24/08/2025
"Partir c'est mourir un peu"...trop?
Des passants même malentendants auraient pu entendre ce lamento lancé avec vigueur : « j’en ai marre de cette baraque ». La dite baraque c’est notre maison qui donne des soucis d’entretien, y compris à l’extérieur, à ses occupants. D’ailleurs, même écrit joliment et chanté sur un ton guilleret, le patron est quand même nonagénaire.
Ne pourrions-nous pas imiter nos amis, à Avignon, Chalon, Gex, qui ont choisi un appartement ? Nous n’avons pas une aversion définitive sur l’appartement. D’ailleurs nous gardons un souvenir ému de notre 1er appart à Meudon la Forêt. Une 2ème naissance m’avait libéré de l’armée après 2 ans. Dans la foulée, j’avais trouvé un boulot. Mais dans ce Paris embouteillé, comment se loger ?
Aussi, quand j’ai retrouvé la famille dans le Jura en brandissant la clé du gite obtenu, c’était le vrai cadeau de Noel. Le lotissement était vraiment tout neuf. Je partais vers le bus avec des chaussures pour marcher dans la boue et je les changeais pour être présentable à Colombes. Le pire était pour mon épouse qui remontait les 10 étages avec les courses, un enfant ou deux, sans ascenseur et dans l’obscurité. Mais c’était le nid de la famille rassemblée.
Pour autant peut-t-on déménager pour le souvenir d’une émotion ? D’autant que notre maison n’est que semi-nonagénaire. Ses bases sont encore solides et efficaces. Pendant ces canicules, on appréciait d’être relativement au frais. Et nous avons un garage. On pense avec commisération à notre voisin qui s’introduit dans une voiture qui a pris 38 degrés depuis des heures sur le parking.
C’est vrai qu’on n’est pas très pros pour les fleurs mais la nature y pourvoit. Elle nous offre au printemps un 1er tapis de crocus sur la pelouse. Remplacés par les primevères, chassées à leur tour par les pâquerettes. Et notre cerisier ! Un peu pingre cette année. Après 1 bol pour la voisine de droite, un pour celle de gauche, celui de la dame de ménage, il en restait tout juste pour les oiseaux. Mais mon amoureuse des oiseaux était ravie de cette mince aumône.
En outre on a le privilège d’une maison à la campagne et à la ville. Je peux aller à la boulangerie déjà citée pour ses tables et son café au prix de quelques pas. Aussi facilement on est à la FNAC, forcément délaissée depuis quelque temps. Les médecins, quand on a obtenu un R.V sont à portée de bus, ceux-ci à portée de pas.
Le soir après le diner on se régale de notre coin terrasse abrité d’où l’on suit les allers et venues des hirondelles ou le ballet des chauves-souris. Enfoncés dans le canapé, il n’est même pas question dans la conversation d’évoquer un quelconque départ de ces lieux pour un éventuel ailleurs inconnu.
15:59 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
16/08/2025
"La vie commence à 60 ans"
Sous ce titre, un brin provocateur, Bernard Olivier qui n’a pas laissé ses pieds s’épanouir dans ses sabots explique que la retraite, fin de la vie professionnelle, n’est pas celle de la vie tout court et surtout pas le début de la vieillesse. Bien sûr, cela me parle un peu même si j’ai franchi ce cap il y a bien longtemps.
Ce récit, malgré parfois un ton presque doctoral, n’est pas une thèse et on peut ne pas adhérer à son raisonnement. Malgré tous ses métiers, l’auteur demeure un intello et use beaucoup de phrases pour se débarrasser de cette vieillesse associée à la retraite. Certes on trouve des nouveaux retraités qui bafouillent un peu, qui s’inquiètent de leurs médicaments et même, selon Bernard Olivier, qui ont peur d’être en manque, « cette maladie incurable des gens qui ont été pauvres ». Je m’inquiète du pain, c’est davantage dû aux tickets après la guerre qu’à l’âge. Vraiment pas anciens pauvres puisqu’on porte régulièrement au « Grenier de Mamie » les drôles d’objets qu’on a achetés à « Ozanam » dans un cycle bien rodé.
En réalité, la retraite c’est beaucoup plus simple : sauf si on était mineur de fond ou manœuvre de chantier, on continue pendant les 1ères décades à vivre, physiquement et moralement, comme avant. L’âge se rappellera à notre souvenir quand on croira pouvoir monter ce petit raidard habituel « en fumant la pipe » et qu’on coincera. Pour ne pas s’ennuyer à la retraite, donc vieillir, il faut des projets.
