22/06/2023
Faut-il sauver la télé ?
Variant d’ayatollah de l’info pure et dure, mon fils qui va la chercher jusqu’en Angleterre, s’enorgueillit d’avoir délaissé la télévision. A mon avis, il a manqué ce reportage de vendredi dernier montrant une femme courageuse, formant des mois durant, une dizaine de détenus de Fresnes pour leur permettre de servir un texte correctement à l’Odéon devant 700 personnes. Pari réussi pour eux et pour les spectateurs plongée édifiante dans la vie des détenus.
En revanche, il n’a probablement pas vu, et il a diablement raison, ce très long et fumeux reportage sur l’ouverture d’un « Bar à chiens ». Et la patronne de nous faire visiter les lieux, de soins, de massage, de repos, où ces bêtes bénéficient aussi d’ostéopathes, de psychologues dédiés. Pour se donner bonne contenance, la dame précise qu’elle ouvre son bar aux personnes en souffrance, car « privées » de chiens. Je connais beaucoup de personnes privées de chiens qui n’en souffrent pas trop et qui auraient tendance à réfréner difficilement une envie de flanquer des coups de tatane aux dites bestioles.
Que ces minutes d’antenne permettent de conforter l’abêtissement de quelques-uns, passe encore. Mais qu’on ne dispose pas suffisamment de ces précieuses minutes pour raconter exactement comment on veut dispatcher les S.D.F. de l’Ile de France quelque part en province pour ne pas gâcher la vue des prochains spectateurs des J.O. dont on ne dénoncera jamais assez les méfaits, ça ne passe pas.
Grâce aux chiens la télé nous rappelle qu’on vit sous une fracture sociale. D’un côté on a les chiens bourgeois, choyés dans un « bar à chiens », dont le coût d’entretien est faramineux. De l’autre, une pléthore de chiens abandonnés à la S.P.A. et qu’une association, de volontaires bien sûr, forme en une année pour leur apprendre leur futur rôle d’accompagnants, singulièrement auprès des aveugles.
Ce n’est pas que la télé qui m’en apprend sur les chiens, vis-à-vis desquels j’assume une vraie aversion. De toutes les races, de toutes les tailles, du soi-disant toutou à sa mémère au gros agressif qui attaque les enfants du maître. Avec toutefois 2 exceptions. D’abord, le Saint-Bernard parce qu’assez pataud, un peu nounours, même si la légende du tonneau au cou plein de rhum pour secourir les naufragés de la neige est fausse. Et puis surtout, ceux qu’on appelle les chiens d’aveugles, tellement utiles.
Dans ce méli-mélo de reportages, je garde l’idée qu’il ne faut pas jeter complètement la télé aux orties. Surtout si, malgré tout, émergeait ce projet d’une télé resserrée, publique, hors Audimat, donc sans pub. Des experts ont remarqué un pic de consommation d’eau provenant des chasses d’eau, de la fin des infos au début de la pub. N’est-ce pas une preuve quasi scientifique que la pub fait « ch… » Il faudrait se dépêcher de profiter de cette malheureuse télé avant que l’I.A. n’inonde tous les écrans de vidéos truquées, pour émoustiller le bon peuple qui ne montre pas une violente allergie à la bêtise.
15:55 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
16/06/2023
On devrait réfléchir à 2 fois avant d'écrire quelque chose
Peu pressé d’appartenir à la catégorie de ceux qui en font des tonnes quand ils n’ont rien à dire, et l’humeur pas titillée par un évènement intéressant, je pensais faire relâche du blog cette semaine. Dans les rangements de fin de voyage, je suis pourtant tombé sur un objet plein d’intérêt : une bouteille de vin.
On se l’était procurée dans un de ces immenses temples de consommation où on pourrait circuler à trottinette, malgré tout interdites. Ravis d’avoir mis la main sur un Merlot, notre cru de prédilection. Pourtant, à la 1ère goulée, on lui a trouvé un goût curieux, en fait pas de goût du tout. Mon analyste vinicole habituelle a vite détecté le flop : l’étiquette annonçait un vin désalcoolisé ! Nous venions d’entrer dans une province, le Sud, où les choses ne se passent pas comme chez nous, où nous n’avons pas les codes.
