04/12/2019
Mens sana in corpore sano
Bien en phase avec les idées reçues, je pensais qu’un athlète plein de muscles ne pouvait pas être très intelligent. Conforté justement par la vision de l’interview d’un coach de foot dont les jambes avaient été de « haut-niveau », mais dont la tête, manifestement n’avait pas suivi.
Je viens de connaître « mon chemin de Damas » en tombant à la bibli sur le livre de Guillaume Martin : « Socrate à vélo ». Derrière ce titre, avec humour et quelques libertés prises avec les procédures officielles, l’auteur veut montrer qu’on peut être sportif même à bon niveau ET être intelligent. Réconcilier en quelque sorte « la tête et les jambes ». Démonstration d’autant plus pertinente que G.Martin est titulaire d’un master en philosophie et cycliste professionnel. Pas seulement dans d’aimables « amuse-gueules » régionaux, mais présent au Tour de France où il a obtenu une place honorable.
Par ces temps de feu d’artifice d’infos, cette histoire a de quoi « faire le buzz ». Ce n’est pourtant pas vraiment nouveau. Avec moins de retentissement, Jérôme Roy, sorti major de l’INSA de Rennes, réalisait de beaux tours de France, pas en major, il est vrai. Et Amael Moinard et d’autres, ingénieurs, avant eux.
Ce serait une longue litanie que de citer tous les écrivains cyclistes, apparus de nombreuses fois dans ce blog. Ils démontrent en tous cas la compatibilité du muscle et du cerveau dans leur réunion annuelle à Saint-Etienne pour la fameuse grimpée du Col de la République, sous la houlette de Fournel, « le régional de l’étape ».
Je m’en voudrais d’avoir l’air d’attribuer aux seuls cyclistes leur part d’intelligence. Le déboulé d’un rugbyman, dans un slalom virtuose parmi ses adversaires peut confiner au grand art. C’est un autre déboulé que réalisent ces jeunes adultes, jetés brusquement dans la gloire et les salaires mirobolants, a l’instar du modèle Zidane, qui mérite le respect.
Comme d'ailleurs lorsqu'ils témoignent de leur coeur, de leur intelligence aussi, en participant à des courses ou des manifestations dont les gains iront à des associations en grand besoin d’argent.
Finalement, le monde des sportifs, dans son échelle des niveaux de Q.I. n’est pas différent de la population générale lorsqu’elle vise à réaliser tant bien que mal le fameux objectif : « mens sana in corpore sano ». Mais ils mettent tellement en valeur un corps accompli qu’ils feraient oublier qu’ils ont aussi de l’esprit.
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27/11/2019
Des lendemains qui chantent ?
Vous avez forcément remarqué que nous vivons dans une atmosphère lourde, emprunte de pessimisme. Et s’imaginer devisant sereinement avec des amis à l’ombre d’un grand chêne relève du rêve, quasiment de l’utopie. On dirait que beaucoup de gens sont mal avec eux-mêmes, donc avec les autres, et se soulagent en balançant, notamment sur les réseaux sociaux, mais pas que, des paquets d’invectives peu civiles à propos de tout.
Essayons de suivre la dégringolade vers cette mouise d’aujourd’hui. Sans remonter à l’époque de l’amour courtois, ni même au Code des bonnes manières de Berthe Bernage, jusqu’à la fin du siècle dernier, on savait se tenir. Dans celui-ci, on a lâché la bonde. On dit n’importe quoi, on invective, on insulte. Pas qu’en mots, aussi avec des actes violents. A Marseille et dans la plupart des concentrations, on s’est affranchi des règles du « milieu », on tue pour un regard, pour un joint.
Nos élites, fatiguées peut-être d’avoir maintenu malgré tout ces bonnes manières maintenant décriées, participent à la débandade. Dans un débat à la radio ou à la télé, les gros mots, comme eut dit Audiard, volent en escadrilles. Quand on pense que même Brassens le coquin avait encore des pudeurs pour évoquer « ce petit vocable » qu’on balance aujourd’hui à pleines pages et pleines ondes.
