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02/04/2020

Voyage en absurdie

Ce titre est emprunté à un livre publié en 1946. Ce qui montre que la stupidité ne date pas d’aujourd’hui où elle  continue de s’étaler  largement. Mais depuis le virus (qui ne s’attaque pas seulement aux bronches, semble-t-il) elle connait, elle aussi, un vrai pic !

Un des 1ers dans le sottisier est le Maire de Nice. Il se prend pour un docteur, en employant même les termes adéquats : il n’a pas de maux de tête comme tout un chacun, il a des céphalées. Il s’est procuré le fameux médicament controversé, se l’est administré. Il en a approvisionné l’hôpital de Nice. (Ce n’est plus un docteur, c’est le ministre de la santé !) Qu’un ado raconte sur Facebook sa dernière sottise, passe. Mais qu’un élu, ancien ministre (pas de la santé) se livre à ces facéties a de quoi  scandaliser.

Depuis l’avènement de Trump, et le droit que s’octroie un chef d’état de proférer des insanités « ex cathedra », l’élève Bolsonaro en fait des tonnes, jusqu’à insulter les états qui ont pris des mesures de confinement (Rio). Puisqu’il est immunisé, il embrasse, serre les mains. On pourrait lui souhaiter qu’il se prenne, avec le virus, quelques effets secondaires. Juste pour l’aider à réfléchir.

Mais restons chez nous où on a de fiers émules. On peut être effaré si le chiffre de 30% de français, du RN ou non, croient que le virus a été fabriqué par l’Institut Pasteur. Ce serait bien que les gens s’approvisionnent en nouvelles ailleurs que sur Twitter ou Facebook.

Ce pourrait être souriant si ce n’était pas lamentable. On a du préciser à quelques personnes que les lamas et les boas ne rentraient pas dans la case 5 de l’attestation de déplacement, n’étant pas des animaux de compagnie. D’ailleurs, quelle compagnie peut-on avoir avec un lama ou un boa ?

On peut consulter  chaque jour le hit-parade de la sottise. Chaque chaine a prévu une séquence pour éclairer ( ?) chacun à propos du coronavirus. Un spécialiste ( ?)  répond aux questions qu’on lui pose. La dernière du jour : est-ce qu’on guérit du covid19 en buvant de la tisane ? Je ne suis pas sûr que l’auteur n’ait bu que de la  tisane !

Les gazettes bruissent de ce que le coronavirus nous aura appris et tout ce qu’on va changer après la crise, la politique de l’hôpital, l’importance du Parlement, la réduction de la fracture sociale, la réhabilitation des métiers essentiels. A mon avis, ce qui a peu de chances de changer, c’est la sottise.

10:01 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0)

27/03/2020

Chronique de mon confinement (suite)

Dans mon dernier post, j’avais exploré les différentes péripéties du confinement à l’intérieur. Pourquoi ne pas en mesurer les effets à l’extérieur. Aussi, ce matin, muni de mon bon de sortie dûment rempli, j’ai utilisé mon km autorisé pour tester le résultat du confinement dehors.

Ce qui m’a frappé aussitôt, c’est cet immense espace vide. Pas un piéton, pas une voiture, rien qui bouge. Quelque chose d’aussi dénudé qu’un plan de Google Maps. En poursuivant j’ai rencontré les 1ers piétons, tous assortis à un chien. Etait-ce une lecture stricte du discours de Castaner faisant les gros yeux la semaine dernière, mais permettant qu’on puisse sortir son chien ? Il n’empêche : ces doubles attelages réussissaient à me donner l’air d’un intrus.

Les humains aperçus ensuite étaient tous sur leur balcon, le téléphone à l’oreille. Je me demandais si la raréfaction des ondes les obligeait à aller chercher des bribes de réseau plus près du ciel ?

Mon chemin coutumier traverse le Parc de la Mairie. Aujourd’hui, un ruban bariolé en barre l’accès, assorti du panneau préfectoral qui justifie l’interdiction. C’est la réponse aux escogriffes répandus sur les pelouses parisiennes (ou provinciales). Mon chemin vers mon pain me jettera dans la rue, sans grand danger, puisque sans voitures.