A propos de code, celui de la route est considéré par beaucoup d’autochtones comme une coutume, élaborée et pratiquée, par des gens qui habitent au nord de la Loire et dont on n’est pas obligé de tenir compte. Plutôt qu’égrener une litanie d’exemples, je me contenterai d’un seul. Nous étions surpris, à notre 1er voyage, en Italie, qu’à chaque feu vert, le conducteur qui piaffait derrière nous lance un coup de klaxon pour booster notre départ De la même manière, ici aussi, lorsque nous contournions un rond-point à notre rythme, nous étions poursuivis de klaxons intempestifs. On aurait pu croire, que voyant notre plaque, le conducteur du sud saluait le conducteur des montagnes. Sauf qu’en nous dépassant, les gesticulations derrière la vitre disaient que ce klaxon n’était pas vraiment une salutation amicale.
Nous étions en Arles, cité d’art disaient le prospectus, et même avec ses arènes, son théâtre antique, c’était cité d’art antique. Est-ce pour cela que le souci de respecter l’ancien, le naturel a fait prospérer des herbes folles et des plantes sauvages sous chaque arche de l’aqueduc. En tous cas, pas très antique, les herbes folâtres abritant des canettes ou des emballages en carton.
Invités généreusement par la copine de notre fils, nous étions aux 1ères loges pour déguster des produits locaux et le spectacle de la mer qui séduit tant les vacanciers. J’ai remarqué qu’ici tout le monde connait tout le monde, qu’on claquait des mains et qu’on passait un bras affectueux sur l’épaule. Mon esprit tortueux supposait que cette manière chaleureuse devait présider à un autre code, celui des marchés publics. Avec les conséquences qui ont souvent défrayé la chronique.
Redevenu plus objectif, mon esprit se souvenait que l’histoire judiciaire avait épinglé des marchés douteux, à l’est, à l’ouest, et même au nord de la Loire. Qu’à tout prendre, mieux valait des comportements chaleureux avec autrui que ce défilé de somnambules, le nez rivé sur leur smartphone, promenant leur imperturbable indifférence à tout ce qui les entoure.
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09/06/2023
Y'a pas que les bagnoles dont on teste la vétusté
Je vais être moqué de servir du médical après avoir commis déjà une semaine médicale sur ce blog. Classé aussi parmi les anciens combattants des cabinets médicaux, égrenant avec une certaine satisfaction, la litanie de leurs rendez-vous et de leurs piluliers qui débordent. Mais il s’agit aujourd’hui d’une affaire exceptionnelle : la consultation d’évaluation gériatrique, sur impulsion filiale, où nous nous rendîmes cette semaine.
C’est une rencontre avec une sorte de généraliste spécialiste-vieux qui vous explore de la racine des cheveux (même épars) jusqu’aux orteils. Et sous le feu de ses questions et exercices, on ne risque pas de planquer un pet de travers dans ce scanner intégral.
Nous attendions le verdict avec une certaine inquiétude. Dans ce standard&poor’s de la vieillesse, nous n’avons pas obtenu les AAA, réservés aux athlètes de haut niveau bien conservés. Mais nous avons les AA qui disent qu’on fait bien notre âge, ni trop au-dessus, ni trop au-dessous. Toutes nos fonctions un peu déglinguées ne sont que les avatars des octogénaires. La docteure a avoué oublier aussi des mots et n’a pas jugé bon de nous tester en Alzheimer. En gros, on n’a pas à pleurer sur notre sort.
Pour autant, elle n’allait pas nous donner le permis de poursuivre sans l’assortir de quelques conseils. Le 1er, assez facile à réaliser, il faut manger, manger de tout, mais manger. Nourrir nos reliquats de muscles dont on n’a pas fini de se servir. Et, spécialement pour nous jurassiens, manger du Comté avant la chute du calcium. Après avoir constaté, avec une grande satisfaction, que nous n’étions pas fumeurs, elle nous a incité à boire, beaucoup. N’importe quoi, à son avis. On a même cru déceler que l’apéro n’était pas à exclure absolument. Privilège de l’âge ?
Enfin, bien dans l’air du temps, bouger, marcher et tout le sport qu’on veut. Heureux de constater que sous patronage médical, je me soigne en faisant du vélo. J’ai un peu de temps pour le dernier conseil, travailler mon équilibre, pour rester sur mes jambes à ski de fond.
0n a compris aussi que, épargnés d’une maladie fatale, le mieux serait de profiter de la vie avec un certain plaisir. Aussi bien, on n’est pas prêts à se triturer bras et jambes, comme on voit quelques-uns se décarcasser, pour quelle gloire ? Pour laisser un nom dans l’histoire ? Ceux qui guettent un tel destin devraient réfléchir à ce piteux constat. On se souvient juste de Clovis à cause du fameux vase de Soissons. De Marat, assassiné dans sa baignoire à cause du tableau de David. Bref, déjà, d’accessoires. Avançons, sereins, le terminus est peut-être encore loin !
15:33 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)