16/08/2025
"La vie commence à 60 ans"
Sous ce titre, un brin provocateur, Bernard Olivier qui n’a pas laissé ses pieds s’épanouir dans ses sabots explique que la retraite, fin de la vie professionnelle, n’est pas celle de la vie tout court et surtout pas le début de la vieillesse. Bien sûr, cela me parle un peu même si j’ai franchi ce cap il y a bien longtemps.
Ce récit, malgré parfois un ton presque doctoral, n’est pas une thèse et on peut ne pas adhérer à son raisonnement. Malgré tous ses métiers, l’auteur demeure un intello et use beaucoup de phrases pour se débarrasser de cette vieillesse associée à la retraite. Certes on trouve des nouveaux retraités qui bafouillent un peu, qui s’inquiètent de leurs médicaments et même, selon Bernard Olivier, qui ont peur d’être en manque, « cette maladie incurable des gens qui ont été pauvres ». Je m’inquiète du pain, c’est davantage dû aux tickets après la guerre qu’à l’âge. Vraiment pas anciens pauvres puisqu’on porte régulièrement au « Grenier de Mamie » les drôles d’objets qu’on a achetés à « Ozanam » dans un cycle bien rodé.
En réalité, la retraite c’est beaucoup plus simple : sauf si on était mineur de fond ou manœuvre de chantier, on continue pendant les 1ères décades à vivre, physiquement et moralement, comme avant. L’âge se rappellera à notre souvenir quand on croira pouvoir monter ce petit raidard habituel « en fumant la pipe » et qu’on coincera. Pour ne pas s’ennuyer à la retraite, donc vieillir, il faut des projets.
Sans avoir lu Bernard Olivier, au 1er jour de retraite (qui m’a coûté un trimestre dans le décompte sécu mais je ne suis pas choriste dans la chorale des retraités pleureurs ) je partais faire la « bike-road » du Danube jusqu’à Budapest et retour à Venise. Suivi de beaucoup d’autres programmés régulièrement pour tâter d’espaces rêvés et inconnus.
Après 40 ans de journées formatées 7H/19H on aime reprendre des rituels, aux sorties ASTA, à la salle de gym. On va pouvoir écouter aux heures ouvrables les débats jusqu’alors manqués. Ali Baddou n’est pas mon cousin. Ponctués quand même de quelques foutaises servies à point par notre TV publique. La lecture des journaux après le déjeuner remplit une case bienvenue. L’amateur de blog, avant que l’I.A. ne le ringardise, occupe ponctuellement la sienne.
Même si on délaisse la voiture, elle nécessite ses révisions périodiques. Le retraité a le temps, souvent le besoin, de faire les siennes. Le doigt mis dans l’engrenage médical remplit l’agenda de tous ces maux qu’on ignorait jusqu’alors. Toutefois entre 2 visites, il reste quelques heures pour glander. Qui seront peut-être occupées par le passage imprévu d’enfants, plus souvent de petits-enfants. Et là, on ne s’ennuie pas.
Même si mes 60 ans n’ont pas ouvert ma vraie vie, ils ont offert de nouvelles armes pour vivre pleinement en complément de celles utilisées auparavant.
11:10 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
19/07/2025
"Mieux vaut s'accomoder des choses que pleurer la lune" (A. David-Neel)
Pour les personnes âgées, il ne suffit pas de boire, de faire quelques pas (avec un chapeau), il leur est aussi conseillé de prendre les évènements de la vie avec un maximum d’optimisme. Devenu soucieux de ma santé que j’ai suffisamment escagassé dans le passé, j’ai mis sur la table mes soi-disant misères pour découvrir leurs grâces cachées.
On peut commencer par la vue. Mon épouse, au sortir d’une cataracte réparée, lui reprochait presque de lui montrer crûment ses rides. J’ai la chance de ne pas voir les siennes, ni les miennes. Et je trouve beaucoup d’à-propos à mon miroir de se limiter au strict nécessaire.