Sur la place du village, le fleuriste, les bistrots sont fermés. Mais le bureau de tabac est ouvert. Dans cette guerre, on nous a laissé 2 options : mourir du virus ou rejoindre les 70000 morts du tabac. En plus avec le tabac, ce n’est pas aléatoire, on choisit à coup sûr.

Je suis tout surpris de voir passer 2 bus désertés. Entre le chauffeur et le dernier siège du fond, l’espace de sécurité est large : personne. Pour exercer son droit de retrait, le malheureux conducteur, qui aujourd’hui ne sert à rien, devra espérer quelques clients.

De retour chez moi, et particulièrement au jardin, je mesure ma chance. Dans le calme général, les oiseaux font entendre leurs piaillements. Ils ont repéré le cerisier tout en fleurs, leur espoir des prochaines cerises à déguster à nos dépens. Si c’est le tribut à payer au virus, on ne s’en plaindra pas. 

11:37 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

23/03/2020

Chronique depuis mon confinement

A mon 5ème lavage de mains ce matin, mon esprit vagabondait du côté de l’usage immodéré du smartphone. En temps ordinaire, à part quelques mal-élevés capables de faire profiter tout un bus de leurs démêlés avec Kévin ou Jordan, son usage est forcément limité, ne serait-ce qu’au théâtre ou à la messe. Mais aujourd’hui, c’est le grand débondage, l’instant « No Limits ». Au point qu’on peut craindre qu’Orange and Co instaure un rationnement des ondes.

Faute d’être adepte de la méditation (ce serait pourtant une occasion de s’y mettre) que vont devenir alors les prisonniers sanitaires privés du recours compulsif à leur prothèse habituelle ? On peut leur suggérer la télé avec les risques induits. De se retrouver par exemple devant le groupe d’experts attitrés, après l’incontournable introduction « ce n’est pas le moment de polémiquer », polémiquant doctement après, maintenant qu’on sait, sur ce qu’on aurait dû faire avant. 

Par bonheur, on peut voir aussi papa, maman et les 2 enfants assis sagement sur le canapé, diffusant l’image apaisée du confinement heureux. On laisse entendre que papa-maître d’école n’est pas fâché de réviser la carte du monde, de replacer Rangoun en Birmanie. Triomphant de rappeler que la Loire n’est pas le plus grand fleuve du monde, mais piquant un fard lorsque le bambin le reprend sur les festivaux, « non papa, les festivals » !

Avec ou sans enfants, c’est le moment inespéré de la lecture. Par exemple, cet énorme bouquin de 800 pages reçu en cadeau. Les tranches de 15 ou 20 minutes consacrées à la lecture faisaient qu’à la page 650 on ne savait plus ce que disait la page 10. Avalons donc à la suite les 800 pages de notre pavé.

J’ai une pensée pour les couples partis pour un long tête à tête. Madame va devoir contempler un monsieur en tenue de week-end chaque jour, ce qui n’augure pas d’une aide en cuisinie. C’est d’ailleurs la 1ère fois, comme pour les nouveaux retraités, qu’on a le temps de voir son conjoint tel qu’il est réellement. Et de se dire : comment ai-je bien pu vivre avec ce type ?

Heureusement, chez d’autres, c’est Bizance ! Gaston, qui rentrait harassé du travail avait l’habitude de fêter le vendredi soir par une étreinte grand format. Depuis que la semaine n’a plus que des vendredi soir, c’est l’étreinte à corps perdu ! En plus, avec un rapport sexuel crédité de 650 calories, cela remplace le jogging dont on est privé.

Je suis sûr d’avoir manqué bien des occupations en confinement. Mais les prisonniers ont montré depuis longtemps leur capacité d’invention. Nos amis italiens ont inauguré le chant du soir sur le balcon. Ils ont contaminé, en bien, les français qui applaudissent le boulot des soignants.  Si du moins, on pouvait s’en souvenir après la crise !

10:34 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)