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26/05/2022

Et pourtant, il roule

J’ai parcouru quelques centaines de kms avec des proches experts es-vélo. Et j’ai essuyé à leur contact diverses remarques pas vraiment enthousiastes à propos de mon Lapierre que pour ma part je trouvais tout à fait à mon goût. Peu adhérent aux croyances paranormales, je me suis quand même demandé si mes co-équipiers ne m’avaient pas fait « bénéficier » d’ondes négatives lorsqu’appuyant ce matin sur le bouton de déclenchement du moteur, celui-ci est resté obstinément muet.

Le Lapierre montré aussitôt au vélociste, et les tests techniques cherchant à détecter où avaient pu s’échapper les volts égarés, le verdict est tombé : c’est la batterie. Avec le verdict, l’assurance de longs échanges avec le fabriquant avant l’envoi d’une nouvelle batterie. Et donc la perspective de plusieurs semaines d’attente où, faute d’enfourcher le vélo, je vais avoir beaucoup de temps pour en parler.

Qu’on se rassure : je ne vais pas tartiner des pages sur mes démêlés avec mes divers engins qui ont déjà encombré un grand nombre de mes écritures. Mais m’intéresser aux autres usagers. Et par exemple à ceux pour qui ce magnifique coursier n’est pas que de loisir. Après des matins dans le froid ou sous la pluie, se payer une panne en allant au travail, puis les invectives d’un contremaître allergique à toute cause de retard, n’est sûrement pas du plaisir.

Je viens d’apprendre l’exploit de jeunes coureurs palestiniens qui croyaient au vélo. S’entrainant entre Gaza et Rafah, sur cette bande de 40 kms de long sur 10 de large, en tâchant d’éviter les trous que la guerre a semé généreusement. Ils ont même formé un club et organisé quelques compétitions. Dans celles-ci, s’est distingué un jeune, Alaa al Dali, suffisamment pour qu’il soit invité en Tunisie, Egypte et même aux jeux asiatiques de Djakarta. Mais obligé de refuser, faute d’obtenir des israéliens l’autorisation de sortir.

Comme si ses ennuis ne suffisaient pas, en 2018, il prend une balle de sniper dans la jambe que les médecins ne pourront pas sauver. Il dira, après l’amputation : « En perdant ma jambe, j’ai aussi perdu mon rêve ». En le retrouvant, 2 ans plus tard, la journaliste qui rapporte cette histoire, Flavia Cappellini, découvre qu’Alaa a repris le vélo en unijambiste et fait des émules avec un ami également amputé et son ancien entraineur. Au point que Gaza compte 2 clubs paralympiques rêvant de Paris 2024.

J’ai appris à cette occasion que ce tissu, la gaze, venait de Gaza. Pour moi, qui me frotte assez souvent au bitume, mes pansements sont heureux d’utiliser cette protection. Dorénavant, chaque fois que mon infirmière préférée m’appliquera un pansement, j’aurai une pensée émue vis-à-vis de ces héros inconnus. 

18/05/2022

Bas les masques

Parmi le flux de nouvelles qui marquent ce lundi, les Russes repoussés à Kharkiv, l’ouverture du Festival de Cannes, la nomination d’une 1ère ministre, il en est une qui éclipse toutes les autres : aujourd’hui, on tombe les masques. Pas vraiment familier du métro, moins encore de l’avion, mon esprit déborde d’empathie pour nos chers parisiens et tous les voyageurs, enfin libérés.

Pour ceux qui ne voyagent pas, c’est aussi le renouveau, on va retrouver les visages des connus et des inconnus. Même à ceux ou celles dont le visage est qualifié d’ingrat, une fois agrémenté d’un sourire, c’est fou le charme qu’il prend. On va pouvoir se saluer sans se cogner les poings, exercice qui emballait mon arrière-petit-fils.

Sur le point d’exposer leur tête au naturel, beaucoup de dames avaient anticipé la libération, et à ce qu’on dit, les boutiques de produits de beauté avaient subi des assauts inédits. On peut faire confiance à ces dames pour doser les couches préparatoires et la palette de couleurs aux bons endroits. Avec modération bien sûr, car la bise revenue aussi, les lèvres amicales doivent parvenir jusqu’à la peau sans trop d’obstacles !

