29/11/2025
Faut pas avaler tout ce que propose l'oncle Sam
J’avais été un peu court la semaine dernière en mentionnant comme seul emprunt aux américains le langage informatique. En réalité, outre le franglais dont ils ne sont que partiellement responsables, ils nous offrent, sans droits de douane, quelques-unes de leurs manies originales.
On a donc ainsi fêté Halloween. A l’origine il s’agissait de se déguiser pour faire peur aux revenants et à l’occasion de faire la quête. On ne s’inquiète plus des revenants mais il reste la quête. C’est ainsi qu’on lâche dans les rues des gamins, pas vraiment privés de sucre, qui mendient des bonbons pour essayer quelques heures les recettes des futurs obèses américains.
A grand fracas de pub est arrivé le Black Friday. Singulier inapproprié puisqu’il faut comprendre que ça dure d’un vendredi au vendredi suivant. Mon petit-fils m’assure qu’une loi interdit qu’on monte les prix avant pour offrir ensuite les remises mirobolantes. La loi a dû profiter à ce couple qui patientait depuis des mois pour s’acheter un lit où on peut dormir et pouvoir ranger les sacs de couchage.
A côté de cet achat ô combien raisonné, une myriade de clients sans besoins particuliers s’est jetée sur les boutiques au nom de c’est pas cher. Ils achètent un T-shirt à 4 sous qu’ils mettront une fois avant d’aller grossir la pile des vêtements oubliés dans l’armoire. Et pas même une pensée pour les pakistanaises ou les chinoises qui ont travaillé de longues journées pour faire ça avec un salaire de misère.
Le hot-dog et le hamburger ont envahi Mac-Do et consorts. Ils réjouissent les petits budgets que les écoles hôtelières n’ont pas ouvert à la gastronomie Les palais allergiques à ces sortes de nourriture avalent le dimanche vers 11 H le brunch là où le muffin est acceptable. Sans oublier de déployer le Times ou le Guardian pour éviter la confusion avec la piétaille.
Je connais un Président qui n’a pas du fêter Thanksgiving, le jour où tombait l’habituel ultimatum de Trump, celui de son « plan de paix » confectionné dans son dos et copiant les exigences du kremlin. A défaut de suivre les tergiversations internationales du président américain, même l’O.N.U ne le peut, on pourrait espérer un refus des frasques vicieuses de ce mâle dominant à la maison.
Ce sont les femmes qui ont d’abord réagi. Particulièrement cette élue républicaine de Géorgie. Non contente de démissionner de la Chambre des Représentants, elle expose, avec d’autres femmes, les photos des victimes sur les marches du Capitole. Souhaitons qu’elles enrôlent des mâles normaux. De ceux par exemple rencontrés dans notre périple à vélo dans les méandres de la Côte Est, courtois, prévenants. Revenu des préventions en vigueur, j’avais écrit dans la Revue des bourlingueurs internationaux à vélo pour les inciter à ne pas bouder les U.S.A. Ils le pourraient probablement encore aujourd’hui.
09:22 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
22/11/2025
"Faut pas parler aux cons, ça les instruit" (M. Audiard)
J’aurais dû m’énerver à la dernière bourde de la télé publique. Elle a présenté en 40 secondes le décès de Xavier Emmanuelli et en 4 minutes « la marche des teckels » au Champ de Mars. En fait cela m’a fait plaindre les animaux. Pas seulement les teckels contraints à ce défilé de mode ridicule. Mais tous les animaux limités dans leur expression. Bien sûr ce malinois qui aboie derrière sa grille me dit son agressivité. Ou ma chatte et ses yeux doux qui réclament une caresse. Mais il leur manque le langage des mots.
Les humains le possèdent, un avantage et une responsabilité. On ne dispose que d’un verbe pour dire j’aime les tomates et j’aime ma femme. Et ça se décline. J’aime les fleurs de crocus, les 1ères du printemps et j’aime les couplets de « Ma France » chanté par Ferrat. On manque vraiment de mots.
Les japonais et les chinois, avec un seul signe déclinent des sens différents selon le ton mis. Faute de mots, on a préféré faire des emprunts. On a renoncé à franciser les termes informatiques donnés par les inventeurs américains. Le domaine médical était heureux de trouver chez les grecs logos (la parole) et scopein (observer) pour les terminaisons en -logue ou en -scopie.
La France qui se voit en temple de la gastronomie s’est beaucoup servie chez les voisins. La paella des espagnols ou la pizza des italiens et la culture du rituel qui va avec. De l’autre côté de la Méditerranée nous vient l’excellent couscous algérien, battu quand même, on l’a goûté l’an dernier avec mon fils par le Kabyle. Pas de discussion pour le tajine marocain.
