08/11/2025
Un drôle de bestiaire
On a dû percevoir ici ou là que je ne suis pas un adhérent fanatique du parti animalier. Bien sûr, comme pour tous les vivants je déplore qu’on blesse ou qu’on martyrise des bêtes. Mais que pour défendre par exemple 15 millions de chiens, (le chiffre s’en maintient pas celui des bébés), on leur prête des caractéristiques humaines, y compris l’intelligence, je ne marche plus.
Je m’en prends aux chiens parce que c’est le seul animal qui slalome devant moi sur la piste cyclable ou qui crotte sur le trottoir et pas les oies ou les moutons. L’animal dont on a poussé l’instinct agressif pour qu’il menace, voire qu’il morde, souvent à contretemps. Ou, le pire du ridicule, la bête érigée en mannequin de mode avec son p’tit imper ou ses bottines.
Dans ce bestiaire crétin, une exception ; le chien-guide d’aveugles. . Le chien-guide fait un travail astucieux, est prévoyant J’ai quand même de la peine à accoler l’adjectif intelligent à une bête. Il faudrait croire qu’un influx de l’hypothalamus l’ait poussé un jour à réfléchir et décider : je veux être un chien-guide. Du reste les formateurs disent qu’il faut 2 ans pour obtenir un bon chien-guide. Ce n’est pas si aisé de comprendre le travail.
Dans les nuisibles de la piste cyclable, j’ai oublié le cheval qui y épand généreusement son crottin. Ma petite voisine élève un spécimen de la race équine, trop gros pour être poney, trop petit pour être monté : le mini-cheval. Alors qu’en fait-on ? Généralement on l’attelle à une carriole et on fait des concours pour être classé le plus bel attelage.
Assaillie de naissances l’éleveuse essaye de vendre une de ses bêtes. Mais les clients pour des chevaux à carriole, ne se trouvent pas justement sous les pieds d’un cheval. Pourtant il vient de se produire un miracle : un cheval vendu. Qui ne sera pas attelé parce qu’il présente des dispositions rares pour la médiation. Chez 2 humains, dotés de raison, entrés en médiation, l’harmonie ne vient pas toujours. Avec un cheval, ça m’interroge. Mais j’apprends ; pas nécessaire de pratiquer l’équitation, être bien disposé, ça produit des hormones positives. Acceptons ! Cela permet déjà de vendre des chevaux invendables.
Cette tendance à vouloir affubler les animaux de vertus humaines peur conduire parfois à des idées fâcheuses. Par exemple à un homme qui vient de perdre sa femme, on offre un animal pour le distraire en ajoutant qu’il va reporter son affection sur la bête. Qu’on m’entende bien ! Je n’ai pas du tout envie d’être veuf, et mon épouse n’y tient pas beaucoup. En plus je suis taiseux-bavard, capable de me taire si je n’ai rien à dire mais qu’on ne peut arrêter si le sujet me botte. Vous m’imaginez échanger avec ma chatte sur un poème de Brassens ou l’architecture d’un vélo. Non, ça ne le fait pas. Et le recours à un cheval, même le plus capé d’équithérapie, non plus. Je ne suis pas bien disposé.
10:09 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
01/11/2025
Un nonagénaire ne sait pas tout
Ayant fêté, pompeusement, mes 90 ans, je pensais, comme beaucoup de mes contemporains, que j’avais tout vu, tout vécu et que je savais tout. Tout faux ! Pour mon épouse qui me caricaturait en « speedy », j’ai pris une grande leçon de longue patience sans même chercher à modifier la caricature.
Cela se passe aux urgences du C.H.U. Et oui, toujours la fesse boutonneuse. Mon épouse-infirmière-aidante aurait pu se dire qu’elle en avait un peu marre de faire des soins matin et soir sans succès et de sélectionner des coussins susceptibles d’apprivoiser un séant douloureux.
Après une dermato déjà un peu en retraite, les urgences d’à côté pas emballées de s’y coller, elle a frappé un grand coup : le C.H.U. Venu là dans le coma, j’avais raté des étapes. Cette fois-ci j’étais en pleine conscience comme on dit pour la méditation. Le 1er chapitre de la leçon va de 15H jusqu’à 20H où je vois le docteur. Une patience pimentée de coups d’espoir déçus. Après une 1ère étape où on débroussaille, un aide-soignant, 2 heures plus tard, me déguise en patient et me dit : vous allez voir le docteur. Dans le langage courant, on pense 10, voire 20 minutes. La suite dira qu’aux urgences, il vaut mieux penser en heures.
