30/06/2023
Mon esprit ne va si les jambes ne s'agitent (Montaigne)
L’esprit va vraiment bien aller, comme l’exprime Montaigne, pour cette 1ere sortie autocariste, d’ailleurs sans même agiter les jambes. Se retrouver dans ce fond de vallée, à 1100m, avec la radio oubliée, sans accès télé et n’avoir qu’à contempler les montagnes qui nous entourent. En outre, on a laissé la chaleur des plaines et le casque bouillant qui chauffait les neurones pour renouer avec la fraicheur et l’air pur de l’altitude.
Les jambes, on va vite devoir les agiter. On a besoin de pain pour manger et il n’y en a plus. Et là c’est papy qui s’y colle. Sans trop de regrets puisqu’il s’agit de joindre Antraygues à vélo pour la précieuse nourriture. Précieuse car, comme assez souvent dans nos campagnes isolées, le pain est croustillant à souhait. Et la remontée à vélo, un plaisir.
Petit intermède : en effet, après le manque de radio, de télé, au moment de faire le café du matin, je découvre qu’on est aussi sans gaz. Pour le café qui nous remet d’aplomb au réveil, c’est grave. Mais indispensable aussi pour la cuisine et surtout le frigo qui abrite nos provisions du séjour. Finalement, ma coéquipière qui sait parler à tous, et décrire le dépérissement probable de 2 vieilles personnes, a obtenu que le camping nous vende une bouteille sur ses réserves.
Après tous ces succès, il fallait agiter aussi les jambes de ma coéquipière. Ce sera donc le chemin bien connu vers le refuge de Font-Turbat. Nous n’irons pas jusque là, ni même à la Cascade de la Pisse, mais au portail marquant l’entrée du Parc des Ecrins doté d’un banc bienvenu. En ruminant que les édiles manquent un peu d’imagination pour être des centaines à décerner ce nom à leurs cascades, et déjà une trentaine dans les seules Alpes. Il faut aller dans l’Ain pour découvrir une cascade de Pisse-Vache. En montagne en tous cas, ça pisse beaucoup !
Dans ce camping des Faures où nous avons (presque) nos habitudes, on a un sentier délicieux qui longe le torrent, particulièrement impétueux en ce moment. Nous le pratiquons quotidiennement, d’autant plus facilement qu’il se conclut par une pause au bar, agrémentée de discussions avec nos rares voisins.
Ceux-ci, à l’exception d’un randonneur chenu un peu « bourrin », se sont donné le mot d’amener en ces lieux des bébés de 2 mois, issus d’un couple hétéro ou de 2 jeunes femmes. Sans aucun à priori, mon arrière-grand-mère préférée va faire des gracieusetés aux bambins, en oubliant des désirs d’enfants, petits, très petits, qui ne sont pas partis avec l’âge.
Montaigne ne pouvait pas prévoir les étonnantes prouesses technologiques en support à la pensée, ni les records physiques obtenus par des millions de jambes mais sa maxime sied bien à une balade campagnarde, loin de la canicule, de la pollution et de l’enfermement forcé entre 4 murs.
16:55 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
20/10/2022
Les oiseaux ne chantent plus mais la vie est belle
J’avais manqué la livraison habituelle de la semaine pour une sortie en C-car. Quand la moindre ménagère qui montre sa dernière recette de crêpes affiche des dizaines de milliers d’amis (pardon, on doit dire des friends), mon blog silencieux n’a pas bouleversé la blogosphère. C’est là que je vois qu’avec mon blog désuet, je date sérieusement.
Une sortie-aération qui s’imposait. Bousculé par les tensions nationales et internationales, j’avais mes propres soucis. D’abord les suites d’une semaine « médicale » où les médecins, sans m’annoncer une fin prochaine, ( pour mon moral, le dernier m’a raconté son père décédé à 91 ans), m’ont fait comprendre, dans leur langage amphigourique, que je n’avais plus 40 ou 50 ans.
Quoique pas trop soucieux de mon pouvoir d’achat, j’ai eu une révélation à la boulangerie. L’avais l’habitude de tendre un euro pour ma baguette et tendre aussi la main pour la monnaie. Maintenant je tends un euro et quelques menues pièces jaunes pour la même baguette. Une épine dans ma religion du pain quotidien.
La sortie en C-car ne démarrait sous les meilleurs auspices. Dès la prise d’essence du départ, j’avais réussi à frotter la casquette de l’engin au montant en acier d’un abri à vélos. Bien sûr, le plastique a perdu le combat devant l’acier, ménageant un circuit à la pluie éventuelle.
