09/08/2025
Petits bonheurs et vicissitudes d'un pensionnaire au séminaire
On sait que je ne rechigne pas à écrire à tout propos. On me laisse croire que ces écrits méritent souvent une note au-dessus de la moyenne. S’il y a « talent » en partie je le dois à mon prof de Français-Latin-Grec de 1ère. Avec une méthode que ne validerait pas l’Education Nationale. Il professait que la traduction exacte d’une version latine méritait 10 sur 20. Les points supplémentaires tenaient au rendu en français de la traduction. C’est dire qu’obtenir un 12 était un bon score. Quant à obtenir une telle note en dissertation confinait quasiment à l’exploit. Dure méthode qui obligeait à se remuer les méninges.
Sont nées là beaucoup d’amitiés fructueuses et durables dont une particulièrement. On réalisait couramment la mise en commun à deux de nos richesses et de nos soucis pour supporter les contraintes de cette sorte de Betharam au petit pied. Mon comparse possédait, venus de je ne sqis où, des bouquins, dont des Gide Je ne sais pas si j’ai tiré de leur lecture un profit ou si elle a contribué à ma qualité d’écriture, mais lire un livre hautement défendu procurait un plaisir à donner des frissons.
Mon binome avait présenté à sa sœur le dadais que j’étais. Le dadais savait quand même lire et écrire et avait obtenu les meilleures notes de la classe au « Brevet sportif ». Au 1er tête à tête avec la soeur, la mienne de tête présentait un chapelet de ces vilaines pustules qui font le désespoir des ados. Dotée déjà d’opiniâtreté elle n’a pas rendu les armes et c’est ainsi que mon ami est devenu mon beau-frère.
Parmi les failles de la maison, l’infirmerie. Quel que soit le mal dont on souffrait la sœur « infirmière » n’avait qu’un remède ; la diète. Pour des ados soumis à la nourriture chiche de l’après-guerre, la diète confinait à la torture. Beaucoup de nos maux s’étouffaient discrètement pour éviter la tigresse de la diète.
Heureux d’avoir abattu le mur du « Prix de sagesse » on a oublié les fondations : la « Diligence ». Trois valeurs, Discipline, Travail, « Devoirs religieux » notés chacun selon A, ou a, ou E et e. La classe obtenait à 99 % AAA. Rarissimes, E et plus encore e punissaient une faute vraiment lourde, (sabotage du Prix de sagesse justement). Dans le jésuitisme patenôtre en vigueur, on savait que dans ce vote démocratique du Prix de sagesse, nos suffrages ne pouvaient se porter que sur un élève abonné aux AAA chaque semaine. D’où la révolution.
Tant que nous étions suffisamment de vivants, la classe, laîcs et prêtres, se retrouvait dans un coin du Jura au printenps. Dans ces retrouvailles qui se voulaient joyeuses, j’étais souvent mal à l’aise en écoutant les copains curés laissant fuiter les soucis d’une vie peu enthousiasmante. Sauf l’ami Michel boute en train de nos soirées et racontant ses expériences avec humour, mais décédé trop tôt. Mais ce curé des Rousses conduisait le car scolaire et vivait avec une compagne affichée. Une belle affiche de pub pour l’église qui peine à recruter de nouveaux clercs.
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26/07/2025
Vivement les vacances
Avec les vacances, à la télé c’est le temps des « 2 ièmes couteaux », aussi assez souvent d’une info de 2ième niveau. Largement prévenu depuis le temps, j’ai trouvé que cette fois-ci on tombait bien bas. Dans un « reportage » sur les mariages différents, on a vu 2 jeunes, mariés par un inconnu, sous l’eau, en apnée tous les 3. Et cet exploit a duré d’interminables minutes. Au prix de la minute de pub, quel gâchis. C’est vrai que se présenter devant le maire de sa commune pour se marier, c’est d’un commun !
On dit souvent que trop d’infos tue l’info. Comme on vient de le voir elle se tue toute seule. Ou on veut nous épargner la tombée quotidienne des 2 champions du bombardement, inlassables assassins de jour, de nuit, sans explication particuliere. Sauf parfois un mot où le cynisme côtoie le ridicule tel celui de Netanyahu s’excusant auprès du pape d’avoir bombardé une église et les fidèles présents.
