27/05/2023
Des gens sous influence ?
Depuis longtemps, dans la plupart des activités, on repérait un meneur. Maintenant cette sorte d’autorité a acquit un statut, une référence, c’est un métier : influenceur, décliné souvent en influenceuse. On pourrait penser qu’ils exercent leur activité sur des gens déjà sous influence. Les exemples suivants montrent qu’il n’en est rien.
Une convergence absolue d’influences : la mode. Quand j’étais étudiant, pour faire plus sérieux, on se laissait pousser la barbe. Maintenant, ce sont les gens présumés sérieux qui portent la barbe. Le monde en vue des commentateurs de médias, les députés ou ministres, les sportifs ne sortent plus sans leur barbe.
Chez les femmes, je ne m’aventurerai pas dans le maquis des remodelages de silhouette, trop dense. Un peu surpris toutefois qu’on puisse se lancer dans le remodelage des fesses. C’est dans le vêtement que les influenceuses s’épanouissent. Le Festival de Cannes nous donne à voir certains aperçus. Si extravagantes que puissent être certaines tenues, elles seront toujours plus élégantes que les jeans déchirés.
Les célébrités qui n’ont qu’à parler pour que leur parole soit bue comme un oracle. Et ils utilisent les réseaux sociaux pour l’amplifier. Cristiano Ronaldo traîne dans son sillage des millions de followers. Et que peut-il dire à part un commentaire sur son dernier match que ses supporters ont vu. Alors, il les poussera vers les bitcoins. Du moins, lui, peut se permettre de perdre un peu d’argent.
En cuisine, il ne suffit pas d’arborer le col tricolore des meilleurs ouvriers de France pour qu’on vous écoute. Et même les grands chefs ne peuvent seulement marauder dans les machins aux truffes ou au caviar. Alors, ils ressortent comme une découverte les panais, les topinambours, ces aliments repoussants qui garnissaient les assiettes des pensionnats d’après la guerre.
Nos stars de la politique ne sont pas insensibles aux influenceurs. On parle alors de conseillers. On ne reviendra pas sur celui qui a conseillé à Chirac la malencontreuse dissolution de l’Assemblée. On s’étonnera seulement de ceux qui poussent les politiques un peu en disgrâce à aller vers le peuple. Le conseillé va découvrir qu’il a plus de chances d’être reçu comme populiste plutôt que populaire.
Quand l’audience de l’influenceur pâlit, va-t-il à Pôle-emploi ? Il devrait y aller pour diffuser ses bonnes recettes. Elles aideraient peut-être à placer des gens dans les 200000 postes vacants. Et effacer de chaque chantier, chaque activité, la mention accolée au nom de l’entreprise, de la mention : « Nous recrutons » !
09:34 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
21/05/2023
Temps maussade, avec qquelques éclaircies
Je viens de vivre la semaine de tous les espoirs. D’une part, j’ai reçu l’ultime soin dans l’œil capable de me rendre la vision d’avant. D’autre part, nous avons cédé aux assauts répétés de Bouygues et nous voici pourvus de l’inévitable fibre optique. Fort de ce réveil physique et technique, je suis prêt à embrasser le monde d’un œil neuf.
Au 1er nouveau regard, j’ai failli regretter ces espoirs. Dans les dernières nouvelles que débitait mon téléphone, à Valence, provinciale s’il en est, on déplorait 3 assassinats en 2 jours. Le Maire était abasourdi de constater que dans sa ville il y avait des luttes de territoire pour la drogue, comme dans les grandes métropoles. Il réclamait le secours habituel : plus de policiers. Le remède qui évoque la brulure d’une verrue sur la peau comme traitement très temporaire.
J’apprends que dans ma ville jurassienne, Dole, encore plus provinciale que Valence, on a saisi un réseau de drogues. Mais en moins banal, on a incendié le camion, le local des chambres froides à l’entrepôt de la Banque alimentaire. Voilà des gens curieux qui veulent priver les pauvres de la nourriture qui les empêchent de mourir de faim.
