18/12/2019
Condamnés à tolérer l'intolérance ?
Dans un post déjà ancien, je m’étais fait le chantre de la tolérance. Mon chant devait être du niveau du murmure, car depuis, l’intolérance nous a largement envahis. Tout ce qui nous entoure m’évoque ces ados mal finis qui, pour exister, persistent à être contre, contre les souhaits des parents, contre les remarques des profs, et généralement contre tous les adultes qui les entourent.
J’ai l’impression que beaucoup de gens, de français par exemple, ne sont pas vraiment sortis de cette sorte d’adolescence. Bienvenue dans ce monde du contre tout, des jugements à l’emporte-pièce, des rancunes tenaces, des bannissements définitifs.
Si l’on prend le sujet au top en ce moment, la cause, plutôt la parole, des femmes, il n’y a plus de milieu, il faut agréer ce qui est proclamé et admettre de voir les hommes comme un troupeau de mâles en rut. Donc, même si cela aurait mérité quelque nuance, 50% des femmes sont agressées, harcelées sexuellement. Voila qui est posé. Si un homme qui se croyait seulement poli, ose dire à sa collègue qu’elle porte une tenue seyante, il la harcèle. Sûr qu’à cette aune on fait vite monter les statistiques !
Dans la foulée, on doit s’enrôler sous la bannière de la prêtresse de la bien-pensance Judith Butler. Sous peine d’être traité de machiste rétrograde, l’homme ne doit pas se croire un garçon simplement parce qu’il a un zizi. Et il faudra bannir ces expressions, femme de ménage, femme de chambre, terriblement « genrées ». Depuis qu’on y trouve des hommes, les puristes se penchent sur l’insupportable mot sage-femme.
Un autre monde fait aussi beaucoup parler de lui : l’Islam et ses croyants, les musulmans. On se doit d’être férocement pour et de ne jamais se permettre, quoi qu’il ait fait, la moindre critique vis-à-vis d’un musulman. Ceux qui croyaient, comme moi, qu’il fallait considérer tous les humains de la même manière, les féliciter ou les critiquer selon leurs actes, n’ont pas bien choisi leur camp. Autant dire qu’ils sont sûrement dans le mauvais !
Il y a longtemps que la politique fait des ravages d’intolérance. Même si les frontières entre gauche et droite ont pris un peu de flou, tout se classe selon cette dichotomie. Si on est bien-pensant, donc de gauche, on s’interdit la lecture d’un seul article de tel journal, de tel magazine, puisque « de droite » ! Les arguments développés ailleurs pourraient nous polluer.
Pour le coup, on se félicite d’être seulement dans notre sphère privée. Encore qu’un ayatollah en embuscade a vite fait de vous décorer d’un des adjectifs en vigueur, machiste, raciste, fasciste, pour un mot incorrect à l’aune des puristes. Je plains par contre tous ces personnages visibles, auteurs, journalistes, élus, épinglés sans nuances. Heureusement, restent les artistes, les humoristes pour refuser d’être enfermés dans des cases, au risque du pire, comme l’a démontré Charlie Hebdo. Notre pays n’a pas encore, comme d’autres, décidé d’enfermer ceux qui ne pensent pas bien.
17:07 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
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