01/11/2025
Un nonagénaire ne sait pas tout
Ayant fêté, pompeusement, mes 90 ans, je pensais, comme beaucoup de mes contemporains, que j’avais tout vu, tout vécu et que je savais tout. Tout faux ! Pour mon épouse qui me caricaturait en « speedy », j’ai pris une grande leçon de longue patience sans même chercher à modifier la caricature.
Cela se passe aux urgences du C.H.U. Et oui, toujours la fesse boutonneuse. Mon épouse-infirmière-aidante aurait pu se dire qu’elle en avait un peu marre de faire des soins matin et soir sans succès et de sélectionner des coussins susceptibles d’apprivoiser un séant douloureux.
Après une dermato déjà un peu en retraite, les urgences d’à côté pas emballées de s’y coller, elle a frappé un grand coup : le C.H.U. Venu là dans le coma, j’avais raté des étapes. Cette fois-ci j’étais en pleine conscience comme on dit pour la méditation. Le 1er chapitre de la leçon va de 15H jusqu’à 20H où je vois le docteur. Une patience pimentée de coups d’espoir déçus. Après une 1ère étape où on débroussaille, un aide-soignant, 2 heures plus tard, me déguise en patient et me dit : vous allez voir le docteur. Dans le langage courant, on pense 10, voire 20 minutes. La suite dira qu’aux urgences, il vaut mieux penser en heures.
Moi qui n’ai jamais pu dormir sur le dos, j’ai appris que je pouvais demeurer dans cette position pendant des heures. Elle permet en l’occurrence de surveiller les allers et venues. La moindre blouse nouvelle qui s’approche est peut-être porteuse d’une bonne nouvelle. Et non, elle passe !
Autre découverte : aujourd’hui pas d’en-cas à 4 H. Je peux donc rester des heures sans manger ni boire. On verra que c’était un élément très utile pour la suite des évènements où le jeune sera nécessaire.
Il est environ 20 H quand je vois enfin le médecin qui m’apprend que je vais passer au bloc pour une vraie opération. Je suis aussitôt en contact avec plein de soignants rassurants, attentifs, absolument cocooné. Et endormi.
Je me réveille dans une chambre redevenu un patient opéré. La 2ième partie de la leçon sera plus facile dans une attente ponctuée de séquences prévues, petit déjeuner, soins, papiers de sortie. Et toujours un défilé de soignants très occupés mais disponibles, offrant tous leurs services et activant le moindre détail.
Mon épouse mérite des félicitations d’avoir insisté jusqu’au C.H.U. qui a détecté le mal et l’a résolu. Elle l’a payé d’une longue attente dans une salle où il ne se passait rien et où elle ne savait rien. Sauf, tardivement, qu’on va m’opérer, par une infirmière qui poussera la gentillesse à l’appeler à 23 H pour la rassurer du résultat. Pas étonnant qu’elle ait conclu un message de réponse par un « vive l’hôpital public » qui le mérite bien.
11:32 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
25/10/2025
Presque rien à dire
Je crains de tomber dans le défaut que je moquais la semaine dernière : écrire en n’ayant rien à dire. Aucun élément saillant en effet n’a percuté mon esprit. Vous le direz « et Sarkozy » ? Justement il a eu suffisamment de commentateurs pour que je m’abstienne. Entre ceux qui applaudissaient pour soutenir le malheureux avant cette dure épreuve. Et ceux qui applaudissaient en pensant que la justice française n’était pas galvaudée comme en divers pays.
Vous me direz aussi : « et le Louvre » ? Même foule d’experts pour expliquer les failles de sécurité ou l’habileté des voleurs. En tous cas, cela nous donne pour plusieurs jours de quoi suivre l’enquête policière à la poursuite des 4 escalateurs de haut vol.
Il y aurait bien les retraites qui me concernent forcément. Pour regretter que les 1ères discussions du budget esquivent le sujet. Regretter surtout que cela tourne à la bataille entre les jeunes actifs et les fameux boomers décorés uniformément de nantis. Une querelle qui n’enrichit pas l’imposante masse des retraités appauvris.
