèmes. Dans une écriture fluide, pleine d’humour, il passe en revue dans différents chapitres les mots récoltés de nombreux pays et maintenant usités couramment sans qu’on y pense.

Même si tel mot a eu au début un peu de peine à faire sa place, la leçon est très claire. Avec un mot, c’est une culture qui entre chez nous et celui qui l’apporte entre aussi. Pas plus qu’on ne dénie la paternité du  cassoulet à Castelnaudary, on ne dénie la vogue du couscous à l’arrivée des maghrébins. Comme l’avaient fait en leur temps les polonais, les espagnols ou les italiens.

L’Anglais a droit, bien sûr, à son chapitre. Ce qui est un peu superfétatoire tant cette langue a envahi nos conversations. L’informatique ou le « new-managing » s’en délectent. Peut-être pas autant que le monde de la chanson qui ne sait plus s’exprimer qu’en cette langue. Ou du moins quelques lambeaux pêchés ça et là, pour masquer un « bafouillis » plein de « la-la-la ».

Il serait injuste d’oublier que dans ce domaine on a beaucoup emprunté a de grands auteurs. Ainsi, « Give Peace a Chance » ou « Imagine » sont dans toutes les bouches. En réalité, pas tout à fait. Ne peuvent en savourer « la substantifique moelle » que ceux qui les comprennent. Des émigrés, il n’y a pas que des mots qui le soient chez nous.  

14:56 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)

28/04/2022

En exercice de récupération

J’avais entrepris une balade pédestre pur me remettre des soucis de l’élection présidentielle que, my God !, je ne commenterai pas. Pas candidat, pas même militant engagé, c’est le genre d’évènement qui use quand même. Un jour, il faut argumenter avec des « ni-ni ». Un autre jour, il faut consoler celle ou celui qui torture ses convictions à devoir voter pour le candidat honni.

A peine une centaine de pas effectués dans cette promenade présumée relaxante que mon esprit était assailli par un dégueulis de peinture répandue sur une armoire telecom encore vierge avant-hier. Né au siècle dernier et donc forcément allergique aux émotions intenses du « street-art », j’avoue éprouver quelques réticences par rapport à certains barbouillis qui « ornent » nos murs.

Mon circuit traverse une seule fois une avenue motorisée. Une de trop sans doute à voir cet automobiliste me rasant les fesses en démarrant en trombe prétendant sûrement que j’occupe indûment son territoire. Avec sa modeste pétoire, pas même gros bolide allemand luxueux, je me demande pourquoi il se la joue comme ça.

L’attelage qui vient maintenant à ma rencontre doit me jouer une autre musique. Je ne suis pas vraiment rasséréné quand il me croise. La femme (la mère ?) qui conduit une poussette sans grande conviction, et dans une moindre conviction encore pour son occupant, toute absorbée qu’elle est par la lecture de son téléphone, son seul paysage.

Dans une éventuelle participation de ma part à une manif, ma pancarte serait assez du type ; « touche pas à mon vélo ». Revendication que je ne ferais pas pour le compte de ces 3 cyclistes de front, occupant tout l’espace de cette piste à partager avec les piétons et qui me rejettent dans l’herbe du bas-côté. Je comprends pourquoi les non-pratiquants du vélo ont parfois des moments d’humeur vis-à-vis de ces mal-élevés.

Impression vite chassée par le spectacle de ce papy couvant d’attentions un minuscule gamin sur sa draisienne, prévenant, applaudissant, le corps panché vers un éventuel secours, tendu tel le manager couvant son coureur à quelques coups de pédale du sommet du Tourmalet.

Ces diverses nuances de vélo m’ont remis en mémoire la randonnée cycliste, ponctuée de quelques détours ferroviaires, accomplie avec les jeunes générations. Celles-ci, reprenant le couplet souvent usité par mon épouse, jaugeaient certaines de mes attitudes d’un : « Tu n’es plus au séminaire ». J’admets que l’éducation reçue en ces lieux a pu laisser quelques tares. Mais sûrement plus légères que celles, dont le passage en les mêmes lieux, russes toutefois, qui ont frappé Iossif Vissarionovitch Djougachvili, dit Staline.