Peut-être pour avoir droit à son quart d’heure de télé, Dole encore vient de doter la paroisse de 2 prêtres de la Communauté de Saint-Martin. Des jeunes gens, en soutane, qui laissent un créneau pour la messe en latin, des « tradis ». Ce qui ne me met pas dans des affres insoutenables. Je plains quand même le reliquat de paroissiens d’être dotés de 2 représentants qui bafouent la révolution de l’institution ecclésiale, Vatican 2 .
Les medias justement, ne sont pas avares de compliments à propos de l’I.A. Certes, elle permet de très beaux progrès dans tous les domaines. Même sans s’arrêter sur les dérives à craindre, déjà aujourd’hui, on constate que la machine qui fait tout à la place de l’homme, et mieux, prive les humains d’échanges avec les autres, sclérose l’empathie, assèche carrément l’émotionnel. La vie amoureuse peut se réduire à « just fuck ». Ces drôles de pratiquants ne connaitront pas les semaines, les mois où 2 êtres tâchent de s’apprivoiser, jusqu’à décider de partager une vie de joies et de défis à surmonter ensemble.
En fermant les yeux sur ces nouvelles peu enthousiasmantes, je vois la chance d’être là maintenant, bénéficiaire des progrès des techniques, notamment médicales. Et de vivre dans un environnement qui pousse à enfourcher son vélo pour de folles randonnées.
15:20 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (1)
11/05/2023
Vivement la retraite
Il n’est pas nécessaire d’être un fin psychologue, ni un brillant économiste pour pouvoir s’exprimer à la radio. Mais un brin de culture serait bienvenu pour nous épargner celui qui assénait : « les retraités sont tous propriétaires ». Une telle « information » m’a fait bondir et donné envie de rectifier un peu. Les retraités en effet ne sont pas vraiment mal aimés, ne serait-ce parce que ceux qui parlent sont les enfants ou petits-enfants de ceux-ci, mais l’appréciation de leur vie demeure dans l’à peu près.
J’admets que mon club de retraités ne représente pas un échantillon représentatif au sens de la rigueur statistique mais il montre assez bien la fausseté du discours ci-dessus notamment vis-à-vis des retraitées. On saisit, au gré d’un vin chaud ponctuant une séquence de ski de fond, que la retraite en propre, ou l’éventuelle pension de reversion, n’assure pas des équipements au top, ni des vêtements du meilleur faiseur.
En France, on s’accorde à louer un système social remarquable. Certes, on n’a pas, comme aux U.S.A. des campings spécialement équipés pour accueillir des retraités dans la septantaine qui viennent faire une saison dans un Centre Amazon pour compléter leurs revenus. Pour autant, des retraitées françaises proposent aussi leurs services pour le même motif. La personne qui vient chez nous faire le ménage en est un des exemples.
Plus organisée, cette responsable d’association met en relation des retraités et des familles pour les aider, en particulier conduire les enfants à l’école. MAIS, à la demande des parents, elle refuse d’envoyer un retraité-chauffeur de plus de 65 ans, étiqueté peu sûr. On se pique volontiers d’accepter les vieux sans aucune réticence. Voilà un beau contre-exemple, si tant est qu’on soit vieux à 65 ans.
Des retraités qu’on oublie : les sportifs de haut niveau. Je connais mieux les anciens cyclistes que les golfeurs ou les joueurs de croquet. Ceux qui ont connu une petite gloire sur leur vélo peuvent espérer un rôle de manager d’équipe ou, presque journaliste, de commentateur à la télé. Mais les autres ? Au gré d’un reportage, on découvrira un ancien, dont le brin de gloire a fondu avec le temps, vivant chichement, plus ou moins aux crochets de sa famille.
Dans la vie active, on entend souvent ce mantra : « Vivement la retraite », ce moment de liberté tant espéré. Certains de mes enfants ont atteint ou vont atteindre ce Graal. Ils risquent de découvrir que les espaces de liberté ont une fâcheuse appétence à se remplir, voire à déborder. On ne les entendra pas alors, murmurer in petto : « Vivement la retraite » !
15:18 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)