Celle-ci, rapidement, cesse d’être éventuelle, mais plutôt dense. J’entends les rationneux me dire que la pluie en automne c’est assez normal. Par contre, au fond de la vallée de Champollion, sans télé, ni réseau, on ose rêver d’une accalmie.
Ce fut, en tous cas l’occasion d’une belle aubaine. En achetant du collant pour masquer la déchirure du C-car, j’ai vu le vendeur sortir une échelle, un cutter, et faire lui-même la réparation plus soigneusement que je n’aurais su faire moi-même.
La pluie nous a offert une autre aubaine. De ressortir le scrabble, oublié depuis quelque temps, et de constater que, sans le dictionnaire, on avait pu caser nos w et nos y assez facilement. Un peu de souplesse dans les neurones s’apprécie !
On a fait la découverte en ces lieux d’un pain croustillant, goûteux, comme on peut le trouver encore dans quelques campagnes. On a récupéré aussi, pour une halte bienvenue, le village de Monteyer. Dans l’espace d’une accalmie pour une balade, on a trouvé des noix. On peut être sûrs que ma récupératrice préférée n’a pas manqué de prévoir cette bonne surprise au dessert.
Prise dans un contexte d’heureuses circonstances, l’arrivée à la maison était idéale. Malgré les lauriers envahissants, papy a remisé l’engin dans sa case sans difficulté. La cerise sur ce gâteau de béatitudes : notre petit-fils nous attendait avec ce produit qui a déserté les rayons de supermarché et notre saladier à sauce de salade : de la moutarde ! Après ça, sûr, on peut voir venir !
09:14 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (1)
18/08/2022
Prenons la route (et laissons-en un peu aux autres)
Après diverses péripéties, nous avons pu faire cette attendue sortie en camping-car. Occasion de discourir au sujet de cet engin qui fait partie de nos préoccupations. Commençons par le moins drôle. Ce camion roule au diesel, pollue donc plus qu’une voiture à essence, mais quand même moins que les 35 tonnes qui sillonnent nos routes.
Malgré ce vilain défaut, il est aussi, et surtout, le formidable moyen de nos vacances. J’entends les gloussements intempestifs selon lesquels un retraité est toujours en vacances. Quand ces jeunes ergoteurs parviendront à la retraite, ils verront, éprouveront, combien d’activités assaillent le retraité. Qui a bien besoin du repos que lui offre, notamment, le camping-car. Toujours disponible, il va où on veut, quand on veut, sans réservation, ni envoi d’arrhes.
Mais sur la route, il gêne. Il est lent, moins que les 35 tonnes, mais lent quand même. Sans doute pour cela que ce chauffeur passe un stop comme un voleur devant mes roues pour être devant mon vilain camion. La vue du derrière de l’engin doit être offensante, pour que cet autre franchisse la ligne continue pour me devancer. Les péremptoires diront que pour éviter ces fautes, « y’a qu’à » supprimer les camping-cars. Je dirais aussi, « y’a qu’à » respecter le Code de la route.
Après la route, on se pose. On constate alors une autre sociologie, celle des villages. Bien sûr, ceux qui sont contre les étrangers, pas dans le sens national, mais ceux qui ne sont pas de chez nous, qu’on ne connait pas. C’est assaut de panneaux d’interdiction, de barres, pour être sûrs que ces gens-là ne vont pas s’arrêter chez nous. D’autres ont simplement pensé que « ces gens-là » mangent et boivent comme tout le monde. Et le boulanger, copain du maire, aime bien son camping-cariste du matin qui emporte, avec ses 2 baguettes, son paquet de croissants. Et qui va régaler sa famille dans cet espace agréable que la commune lui a réservé.
On trouve aussi des villages-pièges qui s’excusent des inconvénients qu’ils causent en disant que c’est juste une fois par an. On vient de se prendre la grande fête annuelle de La Mure où on visait un restaurant. Par économie sans doute, un unique panneau indiquait « déviation » à l’aplomb d’une rue minuscule où on a engagé notre engin sans porte de sortie. Heureusement, un bienheureux Gilbert a guidé une marche arrière périlleuse, mètre par mètre, (environ 80) à quelques centimètres de chaque bord de rue.
Malgré quelques inconvénients, on est heureux de faire partie de cette confrérie, une des rares avec les cyclistes et les montagnards, à offrir une sympathie spontanée. Il y a toujours un campeur expérimenté qui sait démarrer un moteur récalcitrant, réparer une pompe H.S. et fournir le truc que ses années de bourlingue lui ont appris. Pas souvent, mais fidèlement, on n’a pas fini de sortir le cher camion.
17:40 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)