Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/12/2020

L'obstination est le parent pauvre de le volonté

Nous savons depuis des décennies que notre société sécrète diverses maladies, individualisme, violence, cupidité, intolérance. La pandémie a évidemment exacerbé ces défauts. Mais celui qui tient la corde, c’est la rigidité, l’aveuglement, l’obstination à tenir son cap personnel sans aucun égard pour les autres.  

Une démonstration s’en fait couramment : 3 jeunettes, en pleine discussion, viennent à ma rencontre sur le trottoir. Trop prises par le débat, lestées d’un smartphone, leur bloc ne saurait se séparer et c’est donc papy qui hérite du goudron.

Un « spécial-Covid » met en scène un de ceux qu’on traite de psycho-rigide. Fort de la croix dans la case 6 de l’attestation pour une heure, (dans les règles antérieures) qui l’autorise à emmener Médor polluer nos pelouses, il tire obstinément sur la laisse. Il ne veut pas perdre les dernières minutes autorisées, quitte à ce que Médor, pas athlète de haut-niveau pour un sou, crie grâce. Quand on nous donne un droit, il faut le prendre jusqu’au bout !

Sur un autre trottoir, un moufflet, de 5 ans au plus, pousse son ballon au pied assez librement. Evidemment, une poussée plus forte emmène le ballon sur la route, pile sous la voiture qui arrivait. Le « futur Mozart » ou le « futur Einstein », ( j’ai pas pu lire dans le cerveau de la mère) tente sans succès de récupérer son jouet sous la voiture arrêtée. Et la mère d’agonir d’injures le pauvre conducteur, la cause de la récréation interrompue du futur génie.

Donnez un zeste de pouvoir à une petite autorité, retranchée derrière son Plexiglas (déjà avant le Covid). Elle ne manquera pas de le faire sentir par un renvoi, un refus. Tout citoyen, éconduit pour une virgule oubliée, trouvera de quoi signifier à cette occasion qu’il est un peu là. Même si, à camper chacun dans son « Fort-Knox », front buté, mâchoire serrée, on se fait aujourd’hui, comme aux Etats-Unis, deux moitiés de France irréconciliables.

 

09:20 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

02/12/2020

Il y a héros et héros

L’Argentine nous avait donné un pape. Voici qu’elle nous donne un Dieu. J’arrive, en me forçant un peu, à comprendre une admiration exceptionnelle pour un joueur à l’adresse et la « vista » incomparables, mais déifier Maradona me parait un peu fort. Auréolé en outre de toutes les dévotions déviantes des fidèles : prières à genoux, baiser des reliques.

Les images qui célébraient l’artiste se résumaient à la fameuse main qui marquait le but contre l’Angleterre. C’est donc un tricheur qu’on déifie, pour ne pas parler de liens avec la Camorra, que les napolitains préfèrent oublier au profit des seuls exploits sur le terrain. Faut-il que  l’Argentine soit à ce point dépourvu de héros pour décréter, pour ce décès, 3 jours de deuil national ?

Un qui n’a pas connu les honneurs, que je vois néanmoins en héros, c’est mon ami Henri parti à ce moment-là. Numéro 5 sur 11 enfants, d’une famille de petits cultivateurs, il connait très vite la disette.  Aussi, lorsqu’à 10 ans un oncle se propose de le prendre comme berger loin de chez lui, il lui faut accepter, même si l’ambiance à la ferme, ni l’éloignement ne le réjouissent.

Dans un tel contexte, ses parents et le curé ayant « combiné », ainsi qu’il le rappelle, son entrée au séminaire, il acceptera aussi. Du moins, dira-il aussi, passer d’une maitresse de 44 élèves de tous les niveaux à un enseignement classique de 6ème est le « Pérou » de l’éducation. Et le petit paysan découvre qu’ « il n’est pas si bête » !

Le grand séminaire qui suit, avec son cortège de restrictions diverses (le vélo est interdit !!), ne prépare guère des adultes, moins encore des prêtres adultes. Ce qui se chargera de ce travail, c’est l’Algérie qui vient ensuite. Henri arrive dans la zone des lourds combats et découvre à la fois l’inhumanité et la forte solidarité des appelés. Il en a besoin car il perd dans une embuscade 2 copains et pour lui quasi l’audition.

