06/11/2019
La télé rend fou ( titre du livre d'un ancien présentateur)
Les bobos décroissants toujours en avance dans le mieux-vivre l’ont fait : ils ne regardent plus la télé. Plus peuple que bourgeois, je continue d’ingurgiter la télé et son cortège de dommages collatéraux. Parmi lesquels des pubs sur n’importe quoi et à tous propos. Ils sont même assez vicieux pour insérer, comme un sandwich, aux heures où elle est censément interdite, une page d’un produit autour du reportage, sous l’égide duquel on a, paraît-il, le privilège de voir le dit-reportage.
La plus envahissante est celle qui s’adresse à un peuple qui est ou sera un peuple d’obèses : le régime minceur. Pour illustrer la démonstration, on a la photo d’avant d’un monstre bardé de graisses dégoulinantes et la photo d’après, où débarrassé de ses kilos, il pourrait prétendre au mannequinat. Comme, en toute modestie, je me vois assez conforme à la silhouette d’après, je décline, même si la 1ère semaine (où à mon avis on doit machouiller des feuilles de choux bouilles ou autres saloperies) est gratuite.
Depuis que mon assureur a levé le pied sur le sujet, c’est la télé qui me presse d’une « convention obsèques ». Avec un argumentaire nouveau. Il ne s’agit plus d’épargner à la peine des proches les soucis de l’enterrement mais de faire disparaître la peine et les soucis. Puisqu’on « s’occupe de tout », les proches n’ont même plus besoin de pleurer : cette incongruité du décès devient aussi banale que de changer le papier aux toilettes quand il n’y en a plus.
Là, c’est l’image de conclusion qui me hérisse : quand l’accorte hôtesse a versé les croquettes à Médor, elle éprouve le besoin de lui témoigner son affection par un baiser sur la bouche, enfin, sur la truffe. Notre voisine, assez ponctuellement chaque lundi, nous fait profiter des fruits de sa campagne. Que dirait-elle, et d’ailleurs aussi mon épouse, si à la place de notre merci conventionnel pour ses « croquettes », je lui claquais la bise sur la bouche ?
On est aussi très sollicités de participer à une croisière aux prix accessibles à tous. Pour preuve, quand le couple sélectionné pénètre dans sa cabine, il s’extasie : « c’est mieux que chez nous » ! Pas encore décroissant, comme je le rappelais plus haut, je ne peux quand même pas m’encanailler dans cette masse de 10 étages qui flotte au prix de milliers de tonnes de fuel et qui écrase les quais de Venise ou d’ailleurs.
Devrai-je continuer de me fourvoyer devant la télé qui me fait avaler aussi ces insanités de pub ? Dilemme sans réponse aujourd’hui. A moins que les développeurs-web, jamais à court d’idées, à l’instar des bloqueurs de pub des téléphones ou des ordis, ne créent une application pour les télés.
15:51 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)