Pour ma part, assez égoistement je l’avoue, pas vraiment sourd, mais malentendant confirmé, je suis sauvé dans les conversations, souvent bruyantes, par la lecture des lèvres, sans devoir obliger mes interlocuteurs et moi à adopter la langue des signes. Aidé en l’occurrence par toutes les mimiques qui renforcent la compréhension.

Moins emballés par cette liberté retrouvée, certains ont quelques bonnes raisons de garder le masque. Sans s’arrêter à ceux qui, justement, n’aiment pas qu’on lise sur leurs lèvres, et qu’on les lise tout court, il y a aussi ce point rouge venu décorer indument une aile de nez, ou l’herpès qui a colonisé une lèvre et pour lesquels le masque offre une protection bienvenue.

La pandémie avait remis les ménagères, pas seulement celles de 50 ans, aux fourneaux. Bienheureux virus : grâce à lui, j’ai pu déguster, selon la recette éprouvée de la sœur de mon épouse experte du domaine, du fenouil à l’eau avec un filet d’huile d’olive. Recette que sans les masques on va pouvoir jeter aux orties. A moins que ? Certaine tante, de cette famille inclassable en gastronomie, ne jurait-elle pas que par sa soupe aux orties. 

Depuis qu’on nous ressasse, pandémie oblige, qu’au-delà de 60 ans, et de 80, imaginez, nous sommes des personnes à risque, affublé en outre de l’étiquette infâme de Macron-compatible, je ne vois pas d’autre ressource que de continuer à porter un masque en de nombreuses circonstances et obtenir du nouveau ministre de la santé le certificat de vieux citoyen responsable.

 

09:14 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)

Bas les masques

Parmi le flux de nouvelles qui marquent ce lundi, les Russes repoussés à Kharkiv, l’ouverture du Festival de Cannes, la nomination d’une 1ère ministre, il en est une qui éclipse toutes les autres : aujourd’hui, on tombe les masques. Pas vraiment familier du métro, moins encore de l’avion, mon esprit déborde d’empathie pour nos chers parisiens et tous les voyageurs, enfin libérés.

Pour ceux qui ne voyagent pas, c’est aussi le renouveau, on va retrouver les visages des connus et des inconnus. Même à ceux ou celles dont le visage est qualifié d’ingrat, une fois agrémenté d’un sourire, c’est fou le charme qu’il prend. On va pouvoir se saluer sans se cogner les poings, exercice qui emballait mon arrière-petit-fils.

Sur le point d’exposer leur tête au naturel, beaucoup de dames avaient anticipé la libération, et à ce qu’on dit, les boutiques de produits de beauté avaient subi des assauts inédits. On peut faire confiance à ces dames pour doser les couches préparatoires et la palette de couleurs aux bons endroits. Avec modération bien sûr, car la bise revenue aussi, les lèvres amicales doivent parvenir jusqu’à la peau sans trop d’obstacles !

Pour ma part, assez égoistement je l’avoue, pas vraiment sourd, mais malentendant confirmé, je suis sauvé dans les conversations, souvent bruyantes, par la lecture des lèvres, sans devoir obliger mes interlocuteurs et moi à adopter la langue des signes. Aidé en l’occurrence par toutes les mimiques qui renforcent la compréhension.

Moins emballés par cette liberté retrouvée, certains ont quelques bonnes raisons de garder le masque. Sans s’arrêter à ceux qui, justement, n’aiment pas qu’on lise sur leurs lèvres, et qu’on les lise tout court, il y a aussi ce point rouge venu décorer indument une aile de nez, ou l’herpès qui a colonisé une lèvre et pour lesquels le masque offre une protection bienvenue.

La pandémie avait remis les ménagères, pas seulement celles de 50 ans, aux fourneaux. Bienheureux virus : grâce à lui, j’ai pu déguster, selon la recette éprouvée de la sœur de mon épouse experte du domaine, du fenouil à l’eau avec un filet d’huile d’olive. Recette que sans les masques on va pouvoir jeter aux orties. A moins que ? Certaine tante, de cette famille inclassable en gastronomie, ne jurait-elle pas que par sa soupe aux orties. 

Depuis qu’on nous ressasse, pandémie oblige, qu’au-delà de 60 ans, et de 80, imaginez, nous sommes des personnes à risque, affublé en outre de l’étiquette infâme de Macron-compatible, je ne vois pas d’autre ressource que de continuer à porter un masque en de nombreuses circonstances et obtenir du nouveau ministre de la santé le certificat de vieux citoyen responsable.

 

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