Le retour en tant que prêtre en paroisse procure quelques vicissitudes vécues avec sérénité. Mais un bon « job » à la Cathédrale de Saint-Claude. Il est à l’aise parmi ce peuple et ce monde d’ouvriers. Ce qui le fera réagir avec ses collègues lorsque la Mairie restreint l’entrée de la piscine aux algériens. La télé accourt interviewer ces « gauchistes, ce qui lui plait moyennement, et moins encore à son évêque. Autre passe d’armes avec ce drôle de patron : quand celui-ci vend le bâtiment où habite Henri sans l’en avertir !

C’est l’actualité qui a rassemblé ces 2 décès. Je ne précise pas lequel des 2 a toute ma sympathie. Pas seulement parce qu’Henri est un ami. Aussi parce que pour nous tous, ses copains, il a tracé un chemin quasi sans faute. Au- dessus des bassesses collectionnées, pleinement disponible aux autres, et pas seulement ses paroissiens. Par exemple, il se retrouve chauffeur de bus à Saint-Claude pour le ramassage scolaire quand il n’y en a plus. Il était fait du bois dont on fait ceux que j’appelais récemment les héros du quotidien !  

10:41 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

Il y a héros et héros

L’Argentine nous avait donné un pape. Voici qu’elle nous donne un Dieu. J’arrive, en me forçant un peu, à comprendre une admiration exceptionnelle pour un joueur à l’adresse et la « vista » incomparables, mais déifier Maradona me parait un peu fort. Auréolé en outre de toutes les dévotions déviantes des fidèles : prières à genoux, baiser des reliques.

Les images qui célébraient l’artiste se résumaient à la fameuse main qui marquait le but contre l’Angleterre. C’est donc un tricheur qu’on déifie, pour ne pas parler de liens avec la Camorra, que les napolitains préfèrent oublier au profit des seuls exploits sur le terrain. Faut-il que  l’Argentine soit à ce point dépourvu de héros pour décréter, pour ce décès, 3 jours de deuil national ?

Un qui n’a pas connu les honneurs, que je vois néanmoins en héros, c’est mon ami Henri parti à ce moment-là. Numéro 5 sur 11 enfants, d’une famille de petits cultivateurs, il connait très vite la disette.  Aussi, lorsqu’à 10 ans un oncle se propose de le prendre comme berger loin de chez lui, il lui faut accepter, même si l’ambiance à la ferme, ni l’éloignement ne le réjouissent.

Dans un tel contexte, ses parents et le curé ayant « combiné », ainsi qu’il le rappelle, son entrée au séminaire, il acceptera aussi. Du moins, dira-il aussi, passer d’une maitresse de 44 élèves de tous les niveaux à un enseignement classique de 6ème est le « Pérou » de l’éducation. Et le petit paysan découvre qu’ « il n’est pas si bête » !

Le grand séminaire qui suit, avec son cortège de restrictions diverses (le vélo est interdit !!), ne prépare guère des adultes, moins encore des prêtres adultes. Ce qui se chargera de ce travail, c’est l’Algérie qui vient ensuite. Henri arrive dans la zone des lourds combats et découvre à la fois l’inhumanité et la forte solidarité des appelés. Il en a besoin car il perd dans une embuscade 2 copains et pour lui quasi l’audition.

Le retour en tant que prêtre en paroisse procure quelques vicissitudes vécues avec sérénité. Mais un bon « job » à la Cathédrale de Saint-Claude. Il est à l’aise parmi ce peuple et ce monde d’ouvriers. Ce qui le fera réagir avec ses collègues lorsque la Mairie restreint l’entrée de la piscine aux algériens. La télé accourt interviewer ces « gauchistes, ce qui lui plait moyennement, et moins encore à son évêque. Autre passe d’armes avec ce drôle de patron : quand celui-ci vend le bâtiment où habite Henri sans l’en avertir !

C’est l’actualité qui a rassemblé ces 2 décès. Je ne précise pas lequel des 2 a toute ma sympathie. Pas seulement parce qu’Henri est un ami. Aussi parce que pour nous tous, ses copains, il a tracé un chemin quasi sans faute. Au- dessus des bassesses collectionnées, pleinement disponible aux autres, et pas seulement ses paroissiens. Par exemple, il se retrouve chauffeur de bus à Saint-Claude pour le ramassage scolaire quand il n’y en a plus. Il était fait du bois dont on fait ceux que j’appelais récemment les héros du quotidien !  

10:41 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)