Quand j’ai la malchance de voir le visage de Trump au net, je lui vois un air buté en permanence, grognon en tous cas. Ma chance par contre, à la télé qu’il envahit trop souvent, je ne vois plus son visage bougon. Je repère seulement la casquette rouge dont il semble ne jamais pouvoir se séparer (pas d’infos provenant de Melania Trump)
Mon épouse encore. Réveillée à 3 heures du matin par des braillards doit se lever pour fermer la fenêtre. Délesté de mes aides auditives, je lui fais envie d’avoir dormi pendant ses défences comme un loir. Honnêtement, même équipé le jour, les aboiements de la canicula voisine me parviennent assourdis,
Certes, c’était il y a très longtemps. Ma bouche a sucé toutes les sortes de pipes possibles, même en écume ( ?!) Malgré un intérieur où tout n’est pas d’origine, j’ai toujours des sortes de hoquets répulsifs à mettre la langue sur ce faux vin qu’est le rosé. Surtout ma bouche ne se trompe pas à goûter religieusement un Savanien jurassien plutôt qu’un Pinot blanc de quelque part.
Avant même que mon nouveau statut de nonagénaire ne le souligne, j’ai pris de l’âge. D’ailleurs, nouveauté pour moi, depuis quelque temps, on m’offre une place assise dans le bus. Peu habitué au début, je tournais la tête derrière moi pour m’assurer qu’on s’adressait à moi. Maintenant j’ai bien compris et je ne boude pas ces offres d’autant qu’entre Eybens et le centre de Grenoble il y a une trotte que mes jambes trouvent beaucoup mieux à parcourir en position assise.
Force est de constater que les faiblesses affichées déclenchent chez nos proches des aides spontanées. Ainsi on vient de prévoir pour notre chambre un chantier inespéré : la pose d’un ventilateur au plafond. Sautant à pieds joints sur mon regret de ne pouvoir participer, ces chers aidants ont tout prévu, de l’achat à la pose.
Mon aidante de tous les jours a pour sa part suffisamment de quoi aider. En me laissant astucieusement quelques niches de boulot qui m’évitent un vrai statut de handicapé. Je suis devenu le roi du clafoutis et les goûteurs de passage constatent que je n’ai pas mélangé les proportions de sucre et de farine. Je me réjouis quand ils tendent leur assiette.
10:49 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
05/07/2025
Bon anniversaire
Et oui, ça y est : j’ai 90 ans. En me souhaitant mon anniversaire, j’ai fait une constatation : entre le type que j’étais la veille du cap fatal et le lendemain je n’ai perçu aucune différence palpable. C’est le compteur administratif qui me dit que je suis entré dans la très probable dernière et pas affreuse décade de ma vie.
Pas affreuse en effet puisque les diverses zones de mon cerveau minutieusement étudiées en 58 à la Sorbonne-science sont encore en état de marche. Juste pour l’alimentation de l’influx nerveux la centrale débite un courant d’une intensité très faible. C’est pour cela, par exemple, qu’en entament une démonstration, c’est pile le mot-clé qui a fichu le camp. Cela permet du moins à mes interlocuteurs de rester sur leur quant-à-soi.
Après le poste de pilotage, mon cœur, mes 208 os, bardés de tendons et de muscles et pour certains de résine arrivent au fameux « qui va piano, va grosso modo sano ». Foin des raids lointains où on s’essouffle, on transpire, on se tord les pieds. Mes jambes peuvent encore me porter jusqu’au village où la boulangère a installé 3 tables où on peut déguster son café avec un croissant. De quoi donner l’envie d’aller souvent acheter son pain.
Dans la plénitude de leurs capacités certains se sont vus indestructibles. J’ai fait partie de ces innocents. Mais au fur et à mesure que le compteur de l’âge monte, le compteur de l’énergie descend. Cahin-caha, je vais maintenant mon chemin. Je ne dirai pas que j’ai eu une belle vie ce qui serait prétentieux. Je dirai que j’ai eu une vie très pleine, de randonnées, de rencontres, d’expériences.
Je peux en remercier mes parents qui m’ont construit sans bugs majeurs. Aussi les très proches, et tous les proches qui m’ont accompagné sur le chemin caillouteux de la vie. Et tout particulièrement mon épouse avec qui nous le parcourons ensemble depuis tant d’années.
09:17 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (1)