Le choix des mots devient difficile maintenant que la guerre se fait par la communication. On n’est pas dupe des commentaires entortillés de Netanyahu après qu’il a bombardé un hôpital. Il est moins aisé de percer les mots sournois des influenceurs qui grignotent la démocratie. Par métier les diplomates naviguent dans les mots qui parlent sans fâcher.
Avec quel soin doit-on choisir ses mots dans le domaine du mental. Les psys n’ont que des mots pour comprendre ce qui fonctionne mal dans ce cerveau devant eux et trouver de quoi le réparer. Quelque soient les écoles, elles préconisent de privilégier l’écoute à la parole.
A 2, en groupe, ou plus encore, la parole est précieuse. Dans ce monde brinqueballé, il manque une grande voix comme on en a connu avec Simone Veil ou Badinter. On n’a que ces gens qui, parce qu’ils sont riches, nous déversent leurs phrases vulgaires, injurieuses, bref, lamentables.
Sans me référer à quelque école, je préfère souvent me taire. Soit mon statut social d’ancien cadre, d’homme, de retraité aisé va bloquer la compréhension de mon interlocuteur. Soit, dans un débat je sens la phrase qui apaiserait sans la trouver et je me tais pour ne pas ajouter à la confusion. Suis-je assez précautionneux dans les mots que j’emploie ? Question ! On me dit que « l’ouvrage » de Bardella fait un tabac.
09:24 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
08/11/2025
Un drôle de bestiaire
On a dû percevoir ici ou là que je ne suis pas un adhérent fanatique du parti animalier. Bien sûr, comme pour tous les vivants je déplore qu’on blesse ou qu’on martyrise des bêtes. Mais que pour défendre par exemple 15 millions de chiens, (le chiffre s’en maintient pas celui des bébés), on leur prête des caractéristiques humaines, y compris l’intelligence, je ne marche plus.
Je m’en prends aux chiens parce que c’est le seul animal qui slalome devant moi sur la piste cyclable ou qui crotte sur le trottoir et pas les oies ou les moutons. L’animal dont on a poussé l’instinct agressif pour qu’il menace, voire qu’il morde, souvent à contretemps. Ou, le pire du ridicule, la bête érigée en mannequin de mode avec son p’tit imper ou ses bottines.
Dans ce bestiaire crétin, une exception ; le chien-guide d’aveugles. . Le chien-guide fait un travail astucieux, est prévoyant J’ai quand même de la peine à accoler l’adjectif intelligent à une bête. Il faudrait croire qu’un influx de l’hypothalamus l’ait poussé un jour à réfléchir et décider : je veux être un chien-guide. Du reste les formateurs disent qu’il faut 2 ans pour obtenir un bon chien-guide. Ce n’est pas si aisé de comprendre le travail.
Dans les nuisibles de la piste cyclable, j’ai oublié le cheval qui y épand généreusement son crottin. Ma petite voisine élève un spécimen de la race équine, trop gros pour être poney, trop petit pour être monté : le mini-cheval. Alors qu’en fait-on ? Généralement on l’attelle à une carriole et on fait des concours pour être classé le plus bel attelage.
Assaillie de naissances l’éleveuse essaye de vendre une de ses bêtes. Mais les clients pour des chevaux à carriole, ne se trouvent pas justement sous les pieds d’un cheval. Pourtant il vient de se produire un miracle : un cheval vendu. Qui ne sera pas attelé parce qu’il présente des dispositions rares pour la médiation. Chez 2 humains, dotés de raison, entrés en médiation, l’harmonie ne vient pas toujours. Avec un cheval, ça m’interroge. Mais j’apprends ; pas nécessaire de pratiquer l’équitation, être bien disposé, ça produit des hormones positives. Acceptons ! Cela permet déjà de vendre des chevaux invendables.
Cette tendance à vouloir affubler les animaux de vertus humaines peur conduire parfois à des idées fâcheuses. Par exemple à un homme qui vient de perdre sa femme, on offre un animal pour le distraire en ajoutant qu’il va reporter son affection sur la bête. Qu’on m’entende bien ! Je n’ai pas du tout envie d’être veuf, et mon épouse n’y tient pas beaucoup. En plus je suis taiseux-bavard, capable de me taire si je n’ai rien à dire mais qu’on ne peut arrêter si le sujet me botte. Vous m’imaginez échanger avec ma chatte sur un poème de Brassens ou l’architecture d’un vélo. Non, ça ne le fait pas. Et le recours à un cheval, même le plus capé d’équithérapie, non plus. Je ne suis pas bien disposé.
10:09 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)


