08/03/2025
Adieu veaux, vaches, cochons, couvées, camping-car
En fréquentant assez peu l’emplacement où stationnait autrefois notre camping-car, on ne souffrait pas beaucoup de son absence. Mais notre arrière-petit-fils, revenant d’une exploration des lieux, nous a asséné la dure vérité : « le camping-car n’est plus là » A vrai dire, l’absence du moyen de transport, ne nous avait pas privé de sommeil. Il avait eu droit à des stances dédiées, 2 fois répétées, et basta pour l’engin.
Mais son rappel réanimait des images d’endroits fréquentés de nombreuses fois. Depuis quelque temps les dossiers ou les documentaires font exprès de réveiller nos souvenirs. C’est un peu normal dans la mesure où nous avons parcouru tant de villes et villages dans nos périples même s’ils étaient généralement restreints à la France. Ces documents arrivent même à dénicher des coins perdus dont on avait cru être les Christophe Colomb.
Ils n’ont pas déniché nos dernières trouvailles. On est restés longtemps allergiques aux campings, fidèles à une certaine idée de l’indépendance. On y a pris goût sur le tard en appréciant le confort. Il y a souvent plus d’espace dans une cabine de douche de camping que dans celle du camping-car, plaisant constat pour nos vieux os. Et surtout on parle aux gens. Ceux qui sont là n’ont pas fréquenté le Georges-5 et l’échange est plutôt facile.
Pour nous éviter des remords trop proches la nouvelle propriétaire de l’engin a prévu un raid dans les confins de l’Afrique. Dans le même temps, le fils s’est envolé jusqu’au Japon, un beau pays sans doute, mais à 13 heures de vol de l’Europe. Ces nouveaux sexagénaires nous démontrent qu’ils passent leur retraite autrement que ceux du siècle dernier.
En tous cas ils nous apprennent plein de choses. Il faut d’abord nous débrouiller pour ne pas passer de vie à trépas dans ces deux mois, ce qui gênerait sérieusement le déroulement de leurs projets. Ils proposent mieux encore. On a toujours un cerveau, un peu de muscles, une voiture qui se faufile mieux qu’un camping-car. Pourquoi ne pas entreprendre la tournée de nos sites préférés ?
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26/10/2024
"Guerre et Paix"
J’évoquais un jour mes regrets d’avoir été en Algérie dans un contexte de guerre et de n’avoir pas pu voir ses paysages et ses habitants dans un pays plus apaisé. Mon fils a saisi la balle au bond et m’a concocté un voyage de touriste curieux dans cette Algérie
Dans une sorte de repentance, il a même prévu une arrivée par bateau sur le port d’Alger. Bien sûr, il y a 64 ans, sur le bateau qui nous y emmenait, l’esprit était plein de doutes. Qu’est-ce qu’on va faire là-bas ? Comment va-t-on être reçu ? Cette arme, il faudra s’en servir ?
Au lieu du débarquement en troupeau emmené aussitôt par camions vers le 1er casernement, je vais apprécier de pouvoir contempler le port, la ville et des habitants qui s’agitent normalement à leur travail et vaquent tranquillement à leurs occupations.
En soldat, je n’ai quasiment pas vu d’habitants. Enfermés dans notre ferme le jour, chaque nuit le commandant nous envoyait « en embuscade », en fait créer des primes de bivouac échappant aux appelés mais profitant à son état-major. Sans besoin de « choufs » spécialisés, il était facile de savoir dans quelle direction nous partions et d’éviter ainsi les mauvaises rencontres.
Dans ces conditions, je ne pouvais guère apprécier où nous nous trouvions. Mon fils aimerait que nous retrouvrions cette fameuse ferme de jour. A défaut, les souvenirs étant très imprécis, on ira à Milliana où je n’ai fait qu’un très bref passage à l’hôpital militaire et dont mes yeux aimeraient maintenant voir le reste de la ville.
Je compte sur mon historien-géographe professionnel pour découvrir enfin ces sites dont on a tant parlé mais que je n’ai pas eu le loisir de contempler. Je crois que c’est prévu et que nous verrons le massif du Djourdjoura et la Kabylie et qu’on jettera un œil sur le désert. Ce sera de toutes façons l’entier plaisir de la découverte.
J’espère que ces déambulations me permettront de rencontrer enfin des algériens chez eux. Dans mon temps de soldat, j’en ai peu vu. A peine entrevus dans le village où j’allais d’un coup de jeep chercher les consignes de mon commandant qui ne passaient pas à la radio. Ce ne sera pas forcément évident d’échanger en français. Mais on a vu que dans les pays dont on n’avait pas la langue, ni l’anglais possible, en Equateur ou en Mongolie, les conversations par les mains pouvaient être très riches.
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12/10/2024
Adieu la poésie
La licence poétique a bon dos. Quand j’écrivais la semaine dernière que le départ de notre Génésis nous laissait indifférents, c’était pour la rime. En réalité, après plus de 20 ans de concubinage assumé avec Génésis et ses prédécesseurs, la séparation, même à l’amiable, titille les nerfs sensitifs. D’autant que la genèse de ce compagnonnage ne s’est pas faite sans douleur.
En effet je faisais des rêves classiques de bourgeois visant d’acheter une résidence secondaire. Plutôt à la montagne avec le sapin de Noel ourlé des paires de chaussures attendant leur cadeau. Le rêve a vite buté sur le réel. Soit le bien convoité sortait des limites de notre budget. Soit il paraissait accessible mais les travaux nécessaires allaient le faire exploser. Pendant tous ces échecs, ma chérie ne semblait pas trop dépitée.
En fait, elle ourdissait son complot : acheter une résidence sur roues, un camping-car. Naturellement, comme le dit si joliment Nougaro dans Cécile, « avec ses arguments », c’est elle qui a gagné. Et nous avons étrenné notre 1er camion. Un véhicule de débutant, petit et plein de défauts.
Malgré une surface habitable plus réduite que celle du plus petit chalet visité, il nous a fait connaitre la résidence secondaire partout où nous choisissions d’aller. Et nous en avons découvert de ces coins remarquables. Hormis de rares incursions en Allemagne, en Suisse et en Italie, dans le quart sud-est de la France, il y a peu de cimetières ou de stades qui aient échappé à notre visite.
Avec des classiques usés jusqu’à la corde. Ribiers en octobre pour faire la provision de pommes pour l’hiver et le tour obligé dans les Gorges de la Méouge. Les Faures en Valjouffrey, le seul lieu pendant longtemps où on faisait halte dans un camping. Le Col du Petit-Saint-Bernard qui ouvrait sur les diverses vallées du Val d’Aoste.
Le vélo était toujours attaché au derrière du camion mais arriver au-dessus d’un col c’etait l’apothéose. Comme un pro après le Tourmalet, l’Iseran, le Mont-Cenis, le héros va à son bus où le personnel, ô combien compétent le remet en marche. Je dis bien en marche car après 2 ou 3 heures de selle, la marche peut être hésitante, voire chaotique.
On voit que cette guirlande de souvenirs constitue un fameux paquet qu’on aurait du mal à faire entrer dans une case. L’hiver à la chandelle, on pourra aller puiser dans cette collection pour réveiller les endorphines. Mieux encore, on visitera par procuration avec les nouveaux propriétaires tous ces lieux du monde qui nous étaient inaccessibles.
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