Moi qui n’ai jamais pu dormir sur le dos, j’ai appris que je pouvais demeurer dans cette position pendant des heures. Elle permet en l’occurrence de surveiller les allers et venues. La moindre blouse nouvelle qui s’approche est peut-être porteuse d’une bonne nouvelle. Et non, elle passe !
Autre découverte : aujourd’hui pas d’en-cas à 4 H. Je peux donc rester des heures sans manger ni boire. On verra que c’était un élément très utile pour la suite des évènements où le jeune sera nécessaire.
Il est environ 20 H quand je vois enfin le médecin qui m’apprend que je vais passer au bloc pour une vraie opération. Je suis aussitôt en contact avec plein de soignants rassurants, attentifs, absolument cocooné. Et endormi.
Je me réveille dans une chambre redevenu un patient opéré. La 2ième partie de la leçon sera plus facile dans une attente ponctuée de séquences prévues, petit déjeuner, soins, papiers de sortie. Et toujours un défilé de soignants très occupés mais disponibles, offrant tous leurs services et activant le moindre détail.
Mon épouse mérite des félicitations d’avoir insisté jusqu’au C.H.U. qui a détecté le mal et l’a résolu. Elle l’a payé d’une longue attente dans une salle où il ne se passait rien et où elle ne savait rien. Sauf, tardivement, qu’on va m’opérer, par une infirmière qui poussera la gentillesse à l’appeler à 23 H pour la rassurer du résultat. Pas étonnant qu’elle ait conclu un message de réponse par un « vive l’hôpital public » qui le mérite bien.
11:32 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
25/10/2025
Presque rien à dire
Je crains de tomber dans le défaut que je moquais la semaine dernière : écrire en n’ayant rien à dire. Aucun élément saillant en effet n’a percuté mon esprit. Vous le direz « et Sarkozy » ? Justement il a eu suffisamment de commentateurs pour que je m’abstienne. Entre ceux qui applaudissaient pour soutenir le malheureux avant cette dure épreuve. Et ceux qui applaudissaient en pensant que la justice française n’était pas galvaudée comme en divers pays.
Vous me direz aussi : « et le Louvre » ? Même foule d’experts pour expliquer les failles de sécurité ou l’habileté des voleurs. En tous cas, cela nous donne pour plusieurs jours de quoi suivre l’enquête policière à la poursuite des 4 escalateurs de haut vol.
Il y aurait bien les retraites qui me concernent forcément. Pour regretter que les 1ères discussions du budget esquivent le sujet. Regretter surtout que cela tourne à la bataille entre les jeunes actifs et les fameux boomers décorés uniformément de nantis. Une querelle qui n’enrichit pas l’imposante masse des retraités appauvris.
Je pourrais glisser la séquence érotico-médicale. En effet un vilain bouton est né qui a élu domicile sur ma fesse gauche. Au cas où je l’oublierais il m’envoie de vives douleurs quand je m’assieds et même, res horribilis, sur une selle de vélo. Ma fidèle infirmière a repris du service sur un mal fuyant. La docteure consultée ensuite a jeté un regard furtif malgré une fesse avenante. Notre hôpital préféré ne fait que dans le cassé pas dans l’épiderme. La persévérance de mon infirmière nous a conduit chez la dermato qui a vu, nommé le fautif et donné le traitement, pas érotique du tout.
Cette fesse se rappelle à mon douloureux souvenir parce que je ne parle plus de mes yeux depuis que mon épouse a eu la bonne idée de m’offrir une liseuse. Celle-ci me propose en ce moment Le cas Malaussene. Dans ses chapitres, Pennac tresse une ode vibrante au Vercors. Il nous ferait croire qu’il y vit depuis toujours avec sa nombreuse famille littéraire.
Le Vercors, voilà l’évènement. Les 5 plus jeunes pousses de la fratrie y ont passé leur 1ère semaine de vacances. Sous un soleil plutôt défaillant. On admire ces adultes capables de gérer 5 gamins, levés tôt, aux goûts et aux humeurs pas toujours convergentes. Mais on peut leur décerner aussi un grand sac de ressources à utiliser selon l’atmosphère.
J’en étais là de mes réflexions en regardant évoluer notre chatte. Sa démarche ressemblait beaucoup à celle que Pennac prête au chien Julius, c’est-à-dire que le wagon de queue suit le wagon de tête avec beaucoup d’indépendance. Après nos efforts pédagogiques d’autrefois, c’est cet animal qui nous oblige à gérer son indépendance, pas seulement dans la démarche.
15:04 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (2)