Sans avoir lu Bernard Olivier, au 1er jour de retraite (qui m’a coûté un trimestre dans le décompte sécu mais je ne suis pas choriste dans la chorale des retraités pleureurs ) je partais faire la « bike-road » du Danube jusqu’à Budapest et retour à Venise. Suivi de beaucoup d’autres programmés régulièrement pour tâter d’espaces rêvés et inconnus.
Après 40 ans de journées formatées 7H/19H on aime reprendre des rituels, aux sorties ASTA, à la salle de gym. On va pouvoir écouter aux heures ouvrables les débats jusqu’alors manqués. Ali Baddou n’est pas mon cousin. Ponctués quand même de quelques foutaises servies à point par notre TV publique. La lecture des journaux après le déjeuner remplit une case bienvenue. L’amateur de blog, avant que l’I.A. ne le ringardise, occupe ponctuellement la sienne.
Même si on délaisse la voiture, elle nécessite ses révisions périodiques. Le retraité a le temps, souvent le besoin, de faire les siennes. Le doigt mis dans l’engrenage médical remplit l’agenda de tous ces maux qu’on ignorait jusqu’alors. Toutefois entre 2 visites, il reste quelques heures pour glander. Qui seront peut-être occupées par le passage imprévu d’enfants, plus souvent de petits-enfants. Et là, on ne s’ennuie pas.
Même si mes 60 ans n’ont pas ouvert ma vraie vie, ils ont offert de nouvelles armes pour vivre pleinement en complément de celles utilisées auparavant.
11:10 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
19/07/2025
"Mieux vaut s'accomoder des choses que pleurer la lune" (A. David-Neel)
Pour les personnes âgées, il ne suffit pas de boire, de faire quelques pas (avec un chapeau), il leur est aussi conseillé de prendre les évènements de la vie avec un maximum d’optimisme. Devenu soucieux de ma santé que j’ai suffisamment escagassé dans le passé, j’ai mis sur la table mes soi-disant misères pour découvrir leurs grâces cachées.
On peut commencer par la vue. Mon épouse, au sortir d’une cataracte réparée, lui reprochait presque de lui montrer crûment ses rides. J’ai la chance de ne pas voir les siennes, ni les miennes. Et je trouve beaucoup d’à-propos à mon miroir de se limiter au strict nécessaire.
Quand j’ai la malchance de voir le visage de Trump au net, je lui vois un air buté en permanence, grognon en tous cas. Ma chance par contre, à la télé qu’il envahit trop souvent, je ne vois plus son visage bougon. Je repère seulement la casquette rouge dont il semble ne jamais pouvoir se séparer (pas d’infos provenant de Melania Trump)
Mon épouse encore. Réveillée à 3 heures du matin par des braillards doit se lever pour fermer la fenêtre. Délesté de mes aides auditives, je lui fais envie d’avoir dormi pendant ses défences comme un loir. Honnêtement, même équipé le jour, les aboiements de la canicula voisine me parviennent assourdis,
Certes, c’était il y a très longtemps. Ma bouche a sucé toutes les sortes de pipes possibles, même en écume ( ?!) Malgré un intérieur où tout n’est pas d’origine, j’ai toujours des sortes de hoquets répulsifs à mettre la langue sur ce faux vin qu’est le rosé. Surtout ma bouche ne se trompe pas à goûter religieusement un Savanien jurassien plutôt qu’un Pinot blanc de quelque part.
Avant même que mon nouveau statut de nonagénaire ne le souligne, j’ai pris de l’âge. D’ailleurs, nouveauté pour moi, depuis quelque temps, on m’offre une place assise dans le bus. Peu habitué au début, je tournais la tête derrière moi pour m’assurer qu’on s’adressait à moi. Maintenant j’ai bien compris et je ne boude pas ces offres d’autant qu’entre Eybens et le centre de Grenoble il y a une trotte que mes jambes trouvent beaucoup mieux à parcourir en position assise.
Force est de constater que les faiblesses affichées déclenchent chez nos proches des aides spontanées. Ainsi on vient de prévoir pour notre chambre un chantier inespéré : la pose d’un ventilateur au plafond. Sautant à pieds joints sur mon regret de ne pouvoir participer, ces chers aidants ont tout prévu, de l’achat à la pose.
Mon aidante de tous les jours a pour sa part suffisamment de quoi aider. En me laissant astucieusement quelques niches de boulot qui m’évitent un vrai statut de handicapé. Je suis devenu le roi du clafoutis et les goûteurs de passage constatent que je n’ai pas mélangé les proportions de sucre et de farine. Je me réjouis quand ils tendent leur assiette.
10:49 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)