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19/08/2020

Je vis de bonne soupe et non de beau langage (Molière)

Je m’étais un peu étonné il y a quelque temps de la manie dont nos élites aiment émailler leurs discours de mots pas vraiment communs. Et je citais paradigme et oxymore en exemple. Les semaines ont passé depuis. Paradigme est toujours tête de gondole tandis que oxymore s’est un peu fané. C’est vrai qu’aujourd’hui, on n’est plus dans la nuance façon « clair-obscur ». Ou bien c’est noir, ou bien c’est blanc, point barre !

Après l’effacement de quelques mots précieux, on n’a pas manqué d’en promouvoir d’autres. Il semble que l’hubris ait la cote et on n’arrive plus au sommet, au zénith, mais à l’acmé. On peut s’interroger sur cette volonté de se hausser le col par le choix d’un certain vocabulaire jugé immarcescible.

Les journalistes de radio ou télévision ont perdu leur cravate mais pas abandonné leur posture de celui qui sait. Et faute de sources suffisamment exploitées, ils se rabattent sur un franglais devenu courant. Une vidéo crasseuse devient une sextape. Le règne du dernier président se réduit à un simple « Hollande bashing ». En même temps, les internautes, assez coutumiers de ces sabirs, qui vomissent les « Gafa » à pleines brassées d’octets, les alimentent constamment. Chez Facebook, on  « like » à tout va et on compte quotidiennement ses « followers »  

Mentalement, c’est sûrement confortable de se sentir membre d’un club fermé à ceux qui n’en ont pas les codes. Depuis que les patients leur disputent des bribes de savoir par internet, les médecins se réfugient davantage dans leur jargon ésotérique. Vous avez un mal précis à un pied, vous passez un I.R.M. et le compte-rendu vous semble celui d’un autre, tellement on ne peut savoir s’il s’agit d’une oreille ou d’un genou.

Les présumés experts vous enfument de la même façon. A votre questionnement, ils vous livrent un salmigondis de mots, sur le ton de l’évidence, leur sorte de réponse. A ne plus être sûr de celle qu’on avait posée.

Comment se défaire de ces envahisseurs ? Pour moi, en prenant un de ces bons vieux classiques qui ont du sens tout en me parlant simplement. On trouve cela aussi chez les auteurs contemporains. Même s’ils s’aident d’un ordinateur pour travailler leurs phrases, le texte qu’ils livrent ensuite dans un vrai bon livre façon Gutenberg est à la portée du 1er francophone venu.

 

 

16:48 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

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