A ce propos, ce Léon XIV qui avait provoqué tant de tintamarre lors de son élection me paraît assez discret devant ces incessantes inhumanités. Dans ce monde où quand on est fort on piétine le droit, pas trop d’échos du patriarche Cyeille, pas davantage des grands rabbins, ashkénaze ou séfarade, d’israel. Le glorieux président américain a découvert que les 2 bombardiers se fichaient un peu de lui et qu’il ne suffisait pas de déclarer un cessez le feu depuis le bureau ovale pour que les parties prenantes obtempèrent.
En plus il est pris par des soucis plus importants. Sa base MAGA n’a pas l’air d’apprécier les révélations du Wall Street Journal qui n’a pas l’habitude de divaguer. Les évangélistes américains qui en forment une grande partie auraient pu s’apercevoir depuis longtemps que le comportement de leur héros divergeait fortement de la morale chrétienne. Après avoir mis le feu à toute la planète, il réfléchit ( ?) peut-être pour l’après.
Les grands reporters, en vacances aussi, ne sont plus là pour détecter la petite pousse de paix qu’on pourrait peut-être cultiver. On est condamné aux mariages sous l’eau, éventuellement en parachute. Ce qui reste des médias s’adresse à des vacanciers en quête du moindre rayon de soleil. Leur cerveau est vidé de tout souci sauf à trouver la meilleure crème solaire. On va pouvoir dire comme les gamins assoiffés de savoirs : « vivement la rentrée »
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12/07/2025
Canicula
Non ! Malgré ma vue erratique je n’ai pas fait une faute de frappe. J’ai bien écrit canicula qui signifie en latin petite chienne. Et qui est à l’origine du mot canicule. En faisant cet emprunt les académiciens ne se sont pas foulés. Ce devait être un jour de chaleur intense. En effet la petite chienne est cet animal un peu stupide qui emmerde le monde en aboyant tout le temps mais il suffit de fermer les fenêtres pour la tolérer. Tant qu’à choisir chez les bêtes les sages auraient pu trouver un animal plus impressionnant. Mais puisque l’Académie l’a décrété, gardons ce mot de 4 syllabes et e final qui remplit les yeux.
Plein les oreilles aussi avec les médias qui nous l’ont tartinée à journée faite. Est-ce bien utile, quand on meurt de chaud, de savoir qu’on fait partie des 52 départements en vigilance orange, qui ne seront plus que 34 demain et à nouveau 52 après-demain. Il faut être un journaliste fatigué, où rêvant à sa prochaine promotion pour servir des infos pareilles.
En attendant on meurt quand même de chaud. Mon passé jurassien m’a vacciné contre le froid, mais contre la chaleur ? J’ai bien eu, il y a longtemps, un petit entrainement en Algérie. Déjà vêtu du treillis qui n’est pas en dentelle du Puy, harnaché de divers accessoires militaires, mais en plus, grâce à un commandant dans la lignée des auteurs de la ligne Maginot, survêtu d’une djellaba pour la couleur locale probablement. L’armée ne fournissait pas de thermomètres, mais je peux assurer que courir le djebel avec cet accoutrement donne chaud vraiment chaud.
Maintenant je n’ai plus l’âge où on nous envoyait faire le zozo dans ce pays. Pour le coup, les medias nous serinent largement leurs conseils. Avec une prédilection en direction des vieux. Sur l’échelle de Richter de la dangerosité calorique la personne âgée est sur le barreau du dessus. Il faut donc rappeler à ces cerveaux usés de la fatigue de l’âge qu’il faut boire, ne pas sortir, mettre un chapeau, bref, se claquemurer.
Caniculé autant qu’un jeune, je reprends mon chemin de personne âgée en bénéficiant de grands ponts entre 2 visites ou intervention médicale. Toujours épaulé par mon épouse. Pas pour me soutenir car depuis le temps je suis rodé à toute espèce de manipulation que peut entreprendre le corps médical sur le mien. C’est pour la barrière. A juste titre le médecin veut savoir qui on est, pourquoi on vient, comment on va payer. Tout ça sur une borne indiquant le bon bouton, dans quel sens mettre le document, que normalement on n’a qu’à lire. Et là, on aidante de toujours de m’aider à franchir cet obstacle.
Pardonnez-moi : la canicula d’à côté vient de reprendre son concert quotidien. Je dois fermer la fenêtre et du coup l’inspiration. Calamitas canicula !
14:39 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (2)