Je pourrais glisser la séquence érotico-médicale. En effet un vilain bouton est né qui a élu domicile sur ma fesse gauche. Au cas où je l’oublierais il m’envoie de vives douleurs quand je m’assieds et même, res horribilis, sur une selle de vélo. Ma fidèle infirmière a repris du service sur un mal fuyant. La docteure consultée ensuite a jeté un regard furtif malgré une fesse avenante. Notre hôpital préféré ne fait que dans le cassé pas dans l’épiderme. La persévérance de mon infirmière nous a conduit chez la dermato qui a vu, nommé le fautif et donné le traitement, pas érotique du tout.
Cette fesse se rappelle à mon douloureux souvenir parce que je ne parle plus de mes yeux depuis que mon épouse a eu la bonne idée de m’offrir une liseuse. Celle-ci me propose en ce moment Le cas Malaussene. Dans ses chapitres, Pennac tresse une ode vibrante au Vercors. Il nous ferait croire qu’il y vit depuis toujours avec sa nombreuse famille littéraire.
Le Vercors, voilà l’évènement. Les 5 plus jeunes pousses de la fratrie y ont passé leur 1ère semaine de vacances. Sous un soleil plutôt défaillant. On admire ces adultes capables de gérer 5 gamins, levés tôt, aux goûts et aux humeurs pas toujours convergentes. Mais on peut leur décerner aussi un grand sac de ressources à utiliser selon l’atmosphère.
J’en étais là de mes réflexions en regardant évoluer notre chatte. Sa démarche ressemblait beaucoup à celle que Pennac prête au chien Julius, c’est-à-dire que le wagon de queue suit le wagon de tête avec beaucoup d’indépendance. Après nos efforts pédagogiques d’autrefois, c’est cet animal qui nous oblige à gérer son indépendance, pas seulement dans la démarche.
15:04 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (2)
04/10/2025
La grande débâcle
On s’accorde généralement à me trouver un caractère pas toujours rayonnant d’optimisme. Il faut dire que la planète y met du sien pour mesurer mes contentements. Et comme un bonus c’est sur nous aussi que pleuvent des soucis.
A commencer par notre maison que depuis 45 ans nous choyons avec beaucoup d’amour.. et d’euros. Cela a débuté par une planche qui s’est détachée du toit pour choir sur l’allée. Tombée nuitamment elle n’a blessé personne pas même notre chat qui campe souvent là.
Comme dans toutes les maisons on se protège des incursions indésirables par un portail sauf que le notre ne ferme plus et que le réparateur se fait désirer. Ma très inventive épouse a paré au défaut avec un ruban dentelé qui peut faire penser à un air de French Cancan.
Avec un très beau sens de la contradiction, quand on geint de partout à propos des ravages de la canicule sur les maisons, notre mur s’est imprégné d’eau. Le technicien envoyé par l’assurance est monté au grenier, descendu à la fosse du trottoir, a couru partout. Après 2 heures et demie d’efforts remarquables il s’est contente d’une découpe du papier peint et a promis qu’un autre allait venir découper du mur pour poursuivre la recherche de fuite d’eau.
Je profite de ce que mes fidèles lecteurs qui ne parlent pas encore couramment le jurassien mais le comprennent pour dire que les patrons aussi sont « atigés ». Papy se réveille un matin complètement déséquilibré, physiquement seulement, à viser le meuble où s’accrocher pour effectuer le pas suivant. On a vite mis hors de cause la sortie vélo. Dûment chapitrés sur la protection de ma précieuse personne, mes compagnons de route s’en sont acquittés dans un luxe de précaution. « Maurice, on va passer sous un tunnel », « Maurice, tu n’as pas mis le petit plateau » plus la jeune retraitée qui a sauvegardé mon retour jusqu’au seuil de la maison.
Mon aidante de tous les jours aurait dû être aidée aussi. Pour une obligation d’échange, on a visité le monstrueux centre de chalandise récemment ouvert. Les allées infinies sous le soleil et sans sièges semblent sympathiques mais en les parcourant longuement c’est le genou, déjà fragile, qui a payé. Une enflure importante et la douleur insupportable. Décision : on n’y reviendra jamais mais ça ne répare pas les genoux.
Comme toujours quand les petits malheurs nous font geindre, on pense forcément à ceux qui de partout n’ont ni toit, ni jambes du tout. Pas de quoi vraiment retrouver le sourire.
15:37 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)


