22/11/2025
"Faut pas parler aux cons, ça les instruit" (M. Audiard)
J’aurais dû m’énerver à la dernière bourde de la télé publique. Elle a présenté en 40 secondes le décès de Xavier Emmanuelli et en 4 minutes « la marche des teckels » au Champ de Mars. En fait cela m’a fait plaindre les animaux. Pas seulement les teckels contraints à ce défilé de mode ridicule. Mais tous les animaux limités dans leur expression. Bien sûr ce malinois qui aboie derrière sa grille me dit son agressivité. Ou ma chatte et ses yeux doux qui réclament une caresse. Mais il leur manque le langage des mots.
Les humains le possèdent, un avantage et une responsabilité. On ne dispose que d’un verbe pour dire j’aime les tomates et j’aime ma femme. Et ça se décline. J’aime les fleurs de crocus, les 1ères du printemps et j’aime les couplets de « Ma France » chanté par Ferrat. On manque vraiment de mots.
Les japonais et les chinois, avec un seul signe déclinent des sens différents selon le ton mis. Faute de mots, on a préféré faire des emprunts. On a renoncé à franciser les termes informatiques donnés par les inventeurs américains. Le domaine médical était heureux de trouver chez les grecs logos (la parole) et scopein (observer) pour les terminaisons en -logue ou en -scopie.
La France qui se voit en temple de la gastronomie s’est beaucoup servie chez les voisins. La paella des espagnols ou la pizza des italiens et la culture du rituel qui va avec. De l’autre côté de la Méditerranée nous vient l’excellent couscous algérien, battu quand même, on l’a goûté l’an dernier avec mon fils par le Kabyle. Pas de discussion pour le tajine marocain.
Le choix des mots devient difficile maintenant que la guerre se fait par la communication. On n’est pas dupe des commentaires entortillés de Netanyahu après qu’il a bombardé un hôpital. Il est moins aisé de percer les mots sournois des influenceurs qui grignotent la démocratie. Par métier les diplomates naviguent dans les mots qui parlent sans fâcher.
Avec quel soin doit-on choisir ses mots dans le domaine du mental. Les psys n’ont que des mots pour comprendre ce qui fonctionne mal dans ce cerveau devant eux et trouver de quoi le réparer. Quelque soient les écoles, elles préconisent de privilégier l’écoute à la parole.
A 2, en groupe, ou plus encore, la parole est précieuse. Dans ce monde brinqueballé, il manque une grande voix comme on en a connu avec Simone Veil ou Badinter. On n’a que ces gens qui, parce qu’ils sont riches, nous déversent leurs phrases vulgaires, injurieuses, bref, lamentables.
Sans me référer à quelque école, je préfère souvent me taire. Soit mon statut social d’ancien cadre, d’homme, de retraité aisé va bloquer la compréhension de mon interlocuteur. Soit, dans un débat je sens la phrase qui apaiserait sans la trouver et je me tais pour ne pas ajouter à la confusion. Suis-je assez précautionneux dans les mots que j’emploie ? Question ! On me dit que « l’ouvrage » de Bardella fait un tabac.
09:24 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
08/11/2025
Un drôle de bestiaire
On a dû percevoir ici ou là que je ne suis pas un adhérent fanatique du parti animalier. Bien sûr, comme pour tous les vivants je déplore qu’on blesse ou qu’on martyrise des bêtes. Mais que pour défendre par exemple 15 millions de chiens, (le chiffre s’en maintient pas celui des bébés), on leur prête des caractéristiques humaines, y compris l’intelligence, je ne marche plus.
Je m’en prends aux chiens parce que c’est le seul animal qui slalome devant moi sur la piste cyclable ou qui crotte sur le trottoir et pas les oies ou les moutons. L’animal dont on a poussé l’instinct agressif pour qu’il menace, voire qu’il morde, souvent à contretemps. Ou, le pire du ridicule, la bête érigée en mannequin de mode avec son p’tit imper ou ses bottines.
Dans ce bestiaire crétin, une exception ; le chien-guide d’aveugles. . Le chien-guide fait un travail astucieux, est prévoyant J’ai quand même de la peine à accoler l’adjectif intelligent à une bête. Il faudrait croire qu’un influx de l’hypothalamus l’ait poussé un jour à réfléchir et décider : je veux être un chien-guide. Du reste les formateurs disent qu’il faut 2 ans pour obtenir un bon chien-guide. Ce n’est pas si aisé de comprendre le travail.
Dans les nuisibles de la piste cyclable, j’ai oublié le cheval qui y épand généreusement son crottin. Ma petite voisine élève un spécimen de la race équine, trop gros pour être poney, trop petit pour être monté : le mini-cheval. Alors qu’en fait-on ? Généralement on l’attelle à une carriole et on fait des concours pour être classé le plus bel attelage.
