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20/12/2013

Chère Léocadie

 

 

 

Chauffé au soleil de ces 2000 mètres, je humais l’air à pleins poumons, et j’ai pensé à toi, habitante de ces lieux. Si jamais tu oubliais la  chance que tu as, je vais te raconter un peu comment nous vivons là en bas dans nos villes, empêtrés de voitures, pleins d’activités trépidantes et souvent futiles, voire inutiles.

 

Ca commence par l’irrépressible angoisse du repas de Noël. Ce n’est vraiment pas le jour de faillir à la tradition et donc : huitres, dinde aux marrons, boudin blanc. D’un autre côté, on va recevoir des dames (et des messieurs) à l’affût du moindre kilo (ou moindre gramme) susceptible d’alourdir leur silhouette. Plains (ou ne plains pas, on n’est pas obligé) la pauvre hôtesse qui va devoir résoudre cette quadrature de l’assiette.

 

Toi, quand tu veux sortir, tu jettes un oeil à la fenêtre, et tu prends le vêtement adapté. Chez nous en bas, c’est plus compliqué. Qu’on envisage des vacances ou une simple demi-journée, on doit consulter la météo. C’est devenu l’info principale et incontournable des médias.

 

Devant l’attention qu’elle accapare, nos communicants ont trouvé le moyen de fabriquer de l’émotion pour le  bon peuple en inventant un nouveau jeu : la «vigilance orange». Chacun leur tour, 2 ou3 départements sont affublés de cette étiquette orange, jamais rouge, ni verte. Ce qui permet à quelques-uns de se prendre à bon compte pour des héros en allant  affronter une pluie un peu plus drue que la semaine dernière.  

 

Tout ça parce qu’on ne peut plus quitter ces moulins à infos qu’on a dans la poche, des e-phones qu’on les appelle. Même le gamin de CE2 en a un, grâce à quoi il désapprend les tables de multiplication et échange de fantastiques dialogues avec sa copine du style : “Où t’es en ce moment? Tu fais quoi ?”

 

Avec cela, si l’économie  l’intéressait, il pourrait même capter la dernière info délirante. Elle vient de Bruxelles : à la frontière, on pourra dorénavant  passer 10 cartouches de cigarettes au lieu de 5 et 5000 cigares. A quoi ils pensent là-bas? Il faudrait une vie (et une drôle!) pour fumer ça!

 

Tu vois que tu as raison d’inhaler sans limites ton air montagnard. Avant qu’un promoteur, humant lui aussi ton air pur, n’aies l’idée de venir  y planter ses vilains immeubles.

 

 

 

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