06/06/2019
Les européennes du bout de ma lorgnette
Il faut une belle dose d’inconséquence pour se lancer dans une analyse de ces élections après qu’une foule de commentateurs avisés l’ont déjà faite. Mais dans ce monde où chacun s’octroie le droit d’exprimer n’importe quoi sur les réseaux que mon fils appelle a-sociaux, pourquoi me priverais-je de dire ce qui m’est venu à l’esprit lundi dernier au vu des résultats. Au risque de redites.
Et par exemple avec ce taux de participation inattendu. En n’oubliant pas qu’il est du en bonne partie à l’apport des jeunes qu’insupportaient les bricolages d’antan. Pour cette fois, il leur fallait dire : on n’a pas besoin d’être 500 millions pour repousser les migrants mais il faut toute cette force pour s’attaquer aux dérives du climat.
Ce qui explique la poussée des « Verts » en Allemagne et chez nous. D’où l’espoir suscité par Jadot. Un peu mitigé quand on voit à quelle vitesse les partis se sont « verdis ». Pour être dans le coup ? Certes le chantier est immense. Mais c’est une chance : on peut commencer à tirer une maille sans tout détricoter. Avant d’interdire les vols intérieurs, on peut sûrement trouver quelque chose qui ne bouscule pas la foule, qui ne coûte guère, et qu’on peut commencer tout de suite.
Le score obtenu par le parti animaliste, proche de celui du P.C., m’a un peu surpris. La « lutte finale » n’est plus pour davantage de justice sociale mais pour apporter aux Médor et autres bêtes plus de confort. D’ailleurs, le plus surprenant est donné par les décodeurs patentés, affirmant que c’est la photo du chien sur le bulletin qui a apporté un supplément de voix ! Mes idées sur la démocratie ont sûrement vieilli, mais décider de l’avenir de l’Europe pour 5 ans sur une photo de chien, ça m’interpelle !
Ne serait-ce pas la photo du sourire carnassier de Marine Le Pen qui lui a valu tant de voix ? En tous cas elle engrange. Je remarque que les principales villes de la ceinture grenobloise qui votaient communiste depuis la Libération l’ont largement portée en tête. Décidemment « la lutte finale » n’est plus ce qu’elle était !
Après leurs scores, LR et LFI ont de quoi interroger leurs chefs. Cela pourrait être un signal positif : dans ces partis, mais chez les autres aussi, on renoncerait au combat des « ego » pour se consacrer au combat des idées.
Puisque nous sommes en Europe, jetons un œil-effaré- sur nos voisins, anglais par exemple. Avant de nous quitter (en octobre ?) ils envoient en Europe, à une écrasante majorité, un Farage qui a quelques mois pour la vomir à loisir. Cet immense décalage m’évoque un petit décalage domestique : notre récent cambriolage. Après tout il n’a fallu qu’ un ¼ d’heure à nos voleurs pour réussir leur mauvais coup.
11:07 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
30/05/2019
Les petits ruisseaux font les grandes rivières
Parmi les expressions qui fleurissent dans les discours des politiques, la démocratie participative tient une bonne place même s’ils n’ont pas vu venir certaines déclinaisons plutôt abruptes. Dans l’Algérie en ce moment par exemple, on voit que le peuple ne se laisse plus conduire où ses leaders veulent l’emmener et même que c’est parfois lui qui oblige ceux-ci à prendre des chemins refusés jusqu’alors. Des individus, au départ isolés, qui se retrouvent ensemble sur un objectif commun, finissent par l’imposer.
C’est ainsi que certains de nos concitoyens ont décidé de réduire la viande, de bouder les plats industriels et plus simplement de se fournir en légumes dans une des milliers d’AMAP présentes sur le territoire. Ensuite assez logiquement, des communes, des collectivités territoriales ont décidé d’exiger dans les cantines scolaires un pourcentage de bio et de produits locaux.
Sur un sujet assez grave, faute de lois aujourd’hui, des personnes décidées à mourir dignement partent pour cela dans des pays qui le permettent ou trouvent des arrangements plus discrets sur notre sol. Les politiques toujours prompts à sauter dans le dernier train qui passe ne manqueront pas de légiférer un jour.
Par contre, ils avaient un vrai train de retard sur les mobilités alternatives. Dans les tracts de campagne, il y avait souvent l’idée mais ils se sont fait doubler par les constructeurs. Ce qui nous donne des vélos, des gyroroues, des trottinettes, tout un panel d’engins roulants, souvent électriques, qui zigzaguent dangereusement entre piétons et voitures faute d’avoir prévu une norme constructeur et un minimum de règles de circulation.
Que les citoyens avancent sans attendre les leaders ne garantit pas qu’ils vont dans le bon sens. On le voit quand certains qui se prétendent les seuls représentants du peuple n’ont pour tout dessein européen que la haine des migrants. En revanche, le score flatteur des écologistes, boosté par la participation des jeunes dans le droit fil de leur marche, devrait inciter les politiques à inscrire dans des actes leur souci très récemment affiché de la planète.
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23/05/2019
redondance
J’évoquais encore récemment la perte, bien lointaine, de mon dernier cheveu noir (ou blanc d’ailleurs l’alopécie n’étant pas raciste). Ce qui ne signait pas un bulletin de santé de prime jeunesse. Je vous entends maugréer avec les histoires de vieux. Ils ne savent parler que de ça et de leurs maladies.
J’aimerais m’en dispenser mais ce sont les autres qui m’y ramènent en soulignant cet état avec d’ailleurs une bienveillance appuyée. Ainsi j’ai sursauté la 1ère fois qu’un ou une m’a proposé sa place assise dans le bus. A croire que ma silhouette réclamait sans doute urgemment qu’on lui procure une position plus adéquate !
Je viens d’avoir une resucée de cette bienveillance parfois pesante. Alors que je cherchais à payer ma baguette, la jeune serveuse est venue grapiller dans ma main les pièces voulues pour un compte obtenu plus sûrement et plus vite. Je l’entends d’ici raconter l’histoire à son copain le soir : « Y’avait un vieux à la boulangerie qui voulait me payer ; j’ai choisi les pièces dans sa main, sinon, on y serait encore ! »
Même mes proches entament de subtiles manœuvres de contournement pour pallier mes présumées faiblesses. Je crois que j’ai encore la capacité de conduire notre voiture. Pourtant depuis peu, mon épouse, de 2 ans seulement ma cadette, sous le prétexte de mon dos, de mon bras, accapare souvent le volant. Je vois bien qu’elle se sent mieux avec sa conduite qu’avec la mienne.
Même mon fils, qui n’est pas censé me surveiller à vélo où je compte sur lui quelques bons milliers d’heures de selle supplémentaires s’y est mis. Au prétexte que je n’avais pas choisi la bonne piste dans un espace à peine moins grand que la Concorde, il suggérait que ce pédaleur, moi, si on n’y prend garde, est bien capable de prendre une bretelle de piste cyclable à contre-sens. Ce n’était pas exactement ses termes, mais bien le souci.
Malgré les égratignures que cela fait à mon ego, assez satisfait de lui en général, je ne peux pas éviter le constat : j’appartiens désormais à la catégorie nommée hypocritement des « personnes d’âge ». Etre vieux en revanche suscite beaucoup de sollicitude. C’est pourquoi, au lieu de se lancer dans les chères pilules ou les régimes drastiques pour retarder les atteintes de l’âge, laissons-nous filer, peinards, vers la vieillesse. On voit que ça a du bon !
16:32 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)