09/12/2021
Une brève de comptoir fromager
Une nouvelle, pas brève du tout puisque diffusée à tous les échos, nous apprend que nous consommons 30000 tonnes par an de raclette. Une info qui ne manque pas de me réjouir. Car la raclette, pas spécifiquement jurassienne, est quand même un peu cousine de la fondue au Comté.
Surtout, je dois avouer que je ne boude pas le rituel de ce mets toujours apprécié, avec toute une tablée lors des soirées d’hiver. Et, entre des discussions sur l’avenir du monde, des plaisanteries sur celui qui fait brûler sa portion, celui qui a oublié de mettre sa raclette dans la coupelle. En prime, le débat infini : avec la croute ou sans la croute.
Et voila que ce plat qui régalait tout le monde sans rien demander à personne est pollué par une appli qui veut le régenter. L’auteur, ingénieur en informatique, estime qu’on « avait BESOIN de mettre de l’intelligence artificielle dans la consommation de ce produit » ! Un peu bizarre ce besoin de coller de l’I.A. comme si la naturelle ne marchait plus. Jusqu’à maintenant, mon appétit me disait assez bien quand c’était le moment de passer au dessert.
Depuis que des esprits forts ont estimé que notre pauvre intelligence défaillante devait être renforcée par des algorithmes, on met de l’I.A. partout. Parfois, soyons objectifs, utilement. Cette appli par exemple qui permet d’obtenir des rendez-vous pour la très fuyante 3ème dose. Au moins, ce n’est pas une personne qu’on engueule quand l’appli nous reporte de jour pour la 4ème fois.
Devenues utiles depuis qu’on ne sait plus faire un pas sans elles, les applis prolifèrent. Après celle qui nous renseigne sur qui est dans ma maison même éloignés à 100 kilomètres, on a maintenant le capteur de CO2 . Depuis des siècles que l’homme respire, il sait qu’il ingère de l’oxygène et rejette du CO2. Quand il a remplacé sa grotte par une maison, il a eu l’idée, tout seul, d’ouvrir la fenêtre et d’aérer.
A ce train-là, on ne pourra bientôt plus vivre, marcher, pédaler, discuter, sans ces soutiens artificiels. Et cela me fatigue. Aussi je vous le dis tout net, en bon vieux français façon-Gutenberg, je vais aller me faire rissoler quelques coupelles de raclette, agrémentées d’une conversation, au naturel, avec mon épouse.
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02/12/2021
Aérations
La dernière vague pandémique a poussé, comme on dit, à resserrer les boulons et à réactiver les fameux gestes barrières, dont l’aération des locaux. Ce qui confine à l’exploit quand on ouvre les fenêtres par -2 degrés. Dans notre monde un peu malade, et pas que du virus, l’idée d’une aération nous donne envie de désengorger un cerveau trop sollicité.
Les différentes poussées du virus en effet, et de ses variants qui éclosent périodiquement, mettent en scène des experts conformes à leur nature, soit très optimistes, soit très pessimistes, sur cette pandémie inédite. Autorisant chez les profanes toutes les hypothèses, y compris évidemment les plus farfelues.
C’est aussi le terreau idéal pour les thèses complotistes. Les politiques en perte de vitesse excellent dans l’exercice. Le chef des « Patriotes », énarque, donc réputé intelligent à l’aune des appréciations habituelles, propose son paquet personnel sur l’inanité du vaccin. Le Vendéen sort de temps à autre de son Puy pour nous régaler de quelques sottises.
On oblige notre cerveau, qui n’en peut mais, à pratiquer de plus en plus une 2ème langue : l’anglais. Passe encore pour le S.M.S. (short message service) au lieu de message. Est-on obligé de signaler l’importance d’un mot par l’inévitable hashtag ? Comme si on avait honte d’assumer un dénigrement, on s’entourloupe avec le bashing. Et après le succès du Hollande-bashing, l’écolo-bashing, on a le n’importe quoi-bashing !
Ces exemples montrent assez qu’il faut aérer nos neurones par des actions simples et terre à terre. Quand la soirée s’avance en C-car, l’esprit se concentre sur la recherche du coin où poser l’engin pour une nuit calme et paisible. A l’approche d’une côte à vélo, ignorant sa pente et sa longueur, on s’interroge sur la vitesse qu’on a choisie. Les profanes diront que c’est un souci qui vole bas, mais pour le cycliste, à l’instant, il est impérieux et permet au remue-méninges la relaxe du bouton pause.
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