29/04/2020
"Et demain, et demain...sera bien" (G.Allwright)
Ce virus si petit qu’il peut passer à travers les mailles d’ un masque non homologué est quand même capable de bousculer la planète entière, et, s’inquiète-t-on, de faire vaciller la démocratie. Il faut dire que notre processus pour permettre au peuple d’exercer sa gouvernance porte en lui les germes potentiels de ses dérives. Le finaliste qui l’emportera à la présidentielle avec tout juste 50% des voix est parti au 1er tour d’un petit 1/3 des voix. Même si la plupart des électeurs respectera ensuite le verdict républicain, cela fait un bon nombre d’insatisfaits, prêts à dégainer au 1er fourvoiement.
Tous les groupes sociaux peuvent souffrir de ce préalable. Je choisis d’illustrer avec le groupe de l’éducation nationale, qu’on n’applaudit pas tous les soirs à 20 H, et qu’on applaudit d’ailleurs rarement en général. Avec 800000 enseignants, 2 millions et demi d’élèves (et de parents), ce groupe « éduqué » comme on dit, forcément réputé intelligent, ne peut pas être d’esprit moutonnier, ni prêt à gober la 1ère réforme venue.
Depuis De Gaulle, le poste de ce ministère a connu 82 titulaires, (1 ou 2 ont redoublé) un record dans l’instabilité. La plupart, parmi ceux-ci, s’est contentée de ne toucher à rien. Certains ont essayé de faire quelque chose. Soit ils ont du reculer, soit ils ont été remerciés. Jospin semble le seul à avoir réalisé quelques réformes et à avoir obtenu la satisfaction générale.
Ils ont raison d’être exigeants les enseignants car leur métier l’est particulièrement. Le virus a rappelé l’énorme différence des élèves quant à leur capacité à apprendre. Pourtant, à ces cerveaux épars, l’enseignant, dans une filière donnée, dans un temps donné, doit transmettre le MEME programme ! Ils doivent même leur inculquer, avec l’histoire et la culture, l’armature d’un citoyen éclairé pour une saine démocratie. Et puisque le respect n’est pas forcément au rendez-vous, pour quelle reconnaissance ?
Et ce n’est qu’un des chantiers vers une démocratie plus fonctionnelle à la fin de la crise. Certains candidats avaient évoqué parfois l’idée d’une 6ème république. Sans lendemains. La pandémie peut nous apprendre beaucoup. Les allemands l’ont mieux gérée, en partie parce que les Länders ont l’autonomie dans le domaine médical. Ils l’ont aussi pour le système éducatif. A défaut d’une inatteignable révision constitutionnelle, voici des pistes à creuser pour qu’on cesse d’alimenter les troupes populistes par les failles de notre gouvernance.
11:01 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
23/04/2020
Les promesses s'en vont où va le vent des plaines (V.Hugo)
Je viens de découvrir, à mon corps défendant, que même bardé d’expérience, on peut se faire avoir comme un débutant par des promesses mirobolantes. La dernière prothèse dont on a équipé mon oreille était assortie d’un super logiciel qui devait me rendre l’audition de mes 20 ans. Au restaurant, je ne devais entendre que mon interlocuteur, au concert, j’avais quasiment une Olufsen à chaque tympan. C’est ce que disait l’homme de l’art. Il devrait être là quand ma femme est obligée de répéter ses questions.
Nos petits jeunes qui savent tout de naissance (sauf l’histoire, la géographie et l’orthographe) auraient sûrement détecté le coup-marketing. Habitué à l’honnêteté du discours, je n’ai rien vu venir. Du coup, je n’ai pas vraiment bien entendu.
Au chapitre des promesses non tenues, le 1er frondeur venu ne manque pas de citer les politiques. A part quelques gros bouffons dont notre époque ne s’honore pas, j’aurais tendance à croire beaucoup de candidats sincères lorsqu’ils énoncent un projet d’amélioration. Malheureusement, une fois empégués dans le marigot politicien, leur projet est détricoté, se délite et finit par mourir.
Bien moins sincères sont les constructeurs de voiture. Pressés par la concurrence, et l’air du temps qui a verdi, ils promettent, tout particulièrement sur la consommation de carburant, des valeurs renversantes. Sans attendre que les organismes de contrôle pointent la tricherie, chaque conducteur a vu à la pompe la dure réalité des faits.
