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04/11/2016

Aller simple pour l'aire de repos

C’était un de ces repas où l’excellence des mets, ou le degré du vin, produisent des conversations enjouées en sirotant le café. Au détour de mon statut de papy, il me fut rappelé que j’étais maintenant le plus âgé de la famille, « au sommet de la pyramide », et même précisé gentiment par un convive : « le 1er à partir ». Pas  à Vancouver ou Bangkok, non, mais à partir tout court.

Les gros malins du jackpot funéraire  avaient du infiltrer un micro dans la pièce puisqu’à compter de ce jour, ils m’ont assailli de leurs propositions plus ou moins alléchantes. La télé elle-même a réussi, entre une marque de petits pois et le dernier parfum  Dior, à dresser le panégyrique  de ces chers bienfaiteurs « qui s’occupent de tout ».

Bien sûr, ils ne veulent pas ajouter au chagrin de nos enfants le grand bazar des formalités pratico-administratives qui malheureusement entourent le décès. Je croyais avoir prévu l’obstacle. J’avais décidé de me faire incinérer, dans un cercueil pas cher, vu son usage de type très C.D.D., et de jeter au vent mes cendres sur quelque col des environs.

Mais c’était dans mes 70,75 ans, au temps de ma jeunesse romantique. J’ai appris depuis qu’on n’a pas le droit de répandre des cendres sur le domaine public, pas plus d’ailleurs que dans le domaine privé, dans son jardin, ni de les garder à la maison. Alors l’urne, on la met où ?

Dans ce pays, on est aussi prompt à pondre une loi qu’un cow-boy à défourailler, à chaque éternuement des gazettes. Et je n’ai pas envie d’ajouter, chaque année, un codicille aux déjà longues directives écrites. Quitte à paraître imprévoyant, je m’en remets, le moment venu, à l’abri prévu par ma commune dans la petite niche de cet édicule joliment nommé colombarium. Moyennant quelque loyer bien sûr. La manière mesquine de voir cela : la commune récupère quelques euros sur le dos du défunt qui ne lui versera plus d’ impôts locaux. Je pense, quant à moi, que domicilié chez les colombes, symboles de paix, c’est un bel endroit pour goûter à la paix éternelle !

15:52 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

Ah bah mince, si on ne peut s'envoyer en l'air une dernière fois ! Drôle d'époque où l'on reglemente tout (autant d'occasions de désobéir ?).

Écrit par : Marc | 06/11/2016

Avec l'agrement de mes proches, bien envie de desobeir.

Écrit par : Maurice | 07/11/2016

En tout cas, mon agrément t'est acquis. Il faudrait savoir ce qu'en pensent Françoise, Florence et Olivier.
En attendant (!), bonne santé ! Et conserve bien ton corps en entier !

Écrit par : Marc | 07/11/2016

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