Assaillie de naissances l’éleveuse essaye de vendre une de ses bêtes. Mais les clients pour des chevaux à carriole, ne se trouvent pas justement sous les pieds d’un cheval. Pourtant il vient de se produire un miracle : un cheval vendu. Qui ne sera pas attelé parce qu’il présente des dispositions rares pour la médiation. Chez 2 humains, dotés de raison, entrés en médiation, l’harmonie ne vient pas toujours. Avec un cheval, ça m’interroge. Mais j’apprends ; pas nécessaire de pratiquer l’équitation, être bien disposé, ça produit des hormones positives. Acceptons ! Cela permet déjà de vendre des chevaux invendables.
Cette tendance à vouloir affubler les animaux de vertus humaines peur conduire parfois à des idées fâcheuses. Par exemple à un homme qui vient de perdre sa femme, on offre un animal pour le distraire en ajoutant qu’il va reporter son affection sur la bête. Qu’on m’entende bien ! Je n’ai pas du tout envie d’être veuf, et mon épouse n’y tient pas beaucoup. En plus je suis taiseux-bavard, capable de me taire si je n’ai rien à dire mais qu’on ne peut arrêter si le sujet me botte. Vous m’imaginez échanger avec ma chatte sur un poème de Brassens ou l’architecture d’un vélo. Non, ça ne le fait pas. Et le recours à un cheval, même le plus capé d’équithérapie, non plus. Je ne suis pas bien disposé.
10:09 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
11/10/2025
Où est passé le sens commun ?
Nous vivons dans un monde très déglingué. Je l’ai déjà dit ici mais la pluie d’infos qui crépite sans arrêt comme un orage de grêle sur une vigne m’oblige à y revenir. Il n’y a plus de sens commun, chacun refusant l’autre, ses arguments pris comme des attaques et couvant sa vérité dans son couloir bien calfeutré. Bien brassé par des nuisibles amplifiés par les fameux réseaux.
Parmi ceux-ci, non pas exactement les journalistes mais la façon dont ils pratiquent souvent leur métier. Dans les procès de plusieurs semaines signifiant la gravité et la complexité des faits, sur des infos glanées ici et là, ils refont l’enquête, l’instruction des gendarmes ou des juges et annoncent déjà un verdict.
Ils tendent leur micro à celui qui passe par là et, tout flatté d’une telle aubaine, celui-ci avance aussi ses hypothèses. « Il a le crâne rasé », « il a les yeux agressifs ». On fait de la morphopsychologie. La psychologie n’est déjà pas si simple pour établir une vérité- souvenons-nous des rapports contradictoires de psychiatres au tribunal – Alors, la morphopsychologie … !!!
La présomption d’innocence n’est plus qu’une clause de style. Chacun barbote dans l’intimité du plaignant et de la défense sans le moindre respect. Une femme qui vient de perdre son fils se voit tendre un micro pour dire…mais quoi ? Dans sa tête il n’y a que la douleur.
Depuis qu’à Washington un nouveau pédiatre a entrepris de sauver de l’autisme les bébés à naître, ceux qu’on appelle les influenceurs s’en donnent à cœur joie dans un grand foutoir médical. Chacun a sa molécule contre la tension, le diabète et tous les maux connus ou inventés pour la circonstance. Le club des anti-vaccins pourrait se souvenir qu’il a fallu 300 000 morts du Covid pour que l’expert-santé consente à utiliser le vaccin qui sauvait des millions de gens sur la planète.
Dans ce monde où l’apparence est reine la santé par la nourriture se porte bien. Paradoxalement, à côté de ceux qui promeuvent la lecture attentive des notices, des « experts », foin de notices, proposent des recettes pour maigrir, éventuellement grossir, et parfois pire. N’importe qui, à qui on proposerait une plante pas forcément exotique, qui peut guérir le cancer devrait fuir « des deux fuseaux ». mais il y a encore des gogos.
Sommes-nous condamnés à patauger dans un marécage de racontars toxiques où dénicher la vérité relève d’un art difficile. Un brin d’optimisme nous vient, pour cette fois, des Etats-Unis. Pour ne pas déplaire au prince, la chaine avait retiré de l’antenne l’humoriste très prisé. Devant l’énorme bronca d’américains de toutes obédiences elle l’a rétabli. Dans notre République où la Présidence penche souvent vers les privilèges royaux, on devrait rétablir la fonction de « Fou du Roi ». Outre la possible réflexion du prince, c’est surtout l’occasion pour le peuple d’apprendre en riant qu’on ne doit pas gober n’importe quoi. Peut-être, je rêve un peu.
11:19 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)


