18/05/2022
Bas les masques
Parmi le flux de nouvelles qui marquent ce lundi, les Russes repoussés à Kharkiv, l’ouverture du Festival de Cannes, la nomination d’une 1ère ministre, il en est une qui éclipse toutes les autres : aujourd’hui, on tombe les masques. Pas vraiment familier du métro, moins encore de l’avion, mon esprit déborde d’empathie pour nos chers parisiens et tous les voyageurs, enfin libérés.
Pour ceux qui ne voyagent pas, c’est aussi le renouveau, on va retrouver les visages des connus et des inconnus. Même à ceux ou celles dont le visage est qualifié d’ingrat, une fois agrémenté d’un sourire, c’est fou le charme qu’il prend. On va pouvoir se saluer sans se cogner les poings, exercice qui emballait mon arrière-petit-fils.
Sur le point d’exposer leur tête au naturel, beaucoup de dames avaient anticipé la libération, et à ce qu’on dit, les boutiques de produits de beauté avaient subi des assauts inédits. On peut faire confiance à ces dames pour doser les couches préparatoires et la palette de couleurs aux bons endroits. Avec modération bien sûr, car la bise revenue aussi, les lèvres amicales doivent parvenir jusqu’à la peau sans trop d’obstacles !
Pour ma part, assez égoistement je l’avoue, pas vraiment sourd, mais malentendant confirmé, je suis sauvé dans les conversations, souvent bruyantes, par la lecture des lèvres, sans devoir obliger mes interlocuteurs et moi à adopter la langue des signes. Aidé en l’occurrence par toutes les mimiques qui renforcent la compréhension.
Moins emballés par cette liberté retrouvée, certains ont quelques bonnes raisons de garder le masque. Sans s’arrêter à ceux qui, justement, n’aiment pas qu’on lise sur leurs lèvres, et qu’on les lise tout court, il y a aussi ce point rouge venu décorer indument une aile de nez, ou l’herpès qui a colonisé une lèvre et pour lesquels le masque offre une protection bienvenue.
La pandémie avait remis les ménagères, pas seulement celles de 50 ans, aux fourneaux. Bienheureux virus : grâce à lui, j’ai pu déguster, selon la recette éprouvée de la sœur de mon épouse experte du domaine, du fenouil à l’eau avec un filet d’huile d’olive. Recette que sans les masques on va pouvoir jeter aux orties. A moins que ? Certaine tante, de cette famille inclassable en gastronomie, ne jurait-elle pas que par sa soupe aux orties.
Depuis qu’on nous ressasse, pandémie oblige, qu’au-delà de 60 ans, et de 80, imaginez, nous sommes des personnes à risque, affublé en outre de l’étiquette infâme de Macron-compatible, je ne vois pas d’autre ressource que de continuer à porter un masque en de nombreuses circonstances et obtenir du nouveau ministre de la santé le certificat de vieux citoyen responsable.
09:14 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
12/05/2022
Pourquoi ne prendrions nous pas notre temps ?
J’étais sur le point de me laisser aller à la morosité avec les nostalgiques des bons vieux partis, droite, gauche, en déliquescence avancée. La retraite vient de reconstituer 2 blocks irréconciliables : une vieille droite pour 65 ans et une nouvelle gauche pour 60 ans. Parti pile entre ces 2 âges-repères, indécrottable centriste, je ne peux m’autoriser à émettre un avis sur le sujet.
Ce qui me paraît important en revanche, c’est l’état dans lequel on y arrive. A mon avis, croyez-en un vieux briscard de la retraite, bien avancé dans cette 2ème vie, on ne devrait pas être si pressé de coiffer le poteau salvateur.
Au prix de nombreuses allées et venues dans 2 banques, d’une surveillance attentive des travaux par mon épouse et des mois de patience difficilement contenue, j’ai pu m’offrir une maison. A l’image de son patron, elle vieillit. On doit constater une électricité parfois alternative, des fenêtres moins pimpantes, des poutres offertes à l’appétit de bestioles, notre mini-forêt privée envahissante. Les appareils que la modernité a mis chez nous, même achetés avant l’obsolescence programmée, finissent par avouer leur lassitude. Submergés par tous ces maux hors de nos capacités, on fait comme le gouvernement, on fait appel aux experts (un peu moins chers).
