25/02/2017
Il est bon d'être ancien et mauvais d'être vieux (V.Hugo)
Notre époque n’est pas avare de paradoxes. Celui qui me titille, et il est vrai que je me sens « impacté » comme on dit aujourd’hui, concerne les personnes âgées. Au moment où médecine, sport, nourriture amplifient le groupe qu’on appelait 3ème âge, sans qu’on cherche délibérément à les faire disparaître, on ne peut pas dire qu’on les traite en citoyens ordinaires.
Et cela commence à l’endroit où l’âge nous emmène plus souvent : l’hôpital. Un minuscule exemple. Le chirurgien qui a réparé ma cheville, très savamment il est vrai, m’a d’abord dit de façon entendue, bien qu’assez enveloppée, qu’à mon âge, j’allais embarquer mes broches et plaques dans la tombe. Trois mois après, il faut que j’indique la gêne causée pour mes activités d’encore jeune-vieux, et là : « pas de problème, je vous les enlève dans un an »
Il n’y a pas que le monde médical pour vous rappeler que vous avez dépassé la date de péremption. La politique s’y entend aussi. A la primaire de la droite, ses « amis » Fillon et Sarkozy ont lourdement taclé Juppé sur son âge. A l’inverse, la capacité présidentielle de Macron semble largement due à sa relative jeunesse.
J’avais admis que mon art d’être grand-père ne valait pas celui de Victor Hugo. Du point de vue littéraire évidemment. Mais ayant appris à faire tenir à skis et à vélo presque tous mes petits-enfants, je m’étais vu un peu de capacité dans ces domaines. Mais comme je m’enferre dans le ringard ski de fond quand ils en sont au snowboard, que j’ai aussi commis quelques chûtes à vélo récemment, mon référentiel-sport est assez discrédité.
Les magazines aussi se fichent de nous. « Pleine vie » est la référence des vieux même quand on les appelle séniors. Que place systématiquement l’éditeur en page de couverture : une jeunesse de 30 ans au plus ! Bien qu’on se prive alors de la vue appétissante d’une sexagénaire encore affriolante, cela doit participer à la manie des slogans en cours, « la vieillesse heureuse », « ma silhouette assumée » dont les vieux, justement assumés, se moquent comme d’une guigne.
09:12 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)
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