27/11/2018
Je râle, donc je suis
Tous les parents savent que les très petits, quand leur situation est inconfortable, crient, pleurent, parce qu’ils n’ont pas d’autres moyens de s’exprimer. On peut se demander si nos contemporains devenus adultes ont acquis ces moyens lorsqu’ils crient, vocifèrent, et se croient ainsi révolutionnaires.
Depuis 1789, la révolution est inscrite au patrimoine national. Cette icone ne saurait être galvaudée. On voit que le dérèglement climatique à l’œuvre à nos portes (demandez aux Audois !) n’arrive pas à galvaniser, ni même à rassembler les foules. On apprend que la moyenne d’âge des clients des Restaus du cœur est tombée à 27 ans sans que cela émeuve ceux qui n’y vont pas. A côté de cela, on peut justeùent s’interroger sur le fait que ce qui a jeté des milliers de gens dans les rues et sur les routes soit pour la défense de la bagnole.
Ce même peuple abusé adopte le diktat économique : il faut consommer ! Car consommer dope la croissance et celle-ci crée des emplois. Ces nouveaux salariés espérés, ils vont consommer quoi ? Surtout des produits importés. Ne retenons pas les cerises sur des tables à Noel (ce devrait être un délit). Mais sans sourciller les familles se dotent d’ordinateurs, de tablettes, de smartphones. Mac ou P.C. c’est en France qu’on les fait ? C’est ainsi qu’on appauvrit le pays (70 milliards de déficit commercial)
Voila un beau thème de réflexion économique pour une nouvelle gauche. Mais pas moins de 4 micro-partis sont plus occupés, dans une bataille d’egos plus que d’idées, à se partager le dépeçage du P.S. Pendant ce temps, Marine Le Pen, en ne prenant pas trop position, se laisse statufier en madone du petit peuple.
Au vu de tout cela, on peut comprendre ceux qui réclament une révolution. Mais celles qui ont réussi avaient un objectif puissant et visant un mieux-être pour tous. Je ne suis pas sûr que la bagnole pas chère pour tous soit une bonne réponse.
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20/11/2018
Bololo, un joli nom, mais quel triste bazar quand même
On connait le crainte de « nos ancêtres les gaulois », popularisée par des chansons, que le ciel ne leur tombe sur la tête. J’ai du manquer des épisodes mais en tous cas c’est arrivé : ce peuple n’a plus toute sa tête. Et le « succès », avec quelques pratiques musclées, revendiqué par les gilets jaunes en est l’illustration.
En effet, tous les observateurs s’accordent pour noter que les français prennent de plus en plus conscience du dérèglement de la planète, assortis de quelques pleurs après la défection de Hulot. Et voici que l’échéance programmée d’une taxe sur le carburant, votée pour cela par une majorité d’élus, réussit à agglutiner ensemble un panel de râleurs de tous poils, mais néanmoins tous voués au culte de la sacro sainte bagnole.
Comme toujours, nos leaders politiques, qui avaient oublié de « vendre » l’enjeu de cette décision, et laissés de côté, de s’empresser de prendre le train en marche. Mais à leur manière. Un peu honteux de renier ce qu’ils avaient voté, ils sont avec les manifestants (les électeurs), mais sans s’afficher. Présents dans les cortèges, mais sans écharpe !
Pour ce peuple sans cervelle, les journalistes qui avaient là l’occasion de faire un boulot de journaliste en expliquant les enjeux derrière cette taxe, ont préféré faire monter la mayonnaise et endosser sans questions la « colère » des fameux gilets.
On ne peut guère espérer un changement de comportement impulsé par ces élites politiques et médiatiques. Une fois de plus la révolution peut venir d’initiatives de la base. Par exemple, lorsqu’une cantine scolaire décide de se fournir seulement de produits locaux et bios, comme à Avignon. Probable que ces futurs citoyens, et leurs parents aujourd’hui, seront ouverts à d’autres façons de consommer, nourriture, loisirs, transports…
Revenons à la chère (sens propre et figuré) voiture. Quand le m’as-tu-vu, exhibant son 4X4 à 20 litres aux cent en ville, espérait susciter envie et admiration, ramassera les sifflets et le ridicule, ce sera le signal que nous sommes sur le chemin d’une vraie écologie qui fonctionne réellement. D’ailleurs, on peut aussi rêver : j’imagine un nouveau Tour de France organisé pour des seuls amateurs à bécane ordinaire. On pourrait y inviter une équipe de gilets jaunes prêts à se battre pour revêtir le maillot de même couleur tout en économisant leur gazole.
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14/11/2018
Des souvenirs pleins de sel
Depuis qu’Yvette, notre référente-cuisine, avait décrété que le sel de Guérande c’était divin sur le foie gras, nous en avions à la maison de ce sel. Prêt ce soir-là à rehausser le goût de très prosaiques patates. Mais pour constater justement que le niveau en était au plus bas.
Ces péripéties autour du fameux condiment avaient réveillé pour moi un souvenir très ancien de mes 8 ou 9 ans. Nous habitions pendant la guerre près de la gare et depuis qu’une balle de mitrailleuse s’était fichée dans une fenêtre, papa avait décidé d’abriter sa famille à la campagne chez ma grand-mère.
C’est là, chez ce couple de paysans que j’ai découvert Guérande (sans le sel) dans une grosse reliure d’histoires détachées du journal chaque semaine. Celle qui m’intéressait, je me souviens encore du titre, s’appelait : « Derradji, fils du désert ». Par contre, j’ai oublié l’intrigue, sinon la perplexité de ce fils du désert, algérien je crois, devant les caprices des jeunes demoiselles échouées sur cette plage de Guérande pour les vacances.
Réfugié pour cause de guerre, j’allais aussi à l’école de ce petit village. J’ai découvert là, avant « être et avoir » les astuces d’un instituteur seul pour une douzaine d’enfants de différents niveaux. Découvert aussi dans cette pauvre école des livres culottés par l’usage et que chaque génération refilait à la suivante.
Pour échapper à la morosité de ces vacances forcées, nous allions souvent à vélo, notre seul moyen de locomotion, chez une tante à quelques kilomètres. Fermière elle aussi, mais qui alignait sur un meuble appelé « cosy » quelques livres de jeunesse. Là, sourd aux « vaches, cochons, couvées », je m’enfouissais dans la lecture jusqu’à la fin de la visite. Sourd aussi d’ailleurs aux notes du « Marché persan » ou du « Beau Danube bleu » qu’égrenait ma cousine sur le piano.
Les souvenirs réveillés par le sel de Guérande sont encore très vifs. Je retrouve ce goût des livres, prémices sans doute d’une envie de lire qui ne s’est pas démentie. Peut-être parce que les livres dans ces familles modestes représentaient quelque chose de précieux, un quasi luxe. D’où le respect que je leur dois encore.
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