Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/12/2013

"O râge, O desespoir, O vieillesse ennemie"

 

 

 

Jusqu’à il y a peu, sans me sentir immortel mais en remettant l’idée de la fin de partie à beaucoup plus tard, je me voyais assez inoxydable, progressant chaque année dans mes exercices, à vélo ou à ski. Deux accidents, coup sur coup, m’ont ramené très vite à une dure réalité.

 

On m’a bien fait voir, (avec commentaires, « à votre âge »….) que même le calcium du soleil ne me faisait pas des os en acier, que mes synapses connaissaient quelques court-circuits. Et si je n’avais pas bien compris, on m’a collé du métal dans la hanche, du plastique dans les doigts. Tout cela, même pas pour reprendre une progression sportive, mais simplement pour fonctionner chaque jour à peu près normalement.

 

Au début, pas vraiment préparé, j’ai subi ces accessoires étrangers comme des intrus monstrueux, et craignant de faire peur en les exhibant. Erreur ! Ma calvitie, jointe à ces étrangetés, n’a même pas provoqué une proposition de place assise  dans le bus. Les jeunes qui m’entouraient semblaient beaucoup plus accaparés par la réponse aux derniers S.M.S. !

 

Reste que cette belle surface de plastique vierge aurait pu s’agrémenter de quelque dessin, ou même, en souvenir des « dazibao » chinois, recevoir quelques mots bien sentis. Ca nous changerait des horreurs qu’on a trouvé dans certains journaux récemment .

 

Quel que soit le sort qu’on réserve à mes composants artificiels, plutôt conservateur sur ce plan, je rêve de reparaître le plus tôt possible avec mes abattis d’origine, même un peu usagés.

 

10:43 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

20/12/2013

Chère Léocadie

 

 

 

Chauffé au soleil de ces 2000 mètres, je humais l’air à pleins poumons, et j’ai pensé à toi, habitante de ces lieux. Si jamais tu oubliais la  chance que tu as, je vais te raconter un peu comment nous vivons là en bas dans nos villes, empêtrés de voitures, pleins d’activités trépidantes et souvent futiles, voire inutiles.

 

Ca commence par l’irrépressible angoisse du repas de Noël. Ce n’est vraiment pas le jour de faillir à la tradition et donc : huitres, dinde aux marrons, boudin blanc. D’un autre côté, on va recevoir des dames (et des messieurs) à l’affût du moindre kilo (ou moindre gramme) susceptible d’alourdir leur silhouette. Plains (ou ne plains pas, on n’est pas obligé) la pauvre hôtesse qui va devoir résoudre cette quadrature de l’assiette.

 

Toi, quand tu veux sortir, tu jettes un oeil à la fenêtre, et tu prends le vêtement adapté. Chez nous en bas, c’est plus compliqué. Qu’on envisage des vacances ou une simple demi-journée, on doit consulter la météo. C’est devenu l’info principale et incontournable des médias.

 

Devant l’attention qu’elle accapare, nos communicants ont trouvé le moyen de fabriquer de l’émotion pour le  bon peuple en inventant un nouveau jeu : la «vigilance orange». Chacun leur tour, 2 ou3 départements sont affublés de cette étiquette orange, jamais rouge, ni verte. Ce qui permet à quelques-uns de se prendre à bon compte pour des héros en allant  affronter une pluie un peu plus drue que la semaine dernière.  

 

Tout ça parce qu’on ne peut plus quitter ces moulins à infos qu’on a dans la poche, des e-phones qu’on les appelle. Même le gamin de CE2 en a un, grâce à quoi il désapprend les tables de multiplication et échange de fantastiques dialogues avec sa copine du style : “Où t’es en ce moment? Tu fais quoi ?”

 

Avec cela, si l’économie  l’intéressait, il pourrait même capter la dernière info délirante. Elle vient de Bruxelles : à la frontière, on pourra dorénavant  passer 10 cartouches de cigarettes au lieu de 5 et 5000 cigares. A quoi ils pensent là-bas? Il faudrait une vie (et une drôle!) pour fumer ça!

 

Tu vois que tu as raison d’inhaler sans limites ton air montagnard. Avant qu’un promoteur, humant lui aussi ton air pur, n’aies l’idée de venir  y planter ses vilains immeubles.

 

 

 

13/12/2013

Le grand Homme et les 77 nains

 

Mon rythme d’écriture étant ce qu’il est, je n’étais pas à l’heure pour la mort de Mandela. Mais cela ne m’empêche pas d’y faire référence aujourd’hui. Les couronnes tressées, unanimes et dithyrambiques, ayant commencé de se faner, je peux peut-être y aller de ma petite pierre.

 

Comme tout le monde, dire d’abord à quel point on peut être impressionné par la stature de cet homme. Malgré 27 ans destinés à le casser, il garde en sortant  ses convictions aussi fermes qu’avant et la solidité morale pour les faire avancer.

 

C’est surtout un modèle par rapport au racisme. On ne pouvait guère trouver pire terrain que son pays pour l’exercice quotidien de ce fléau. Et Mandela, en référence à Gandhi ou à Luther King (ou non, je  ne sais) lutte sans faiblesse mais sans violence contre le mal qui ronge son pays. On se sent gêné alors de vivre dans un pays où se tolèrent des mots ou des caricatures d’une personne qui, même ministre, n’a que le tort de pas être blanche.

 

Dans sa logique, il aboutit à ce geste formidable du pardon aux blancs. Il leur offre de partager son rêve de vivre ensemble dans une nation faite de noirs et de blancs égaux. Et il le fera comme président. A quoi ressemble alors, chez nous, les chamailleries mesquines, parfois juste pour le plaisir d’un bon ( ?) mot, entre partis, à l’intérieur même du parti. Si ce n’était grave, on parlerait d’enfantillages !

 

Mon admiration va à un vrai « grand homme ». Il prouve qu’on le devient en posant des actes forts. Nul besoin d’avoir intégré  l’E.N.A. pour cela. De Gaulle dans son appel du 18 Juin, Badinter dans son plaidoyer contre la peine de mort, Simone Weil imposant l’I.V.G. l’ont fait, chacun dans  un contexte pas vraiment porteur.

 

Classant Simone Weil parmi les grands hommes, il me revient que nos pays démocrates et donneurs de leçons se sont fait doubler par des pays musulmans pour élire une femme à la tête de leur pays.

 

Observant les chamailleries citées plus haut, je crois qu’il faut reporter chez nous le rêve d’une femme Présidente de la République à beaucoup plus tard.

 

16:56 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)