Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/03/2022

En hommage déférent à mon ancien prof de français

Astreint pendant les 8 ans de ma scolarité dans mon pensionnat à la dissertation chaque mercredi soir, balisé au plus près pour pratiquer un français correct, j’ai un peu de mal à reconnaitre le français d’aujourd’hui. La grammaire a été classée comme une chose secondaire reléguée aux oubliettes. Je ne parle même pas des journaux qui pouvaient s’en enorgueillir et qui écrivent maintenant le texto couramment. Les livres eux-mêmes ont abandonné les correcteurs pour publier quelques horreurs syntaxiques.

La dérive a commencé avec l’orthographe devenue libre, au sens d’imprévisible. Dérive attendue puisque les futurs enseignants, à ce que j’entends, ne la maitrisent plus guère. On trouve même des réformateurs de l’éducation nationale (plusieurs dizaines par décade) professer que respecter l’orthographe est une contrainte tout à fait superfétatoire. Pensent-ils, les malheureux, à ce que seraient les tirades de Racine ou Molière en langue débridée. Que deviendraient les rimes à rebonds dans la poésie de Brassens ?

Après les textes habillés d’une orthographe des plus approximatives, il y a le parler. Je sais que je ne suis pas tout à fait dans l’air du temps. Mais je prétends que la philosophie et la politique, une sorte de philosophie de la cité, ne se dégustent bien qu’au calme, bien calé dans son fauteuil. La pandémie et la guerre ont mis sur les plateaux de télé des foules d’experts, de référents, obligés dans l’immédiateté d’avoir un avis sur le dernier évènement. Et de nous faire avaler les phrases alambiquées des poutinophiles fraîchement convertis à la poutinophobie . On pense à la fameuse langue d’Esope, sauf que là, le pire l’emporte souvent sur le meilleur !

Dans cette campagne un peu escamotée, le candidat doit lâcher sa phrase percutante comme dans un concours de fléchettes minuté. Ce qui induit le même type de réponse du candidat suivant. Dans ce cas, ne me reprochez pas d’attendre les lettres de programme des divers candidats à lire tranquillement dans mon fauteuil.

On a parlé de la langue maltraitée en regrettant son mésusage : c’est quand même le véhicule choisi de nos pensées. Avec elle, on est tout de même un ton au-dessus des chiens, même dits savants. Dans l’embrouillamini servi par les maitres es tambouille, on ne peut s’empêcher d’évoquer, pour tous ceux qui font profession d’écrire ou parler, le fameux distique de Boileau :

« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement

Et les mots pour le dire arrivent aisément »

 

09:36 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)