Les bouffons politiques vont à la curée en paroles et en actions. Bolsonaro assume cyniquement de sacrifier la foret amazonienne. Après d’autres exactions, Erdogan s’assied sur les lois de la guerre. Bien qu’elle ait largement démontré un manque absolu de stature présidentielle, Marine Le Pen voit sa cote monter qu’elle alimente de ses propos populaciers.
Plus smoothy papy que jamais, devrais-je patauger dans ce marécage ? Quelques espoirs cependant. Trump venu soutenir son candidat dans le Kentucky, à coup de propos douteux et prétentieux, voit celui-ci battu par le démocrate. C’est Eric Zeimmour viré petit à petit des différents medias d’où il distribuait son racisme. En plus positif, par exemple, la Compagnie « Les 7 doigts de la main » en combinant des figures acrobatiques par des corps quasi élastiques, avec humour, diffuse une bienveillance souriante.
De bons réflexes citoyens qu’il faut saluer et consolider. Pour cela on peut encore compter sur nos enseignants toujours fermes dans leurs missions malgré des élèves de plus en plus mal élevés. En outre, sans impulsion particulière des élites, chacun trace un chemin vers du mieux-vivre. On achète à l’AMAP plutôt qu’au Supermarché, on laisse sa voiture et on prend son vélo. On préfère prendre le train plus cher et plus lent que l’avion.
De bons réflexes qui peuvent probablement conduire à un meilleur respect des choses et des gens. Pourquoi, à cette aune, ne serait-il pas possible que je me retrouve au printemps, assis à l’ombre de mon arbre, à deviser, paisible, d’ un avenir plus radieux ?
09:03 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
20/11/2019
Chère Léocadie -4-
Tu peux t’attendre à être un peu dérangée et à perdre la tranquillité de ta montagne. En effet la neige est tombée. Pas la petite poudreuse des semaines passées, mais une vraie grosse neige qui se croit en pleine saison. Et les citadins vont découvrir, comme chaque année, que la montagne existe et qu’elle peut même procurer du plaisir.
Le plaisir pour un moment sans doute avant que ne se profilent les jérémiades. Tu vas faire à nouveau connaissance avec le consommateur-type d’aujourd’hui. Entendre que la neige est mouillée, glacée, qu’elle n’est pas tombée suffisamment, que le soleil s’est caché. Ou l’autre variante : elle se met justement à tomber, là, en plein jour ! Et on n’est pas équipé pour cela.
Avec les vêtements justement, tu auras, veinarde, un vrai défilé de mode juste pour toi. Tu vas découvrir ce que sont des vêtements « flashy ». Ca veut dire qu’ils en jettent, mais qu’ils ne sont pas forcément adaptés aux circonstances. D’où la neige qui mouille !
Parmi les spécimens d’humanité dont tu auras la primeur, il y aura des attelages cocasses. Parce qu’il a vu à la télé des superbes chevauchées à chiens de traineaux, le citadin a extrait son Médor, en hibernation sur un coussin du salon, en espérant qu’il le tire sur les skis. Ou bien c’est lui qui titille les fesses de Médor qui renâcle à la tâche. Ou bien le chien, retrouvant son état de nature, galope à tout va, obligeant son maître à diverses figures imposées beaucoup moins élégantes que celles des patineuses sur glace.
On peut connaitre aussi un de ces jours bénis où une neige immaculée brille de tous ses feux sous un soleil éclatant. C’est là que le néo-montagnard photographe va te solliciter. En tout bien, tout honneur certes, mais comme un simple sujet pour animer son cadre. Faute d’ours ou de loup à proximité, tu seras pour lui la touche exotique idéale. Je ne t’en voudrai sûrement pas si tu réponds à cette proposition par une volée de noms d’oiseaux !
Je te vois venir avec ton œil aiguisé : j’ai bonne mine de me payer la tête des citadins amoureux de la montagne alors que je suis le 1er à grimper là-haut dès que la neige apparaît. J’accepte ton ironie et j’assume mes choix. Féru de montagne, je ne connais rien de plus exaltant que de glisser sur une belle neige, seul ou, mieux encore, avec les copains ! Sans vêtements flashy et avec les figures que je maîtrise !
10:51 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0)