Longtemps, le pot de départ d’un retraité s’accompagnait du cadeau rituel : un fauteuil. Signal évident : maintenant, il va se reposer. Erreur magistrale ! Libéré du travail, on regorge de temps libre. Sous nos latitudes, imprégnées de judéo-chrétien, le temps sans rien faire n’est pas très orthodoxe. Ce dont s‘avisent très vite tous les proches et singulièrement l’épouse.
Celle-ci, sans l’avoir appris, sait déléguer. Un peu de ménage par ci, un peu d’écrous à serrer par là, la sieste devient vite une pause nécessaire. Un boulot tout indiqué pour celui qui a repris les finances : les courses. Epreuve délicate. Par exemple, comment détecter dans les 4 mètres de praticable dédiés aux yaourts celui sans sucre ajouté, sans vanille, bio, tout simplement nature. Autre obstacle : assez loin de la retraite somptueuse qu’on nous prête, sans être famélique, la mienne oblige à compter. Mais rentrer à la maison avec trop de « top-budget » me vaudra quelques remontrances.
Dans les 1ers âges de la retraite, on a initié des petits-enfants au jardinage, plus souvent à la maitrise du vélo, des projections photos. Aujourd’hui, dans la pleine maturité de la retraite, ce sont plutôt eux qui nous « drivent » avec, il est vrai, les drôles instruments du progrès.
17:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/05/2022
De ce qu' un livre peut nous apprendre de nous
Le thème de l’immigration n’est jamais absent de notre vie politique, avec ses moments d’effacement et ses grandes marées. On vient d’en prendre une resucée avec la récente campagne électorale et surtout les millions d’Ukrainiens jetés loin de chez eux. A ceci près que ceux-ci sont des bons, blancs, catholiques et leurs icones bien présentables, qui requièrent toute notre sympathie.
On a quand même entendu quelques malveillants suggérer à la Pologne de bien séparer les ukrainiens des syriens ou des afghans. Car la politique sur le sujet admet volontiers qu’on peut accueillir ceux qui complètent nos compétences, les utiles en quelque sorte, et avoir des réticences vis-à-vis des autres, objets de simple humanité, donc en 2ème option. Un sujet sur lequel on serait malvenu de pavoiser, la récente campagne ayant montré que nous n’étions pas exempts de sérieuses hypocrisies.
Il suffirait pourtant de se souvenir que chacun de nos pays est l’aboutissement de strates successives de peuples, de cultures, de langages plus ou moins lointains. Le récent cadeau d’une amie marocaine, un livre intitulé : « Les mots émigrés » prolonge la réflexion sur ces thèmes. Dans une écriture fluide, pleine d’humour, il passe en revue dans différents chapitres les mots récoltés de nombreux pays et maintenant usités couramment sans qu’on y pense.
Même si tel mot a eu au début un peu de peine à faire sa place, la leçon est très claire. Avec un mot, c’est une culture qui entre chez nous et celui qui l’apporte entre aussi. Pas plus qu’on ne dénie la paternité du cassoulet à Castelnaudary, on ne dénie la vogue du couscous à l’arrivée des maghrébins. Comme l’avaient fait en leur temps les polonais, les espagnols ou les italiens.
L’Anglais a droit, bien sûr, à son chapitre. Ce qui est un peu superfétatoire tant cette langue a envahi nos conversations. L’informatique ou le « new-managing » s’en délectent. Peut-être pas autant que le monde de la chanson qui ne sait plus s’exprimer qu’en cette langue. Ou du moins quelques lambeaux pêchés ça et là, pour masquer un « bafouillis » plein de « la-la-la ».
Il serait injuste d’oublier que dans ce domaine on a beaucoup emprunté a de grands auteurs. Ainsi, « Give Peace a Chance » ou « Imagine » sont dans toutes les bouches. En réalité, pas tout à fait. Ne peuvent en savourer « la substantifique moelle » que ceux qui les comprennent. Des émigrés, il n’y a pas que des mots qui le soient chez nous.
14:56 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)