Comme tout consommateur avisé, j’essaye de garder une silhouette présentable. Pour cela, au supermarché, je déchiffre les étiquettes avec l’attention d’un moine trappiste. Et elles sont riches les étiquettes quand il s’agit de vanter l’énergie procurée par le produit ! Mais sans dictionnaire adéquat, comment décrypter la signification des E-quelque chose ou ce que peut bien être l’extrait de tocophénol !
Quelque chose chiffonne un type comme moi d’avant les années 50 : le taux de séparation des couples. De mon temps, si on ne se promettait pas un amour éternel, c’était sous-entendu qu’on partait pour vivre ensemble jusqu’à la mort. Aujourd’hui, on ne promet pas non plus, mais chacun prévoit sa vie, seul, au cas où…D’ailleurs, s’emberlificoter avec des « je t’aime » comme les vieux, ce serait ringard.
Les plus cyniques dans le genre sont peut-être les rabatteurs pour des obsèques somptueuses. On ne lésine pas sur le devis, avec les grandes orgues, le Christ en argent sur le cercueil (en chêne évidemment). On peut charger la barque, c’est un contrat sans S.A.V. Ce n’est pas le ci-devant qui risque de se plaindre et la famille éplorée n’est pas d’humeur à chicaner.
Il y aurait de quoi céder à la mélancolie devant cette débandade de promesses non tenues. Mais je peux oublier tout cela en regardant notre 2ème frigo, mastoc et américain. Il ne nous a rien promis, et pourtant il vient de fêter son 56ème anniversaire et il marche encore. A chaque été, il remplit vaillamment son office en complément du titulaire.
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15/04/2020
Pâques aux tisons
Décidemment avec notre ennemi familier, le fameux Covid, rien ne se passe normalement. D’habitude, le week-end de Pâques représente un grand moment de l’année. Il marque le début des vacances et de bien d’autres choses. Assez peu de personnes savent que pour les chrétiens, Pâques c’est la résurrection du Christ. Mais tout le monde sait que c’est surtout la résurrection du printemps et la sortie des miasmes de l’hiver.
Les chrétiens encore marquent Pâques par des cloches, absentes pendant 40 jours, qui sonnent à toute volée, du moins dans nos campagnes où ces sonneries ne sont pas plus gênantes que le chant du coq ou le ronronnement des tracteurs. Dans mon enfance, on disait qu’elles revenaient de Rome. On oubliait l’invraisemblance parce que ce retour se traduisait par une diffusion d’œufs en chocolat à dénicher dans le jardin.
Pâques c’est aussi la fête des chocolatiers qui réalisent habituellement toutes sortes de figures : des lapins, des poules, des œufs surtout. Pourquoi des œufs à Pâques, je ne sais pas. En tous cas cette année, ils sont pourvus de stocks chocolatés en pagaille. Est-ce qu’ils les donneront, à l’instar de quelques restaurants, aux équipes soignantes ?
Malgré les cloches, sans même l’appui du virus, les églises ne sont pas pleines. Pourtant, l’extraordinaire monsieur Trump les avaient vues remplies pour Pâques. Ce ne sera pas la 1ère fois que ce drôle de prophète mangera son chapeau !
Au Vatican, ce n’est pas plein non plus, virus oblige ! Cette Place Saint-Pierre, capable de contenir des dizaines de milliers de personnes, est occupée par le seul pape, flanqué de l’inévitable monsignore. Dans la même veine, l’archevêque de Paris célèbre le vendredi saint, seul, dans un coin sécurisé de Notre Dame, mais assorti de 3 artistes affublés comme des cosmonautes, qui tiennent lieu d’assistance.
Une autre tradition d’avant : quand on allait à la messe de Pâques, on y allait pour exhiber un costume neuf. C’était bien avant les boutiques tentatrices des galeries marchandes pleines de nouveautés, puisqu’il n’y avait pas de galeries marchandes. Donc ce costume, prévu pour un long usage, c’était vraiment quelque chose !
Dans ce week-end qui oublie d’être pascal, il n’y a pas besoin de costume et les gens que je croise sont loin d’être endimanchés. Ils sont sortis du salon et ils sont venus comme ils étaient. Pour un peu ils seraient en pantoufles ! Nous vivons notre vrai week-end pascal de confinés.
17:39 Publié dans santé | Lien permanent | Commentaires (0)